Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

En lisant les Lettres croisées de Paul Cézanne et Emile Zola

14 août 2017


Une correspondance achetée au vide grenier de la Butte-aux-Cailles, lue pendant ces jours pluvieux, et que je suis sûr de n’avoir jamais envie de relire, c’est celle des deux copains de collège Paul Cézanne et Emile Zola, publiée sous le titre Lettres croisées par Gallimard en deux mille seize, une édition établie, présentée et annotée par Henri Mitterand, lequel s’efforce de convaincre le lecteur que la cause de l’éloignement de Cézanne n’est pas due au portrait de peintre raté fait par Zola dans L’Œuvre où il se serait reconnu, mais au temps qui passe, à la dépression chronique de Cézanne et à son retour au catholicisme.
Ce qui est certain, ce sont les moqueries de Zola à l’égard d’un autre peintre de leur connaissance nommé Chaillan, à qui il assure ainsi une petite vie posthume. C’est un excellent garçon ; mais quelle simplicité, bon Dieu ! quelle ignorance du monde ! écrit-il de Paris à Cézanne, le vingt-six avril mil huit cent soixante, ajoutant Il se retirera toujours à temps dans son village… Il en remet une couche (de peinture) fin juillet de la même année Vois Chaillan, il trouve tout ce qu’il fait excellent… (…)
Amphion, sous le pinceau de Chaillan, prend assez la tournure du singe en mauvaise humeur. Tout bien considéré, je désespère plus que jamais de ce garçon comme artiste. (…)
C’est un bon enfant, ce ne sera jamais rien de plus.
Du côté de Cézanne, beaucoup de soucis, sa peinture n’est pas reconnue, contrairement à la littérature de Zola (qui doit l’aider financièrement) :
Mais je te le répète, j’ai un peu de marasme, mais sans cause. Comme tu sais, je ne sais pas à quoi ça tient, ça revient tous les soirs quand le soleil tombe et puis il pleut. Ça me rend noir. (Paul Cézanne à Emile Zola, Aix, le dix-neuf octobre mil huit cent soixante-six)
Une lettre de Guillaumet, datée du deux novembre mil huit cent soixante-six, jointe à celle que Cézanne écrit à Zola le même jour, confirme que la vie du peintre n’est pas rose :
Les Aixois lui agacent toujours les nerfs, ils demandent à aller voir sa peinture pour ensuite la débiner ; aussi a-t-il pris avec eux un bon moyen : « Je vous emmerde » leur dit-il, et les gens sans tempérament fuient épouvantés.
Douze ans plus tard, rien ne s’est arrangé :
Les élèves de Villevieille m’insultent au passage. –Je me ferai couper les cheveux, ils sont peut-être trop longs. (Paul Cézanne à Emile Zola, Aix, quatorze avril mil huit cent soixante-dix-huit)
                                                              *
Je sais désormais que le premier avril mil huit cent soixante-sept, Emile Zola et sa femme quittèrent la rive gauche pour la rive droite et s’installèrent au numéro un de la rue de Moncey. Ils n’y resteront pas longtemps. La rue de Moncey deviendra la rue Dautancourt. J’y ai de bons souvenirs et retourne parfois voir le marronnier, ce qui me plonge dans la mélancolie.