Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Vernissage de l’exposition Imperial Courts de Dana Lixenberg au Centre Photographique Rouen-Normandie

17 octobre 2017


Bien qu’il ne soit pas encore dix-huit heures ce vendredi et que l’artiste invitée, Dana Lixenberg, soit encore en interviou, je peux, grâce à l’obligeance de Raphaëlle Stopin, sa Directrice Artistique, entrer dès mon arrivée au Centre Photographique Rouen-Normandie, rue de la Chaîne, et à loisir regarder les photographies en noir et blanc de l’exposition Imperial Courts.
Imperial Courts est un lotissement situé dans le quartier de Watts à Los Angeles. Il est essentiellement habité par des afro-américains pauvres. La photographe néerlandaise s’y est rendue pour la première fois en mil neuf cent quatre-vingt-treize, un an après les émeutes consécutives à l’acquittement des quatre policiers responsables de la mort par tabassage du chauffeur de taxi Rodney King, puis y est revenue à plusieurs reprises.
Ses photos sont essentiellement des portraits pris en extérieur, d’où sourd la violence sociale subie. Quoi de plus triste que le regard fatigué de Solé, la jeune femme photographiée en deux mille treize dont le portrait est reproduit sur le carton d’invitation, si ce n’est celui du jeune homme qui la côtoie sur le mur blanc. Quoi de plus désespérant que de voir une petite fille dans les bras de sa mère, vingt ans plus tard portant sa propre fille dans ses bras, sans que la situation se soit le moins du monde améliorée. Très peu de photos montrent les lieux. L’une est celle d’une avant-fête ou après-fête triste d’extérieur: tables et sièges en plastique blanc auxquels sont accrochés des ballons. J’en vois un peu plus en feuilletant le grand et beau livre Imperial Courts édité par Roma.
Bientôt le monde emplit l’endroit, dont quelques porteurs et porteuses de chapeau recherché et un sosie de Michel Polnareff. Un peu avant dix-neuf heures, celui qui se présente comme le Directeur du Pôle Image annonce la dissolution de cette structure dans une nouvelle née de la réunification normande qui ne s’intéressera plus à la photo, se consacrant au film. Néanmoins, le Centre Photographique Rouen-Normandie restera, mais subventionné par d’autres instances et toujours sous la responsabilité de Raphaëlle Stopin. Il est tout fier d’annoncer qu’il sera le Directeur de la nouvelle institution bien que ce ne soit pas encore voté par le Conseil d’Administration. Je me garde bien de l’applaudir.
Ensuite Dana Lixenberg explique sa démarche dans un anglais que je comprends à peu près, à mon étonnement. Raphaëlle Stopin traduit. Dans ses bras, sa fille toujours aussi sage, dont on peut suivre la croissance de vernissage en vernissage.
                                                         *
Je n’ai jamais douté de la supériorité de l’image arrêtée sur l’image animée. De même que de celle de la radio sur la télévision.
                                                         *
Ce vendredi après-midi je lis tranquillement au soleil Tchékhov par Bounine à la terrasse du Sacre, profitant du soleil et de l’arrêt momentané des travaux de voirie. En raison de la prochaine Fête du Ventre, les trous ont été rebouchés temporairement et seront recreusés après l’évènement.
Sauf un, situé derrière moi. Soudain déboulent deux ouvriers venus le combler avec une machine à tasser la terre.
-Vous ne pouviez pas reboucher tous les trous le même jour ? leur demandé-je.
Eh bien non, les autres trous sont ceux de Gaz de France, celui-ci est au Service des Eaux. Chacun son trou, c’est la devise des travaux publics.