Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Exposition Dorothy Iannone, toujours de l’audace ! au Centre Pompidou

30 novembre 2019


J’ignore jusqu’au nom de Dorothy Iannone quand je découvre qu’une exposition lui est consacrée au Centre Pompidou où je m’abrite de la pluie en ce début de mercredi après-midi. A son entrée, un panneau met en garde contre la présence d’œuvres sexuellement explicites pouvant heurter la sensibilité de certains visiteurs notamment des plus jeunes, ce qui est plutôt bon signe. Dorothy Iannone, toujours de l’audace ! tel est son titre.
On peut voir ici un ensemble d’œuvres datant de mil neuf cent soixante-trois à nos jours, notamment les soixante-neuf dessins retraçant The Story of Bern et l’imposant retable intitulé Follow Me.
« Influencés par l’expressionnisme abstrait, ses débuts artistiques manifestent une grande maîtrise plastique, mais c’est en s’écartant de l’abstraction qu’elle ouvre sa voie personnelle, liquidant la matière picturale au profit du récit et de son expression graphique. Textes, figures et ornementation exubérante se bousculent jusqu’à la saturation. », commente le Centre Pompidou. Le résultat est à mon goût.
A mon retour à Rouen je m’informe sur cette plasticienne née à Boston en mil neuf cent trente-trois et vivant à Berlin. Son premier coup d’éclat fut d’engager, en mil neuf cent soixante, un procès contre le gouvernement américain qui interdisait encore le roman d’Henry Miller Tropique du Cancer, paru en France en mil neuf cent trente-quatre, dont elle s’était fait confisquer un exemplaire par la douane de New York. Elle le gagna, contribuant ainsi à la légalisation et à l'importation de l'œuvre de l'écrivain.
Depuis mil neuf cent soixante-six, Dorothy Iannone montre systématiquement les organes génitaux de ses personnages, qu’ils soient nus ou habillés. Ainsi fit-elle pour le Président Johnson et Robert et Jackie Kennedy, en pleine guerre du Viêt Nam, dans sa série de figurines intitulée People.
En mil neuf cent soixante-sept, son exposition personnelle à Stuttgart fut intégralement confisquée par la Police qui réunit un tribunal de critiques et d’historiens d’art. Ces derniers nièrent le caractère pornographique de ses œuvres en se référant à divers exemples artistiques extra-européens, notamment d’Inde où Dorothy Iannone avait fait plusieurs voyages.
Deux ans plus tard, invitée à participer à une exposition de groupe à la Kunsthalle de Berne en mil neuf cent soixante-neuf, elle sera confrontée aux mêmes problèmes, cette fois à cause des autres participants et du maître des lieux, Harald Szeemann, qui lui demandèrent de couvrir ces sexes omniprésents dont la vue les incommodait, ce que raconte The Story of Bern.
Le travail de Dorothy Iannone est autobiographique, sa rencontre avec le peintre Dether Roth, à la fois muse et amant, constitue le point fort de sa vie personnelle et un motif inlassablement repris dans son œuvre au style saturé, touffu, parfois naïf, mais aussi mystique et érotique, explique à peu près en ces termes le commissaire de l’audacieuse exposition du Centre Pompidou.
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Foule en ville, ce vendredi après-midi, la faute à la pitoyable opération commerciale Black Friday. Pendant que les chalands cherchent quoi acheter en ayant l’impression de faire des économies, des jeunes gens s’affairent à occulter avec des panneaux de bois toutes les vitrines de Hache et Aime, près duquel se tient le Marché de Noël, Je m’adresse à l’un, lui demandant pourquoi.
-Apparemment, il va y avoir une manifestation demain, me dit-il.
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« Black Friday, cinquante pour cent de remise sur Le Postillon de Longjumeau », message de l’Opéra de Rouen qui n’était jamais tombé aussi bas.
 


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