Le Journal de Michel Perdrial
Le Journal de Michel Perdrial



Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

Trois semaines à l’ombre

30 septembre 2015


Ce lundi matin, vers neuf heures et quart, plutôt inquiet, je monte à pied jusqu’à la place du Boulingrin où se trouve le cabinet au sein duquel exerce mon médecin. Quatre semaines de traitement n’ont pas résolu mon problème de santé et, au vu des symptômes, j’en suis venu à craindre la présence de ganglions annonciateurs d’un cancer qui pourrait être foudroyant.
Je prends place dans la salle d’attente où je regarde passer les jouvencelles en chemin vers le lycée Jeanne d’Arc. A l’accueil, la secrétaire se multiplie entre ses deux téléphones et les malades qui arrivent, annonçant à l’un de ses interlocuteurs que celui qui est officiellement mon médecin traitant ne prend plus de nouveaux patients, ce que j’interprète comme un gage de qualité.
A l’heure exacte du rendez-vous, j'explique mes inquiétudes à ce docteur. « Je vois, me dit-il, je vais regarder ça ». Il ausculte attentivement mes enflures et me rassure : pas de ganglions. Quant au résultat de l’analyse de sang dépassant un peu la norme, il est d’accord avec moi pour juger qu’on peut attendre de savoir ce qu’il en sera dans un an.
Pour l’instant, comme je ne suis pas guéri, il me donne trois semaines supplémentaires d’antibiotique.
-Vous avez besoin d’autre chose ? me demande-t-il comme à chaque fois avant d’imprimer l’ordonnance. Je crois entendre la boulangère et son « Et avec ceci ? »
-Non merci.
Je lui dis que je repars rassuré, que je m’étais fait des films. Nous nous serrons la main.
A la pharmacie du Drugstore, on m’apprend que l’antibiotique prescrit est de ceux qui nécessitent d’éviter le soleil. « Il aurait pu me le dire », me dis-je, sachant que je ne pourrai jamais me plier à une telle discipline, pas envie de me priver des derniers beaux jours.
                                                               *
Effectivement, c’est au soleil, en terrasse au Son du Cor, mais lui tournant le dos, que je lis, ce mardi midi, Les joies du plein air d’Albert t’Serstevens (Arléa), recueil de textes sur ses voyages à travers l’Europe, en auto-roulotte avec la belle Marie-Jeanne et le chat Puma, que l’écrivain rédigea à Paris entre mil neuf cent quarante et quarante-deux, son auto-roulotte bloquée au garage et lui-même empêché de voyager par la Deuxième Guerre Mondiale.
                                                              *
Un homme, après tout, un homme en lutte avec lui-même, et sur qui pèse la mélancolie de la maturité.
Continuer seul la route du voyage…
Albert t’Serstevens, Les joies du plein air.
 


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