Ca m'est venu au petit déjeuner, et alors que j'ai vécu dans trois régions différentes ces quinze dernières années, je me suis dit qu’à l'intérieur d'un territoire national il y a également des effets de mode liés aux lieux qu'on habite. On commence avec la dernière heure de gloire parisienne:

• 1959 - 1968: tout se joue à Paris, des jazzmen en exil à la difficile décolonisation, la capitale est le lieu où la pensée s'échauffe, juqu'au bouquet final de mai, avec la déconstruction symbolique du champ d'action. Sous les pavés, la plage.

• 1969 - 1981: réel ou rêvé, l'exil décentralisé est le geste important de cette période. Bretagne, Rezvani, plateau de Millevaches, et les petites annonces d'Actuel pour tisser des liens. On ne peut même pas parler de multipolarité, puisqu'il s'agit au contraire d’une occupation éclatée du territoire. Plus on est loin des lieux de pouvoir, mieux c'est.

• 1982 - 1992: Télérama vit son âge d'or, la culture va remplacer l'underground. Le premier secrétaire du PS prend la tête de l'état, et les villes gouvernées par les socialistes vont expérimenter ce qui deviendra la norme dix ou vingt ans plus tard: festival culturel à Rennes, alternative à l'auto à Strasbourg, bref, vivre mieux en province, mais en ville quand même. Pas à Paris, trop statique et lente à comprendre les changements de société qui parcourent le territoire hexagonal.

• 1993 - 2000: facile d'accès et d'un rendement immédiat, le concept de la fête s'impose, et les villes du sud on la cote. Malgré certains espoirs placés en Marseille, c'est Montpellier qui prend la tête de la hype (Bizot encore).

• 2001 - 2012: les échelles ont changé et faute de véritable challenger Lille écrase tout le monde avec une vision à la fois communautaire et européenne de la ville.

• 2012: Les échelles ont encore changé, et depuis un moment, mais seule l'agglomeration Paris-Rouen-LeHavre sera au niveau? A suivre bientôt.