Michel Perdrial . Textes en revues
Michel Perdrial



Loïc Boyer
On trouvera ici de mes textes courts publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).

Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.

Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.

Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième chez L’Imprimante.

Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.








Facebook
Rss

Plus d'un tour dans la Manche

Texte paru dans la revue Diérèse n°37 à l’été 2007


Donc ce soir-là Don Quichotte, perché sur sa jument, désespérait de trouver un hôtel digne de son nom et derrière lui, sur sa mule, Sancho râlait comme un baudet :
-Avec vous c’est toujours l’aventure, vous auriez dû envoyer un fax, un mail ou un texto, réserver une chambre quelques jours à l’avance, comme cela se fait en pays civilisé.
-Tu me mènes en bateau, triple nouille, répliquait l’homme à la triste figure, tu sais bien qu’à l’époque où l’on vit on n’a pas encore inventé tout ce bazar. Même Cervantès sait cela.
-Mon maître, reprenait le bedonnant suivant, ne me qualifiez pas d’andouille, ni d’éléphant bleu avec des ailes. En littérature, tout cela est permis. Et peut-être cette nuit, si l’auteur le décide, dormirons-nous sur la lune après y être allés en fusée vrombissante.
-Pour l’instant, nous sommes perdus dans une forêt qui n’a rien de lunaire, constatait Don Quichotte, mais miracle j’aperçois là-bas une petite lumière comme dans l’histoire du dénommé Poucet. La vois-tu ?
-Je la vois, approchons-nous de cette clairière et avisons. Eh bien, il y en a du monde dans cette masure.
-Mais que font-ils donc? s’interrogeait Don Quichotte. Tiens, les voilà qui sortent. Je n’arrive même pas à les compter. Et que portent donc sur leurs épaules les quatre qui conduisent le cortège? Peux-tu me renseigner, savant Sancho?
-Il me semble reconnaître la statue d’une amie à moi qui vivait en France et s’y est suicidée. Une nommée Dalida qui avait une belle voix mais pas beaucoup de chance en amour. Ces gens-là sont ses dévots posthumes et leurs rites sont bien mystérieux.
-Mais qu’entends-je tout à coup? s’inquiétait Don Quichotte. Ces bruits tonitruants et plutôt discordants, ne serait-ce pas la fusée dont tu m’entretenais qui devait nous mener sur la lune ?
-Vous n’y êtes point, maître ignorant, il s’agit d’un avion, cet engin inventé par ce mien cousin qui vivait en Italie et se nommait Vinci. Mais celui-ci est du genre guerrier et tire de vraies balles sur les zélateurs éplorés de mon amie Dalida. Fuyons sur nos fières cavales et regagnons l’abri des arbres protecteurs.
-Le voilà parti cet avion meurtrier mais qu’entends-je à nouveau qui trouble la quiétude apaisante de cette sombre forêt?
-Par ici, maître infortuné, regardez, c’est une meute de gens déguisés qui font un étrange carnaval. Peut-être sont-ils de Bruges, de Cologne ou de Dunkerque, bien que ces villes soient un peu loin de l’Espagne.
-Demande-leur où trouver un bon hôtel avec si possible un jacuzzi. Mais ils ne nous entendent pas, ils s’éloignent. C’est à croire que nous sommes invisibles, constatait amèrement l’homme à la jument.
-Abandonnons cette recherche d’hôtel, nous allons finir par nous perdre tout à fait, énonçait Sancho de sa forte sagesse. Regardez ici ces lutins qui dorment paisiblement sous un champignon géant, sans doute abrutis d’avoir bu trop de vin de millepertuis. Ils nous montrent l’exemple. A défaut de la lune, ce sera à la belle étoile.
 


Nouveau commentaire :