Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Les dernières heures d’Émile Verhaeren au cinéma Omnia

28 novembre 2016


Le vingt-sept novembre mil neuf cent seize en fin d’après-midi, Émile Verhaeren, soixante et un ans, trop pressé de grimper dans le train pour Paris en gare de Rouen, tombe entre deux voitures. Les jambes broyées, il s’écrie : « Je meurs... Ma femme... Ma patrie ! ».
Pour le centième anniversaire de ce tragique évènement, l’association Archimède invite à une projection gratuite du documentaire Les dernières heures d’Émile Verhaeren ce samedi vingt-six novembre à onze heures au cinéma Omnia. J’y arrive un quart heure avant, alors que sont déjà là une quinzaine de personnes dont le point commun est d’avoir tout comme moi plus de soixante ans. Il en est de même pour celles et ceux qui suivent.
-Pour Paul Verhaeren, vous devez prendre un ticket gratuit, indique le guichetier aux arrivants, une fois.
Je ne sais si cette confusion avec Paul Verhoeven est volontaire ou non. Personne d’autre que moi n’y prend garde.
A l’ouverture de la salle Deux, je m’assois au milieu du dernier rang. Bientôt c’est aux trois quarts plein de cheveux gris ou blancs et de quelques plus jeunes. Les plus proches de moi parlent du bazar que c’était en ville jeudi après-midi à cause de Manuel Valls.
Jean-Pierre Le Cozic du Pôle Image dit quelques mots puis passe le micro à Jean-Claude Guézennec d’Archimède, quatre-vingt-huit ans, réalisateur du film que l’on va voir. Celui-ci, qui pète le feu, explique que la projection sera précédée de l’audition de poèmes et de lettres de Verhaeren et que ce sera le seul hommage rouennais à celui qui figure en buste dans le jardin de l’Hôtel de Ville et dont un collège porte le nom à Bonsecours. Pour les quatre-vingts ans de la mort du poète à Rouen (où il était venu faire une conférence sur l’art au Musée), le Maire d’alors avait déposé une gerbe devant le buste. Il n’en sera rien pour les cent ans. Verhaeren est oublié par les plus vieux et inconnus des plus jeunes. Même les élèves du collège de Bonsecours ignorent qui il était. Un ancien Maire de cette commune dit aussi quelques mots puis repasse le micro à l’ancêtre qui explique que Les dernières heures d’Émile Verhaeren a été fait il y a vingt ans, pour les quatre-vingts ans, mais a été terminé en retard.
-C’est donc la première de ce film, vingt ans après son tournage, conclut-il.
Alain Fleury, comédien, dit plusieurs textes de Verhaeren, accompagné musicalement par Alexandre Rasse. Son talent ne suffit pas à me faire aimer l’écriture du poète. Le symbolisme et son lyrisme ne sont pas à mon goût.
Les dernières heures d’Émile Verhaeren montre à la fois sa fin et sa vie à l’aide d’images d’archives et d’autres de mil neuf cent quatre-vingt-seize. Verhaeren y est présenté sous son meilleur aspect, celui du socialiste pacifiste et européen qu’il était avant quatorze. Aucune allusion n’est faite à celui qu’il devient à la déclaration de guerre, un nationaliste qui, en mil neuf cent quinze, dans son poème La Belgique sanglante écrit que l'on trouve dans les musettes des soldats allemands les pieds coupés d'enfants à côté des dentelles prises sur les cadavres de jeunes femmes violées, ce qui lui valut de perdre l’amitié qui le liait à Stefan Zweig.
A la fin de la projection Alain Fleury dit un dernier texte en compagnie d’une élève du collège Verhaeren, qui j’espère était volontaire, puis un verre est offert mais je m’en passe.
                                                           *
A l’aube de ce samedi, nouvelle de la mort de David Hamilton, un suicide qui est interprété comme un aveu. Désigné coupable du viol d’adolescentes de treize ans, le condamné par la vindicte publique s’est exécuté lui-même, bien qu’il ait dit à des amis qu’il était innocent et prêt à se défendre. Comme il a été écrit, cela restera aussi flou que ses photos.
Ce qui est un peu bizarre c’est qu’il ait laissé entrouverte la porte de son appartement. On ne peut pas exclure qu’il ait été « suicidé » (même si c’est peu probable).
                                                         *
Deux heures plus tard, annonce de la mort naturelle du dictateur Fidel Castro dont la culpabilité n’est pas douteuse : persécutions des opposants, emprisonnement de milliers d’entre eux conduisant à la mort de certains, cela enveloppé dans une mythologie romantique musicale révolutionnaire aveuglant nombre de jeunes et de moins jeunes à l’extérieur du pays.
 


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