Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







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En relisant La Négresse blonde suivi de Le Géranium ovipare de Georges Fourest

25 août 2017


Lu il y a fort longtemps dans l’édition qu’en fit Le Livre de Poche, je retrouve le temps d’une escapade à Paris La Négresse blonde suivi de Le Géranium ovipare de Georges Fourest dans l’édition des Cahiers Rouges/Grasset et renouvelle ainsi le plaisir qu’il y a à lire ce marginal de la littérature publié à compte d’auteur, par ailleurs mari sans histoire et bon père de famille, né à Limoges en mil huit cent soixante-quatre, mort à Paris en mil neuf cent quarante-cinq, n’ayant jamais travaillé pour cause de fortune personnelle. Après des études de droit, son seul acte fut de faire imprimer des cartes de visite « Georges Fourest, avocat loin de la cour d’appel ».
De ses poèmes narquois, mon préféré est intitulé Une vie en référence au roman de Maupassant dont une formule est citée en épigraphe L’humble vérité. Ne l’ayant pas trouvé tout écrit sur Internet, je le copie ce jeudi après-midi de mes deux doigts au jardin tandis qu’un voisin musicien répète son nouveau slam qui me parvient par sa fenêtre ouverte et que je ne commenterai pas.
De Georges Fourest donc, Une vie :
Or natif de Quimper-Corentin (Finistère)
cet obscur employé d’un vague ministère
avait connu Salis et monsieur de Lesseps ;
son oncle m’a conté qu’on usa d’un forceps
jadis pour l’extirper du ventre de sa mère.
Il buvait du chiendent et de la douce-amère
pour guérir l’eczéma qu’il avait au menton.
Son ordinaire était de bœuf et de mouton :
pas de veau (le docteur proscrit les viandes blanches)
Dans sa bibliothèque on voyait Thiers, Ballanche,
Henri Martin, Sully-Prud’homme, Paul de Kock
et Marcel Proust. Parfois il allait boire un bock
dans un petit café près du Père-Lachaise ;
tournant bien l’acrostiche et le bâton de chaise,
d’ailleurs, homme du monde, avalant des couteaux
et disant d’un air fin : -« Ce sont là mes gâteaux ! »
Bien que libre-penseur, d’après une promesse
faite à sa sainte mère, il allait à la messe
et se lavait les pieds, le dimanche matin ;
aux jours d’élection prenait part au scrutin,
demeurait au logis pendant la lune rousse
de peur des coryzas et, s’aidant du Larousse,
cherchait des mots croisés, pour causer purement
lisait dans Figaro monsieur Abel Hermant…
Et depuis quarante ans si ce n’est davantage
cet homme vivait chaste à son sixième étage
et, n’étant pas auprès des femmes très hardi
se masturbait pudiquement chaque mardi
après avoir éteint sa lampe : il est mort vierge
sans avoir soupçonné l’amour de sa concierge.

 


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