Adolescence


        Il avait trouvé refuge dans la partie gauche du cabanon. Loin de la maison familiale et de sa radio toujours allumée. Loin de sa mère déprimée et envieuse. Loin de son père aux idées de curé.
        Il avait retapé ce vieux cabanon à l’aide de planchettes récupérées sur des cageots à fruits et de vieux sacs à pommes de terre en toile de jute brune. De l’extérieur, on ne le voyait presque pas.
        Il passait des heures dans ce cabanon, assis sur une vieille chaise dépaillée à penser aux filles qui ne le regardaient pas et à lire des livres qui ne lui appartenaient pas. Des heures à suer l’été sous la tôle brûlante. Des heures à frissonner l’automne dans les courants d’air poussiéreux.
        Il attendait quelque chose.
        Dans la partie droite du cabanon, de l’autre côté de la cloison, se tenait son frère mais ils ne se parlaient jamais.
                                                        Michel Perdrial
(Ce texte a paru dans la revue Verso n°104 en mars 2001.)