Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

En lisant Premier et Deuxième Memoranda de Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly

24 octobre 2016


Les romans du dandy bas-normand Jules-Amédée Barbey d’Aurevilly, écrivain dix-neuvième à la misogyne affligeante, me sont toujours tombés des mains. Néanmoins, j’ai lu avec plaisir ses deux premiers Memoranda (rédigés a la demande de son ami Maurice de Guérin), lesquels sont republiés en un volume chez rue fromentin. Cela m’a permis de me faire de lui une opinion définitive : un pleurnichard au style ampoulé jusqu’au ridicule.
Echantillons :
Souffrant au flanc et fatigué, je me suis fait charrier chez moi en voiture. (dix-huit septembre mil huit cent trente-six)
Mes esprits s’étaient par degrés remontés. (dix-neuf septembre mil huit cent trente-six)
Allé chez A… Y suis resté longtemps – causé avec elle de sa vie intime qu’elle me livre maintenant parce que je l’ai pénétrée. (vingt-deux septembre mil huit cent trente-six, comprendre « pénétrer » au sens de « comprendre »)
C’est singulier, je ne puis souffrir dîner en ville avec des femmes. Je ne dîne bien qu’en dîner de garçons ou seul ; car je deviens un animal diablement égoïste et solitaire. (vingt-deux septembre mil huit cent trente-six)
(…) les femmes qui sortent le dimanche sont sans valeur, aristocratiquement parlant. (dimanche vingt-cinq septembre mil huit cent trente-six)
Bu de l’eau de Cologne dans de l’eau sucrée pour remonter mes esprits. (vingt-six septembre mil huit cent trente-six)
Ah ! Dès demain je balaierai mon esprit de ce limon du fond des eaux, en me jetant à quelque idée qui soit le souffle de toute cette écume que je veux répandre et sécher sur les grèves de mon imagination devenue aride. (dix novembre mil huit cent trente-six)
Décidément Mme P… est encore un très souhaitable débris de jolie femme. (mardi six décembre mil huit cent trente-six)
Resté la soirée chez Mme P… . Elle regarde toujours son mari quand elle avance quelque chose, non par sentiment, mais par peur. –Lui ne se gêne pas et la bourre. (le même jour, comprendre « la bourrer » au sens de « lui rentrer dedans » mais au sens de « remettre en cause son propos »)
Quoique je ne puisse pas aimer qui m’aimerait, je suis trop indolent dans ce moment-ci pour tenter de me faire aimer d’une jeune fille. (treize août mil huit cent trente-sept)
Inspiré un caprice à une enfant de dix-sept ans, blonde et mince, jolie et pourtant qui ne me plaît pas ! (sept décembre mil huit cent trente-sept)
Bien dormi, grâce à l’opium. (vingt-trois décembre mil huit cent trente-sept)
Penser à revêtir tous mes articles d’une éternelle ironie. (vingt-sept décembre mil huit cent trente-sept)
J’ai l’horreur et même physique de la gravité du dix-neuvième siècle, un pauvre siècle après tout ! à échanger contre le premier venu. (le même jour)
M’a demandé si je voulais sortir, mais j’étais en négligé avec un châle rose autour du cou, et j’ai dit que je resterais à lire un roman ramassé sur le canapé et dont les premières pages m’avaient attiré. (dix-neuf juin mil huit cent trente-huit)
Y ai échangé des mots assez vifs avec une jeune marchande qui a eu l’hypocrite bêtise de trouver mauvais que je la lorgnasse. (dimanche neuf septembre mil huit cent trente-huit)
Resté à rêvasser longtemps à une petite fille (treize ans à peine) que j’ai vue hier au concert, pâle, les yeux grands et gris, très rapprochés d’un nez grec très pur, observateurs, railleurs et déjà très tendres au milieu de tout cela, les cheveux d’un roux charmant, sans aucune boucle et coupés très courts comme ceux d’un garçon, les mains pleines de morbidezze, soutenant nonchalamment cette tête rousse et prématurément pensive, en entendant l’adorable harmonie de la Sémiramide. Je n’ai jamais rien vu de plus étrange et de plus délicieusement impressif que cette enfant. (…)
Je crois que je pourrais devenir amoureux de cette petite fille, amoureux jusqu’aux folies. C’en est une ce que j’écris là, mais c’est vrai. Pourquoi ne pas se regarder au fond de l’âme ? (vingt et un septembre mil huit cent trente-huit)
Mme Hugo était mollement couchée à l’avant-scène, jolie, piquante, mais la façon d’une courtisane et ayant toujours l’air de poser pour les vignettes des livres de son mari. (quatorze janvier mil huit cent trente-neuf)