Jeudi 19 Août 2010

Livres

Nadia Sendin

Trois coups de coeur de la rentrée littéraire chez Actes Sud


Claudie Gallay L’amour est une île

L’histoire se déroule à Avignon, pendant le festival de 2005 et la grève des théâtreux.
Marie, une jeune femme venant de la banlieue parisienne veut voir la pièce de théâtre que son frère, décédé, a écrite : La Nuit Rouge. Cette pièce est mise en scène par Odon, le directeur d’un des plus anciens théâtres d’Avignon, le Chien Fou.
Marie est une jeune femme fragile, perdue, qui n’avait plus que son frère pour la tenir debout et qui semble rechercher une raison de continuer à vivre.
Son frère s’est suicidé juste avant de savoir que sa pièce avait été acceptée. Elle reproche à Odon d’avoir trop tardé, de ne pas lui avoir répondu avant et d’être indirectement responsable de sa mort.
Odon, de son côté, retrouve au cours de cet été son amour de jeunesse, la Jagar, devenue une grande actrice, une icône. Un lourd secret relie ces trois êtres et ravive les blessures du passé.

L’auteur aime à déconstruire les phrases, créer un rythme à contre-temps, faire entendre une musique particulière nourrie de silences.
L’écriture charnelle, sensuelle porte les émotions, les blessures, la passion et la nostalgie d’un amour impossible. L’amour et la mort sont liés dans ce roman qui se veut aussi une réflexion sur la création.


Alice Ferney Passé sous silence


Deux voix composent ce récit et s’affrontent, à l’aune de l’indépendance des colonies.
Celle d’un militaire chercheur, catholique et conservateur. Très attaché à l’idée intransigeante de la grandeur de la France comme un Empire, il décide de se sacrifier dans son combat contre l’ancien héros de la seconde guerre mondiale, celui qui est aujourd’hui responsable de l’abandon des territoires colonisés et de la fin de l’Empire.

Dans cet confrontation entre deux voix, deux visions, l’auteur pose la question du pouvoir et de l’intégrité. Ce texte très construit nous fait pénétrer dans l’intériorité de deux consciences à travers un style maîtrisé, puissant, concis et droit qui enserre le verbe des deux hommes comme un étau.

Mathias Enard Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants

Alors que Michel Ange travaille pour le Pape guerrier et frondeur Jules II à l’édification du tombeau de la Basilique à Rome, il décide d’accepter la proposition du Grand Turc, le Sultan d’Istanbul pour la construction d’un pont reliant à Constantinople les deux rives du Bosphore.
Ce projet auquel Leonard de Vinci s’était auparavant attelé, constitue le symbole de cette ville cosmopolite, en faisant se rejoindre le centre ville et la Corne d’Or où vivent Grecs, Latins, Juifs, et réfugiés musulmans espagnols chassés par les catholiques.

Nous accompagnons le grand peintre dans ce voyage, à la découverte de ce pays qui n’est pas encore devenu un grand Empire. A travers le regard de ce génie, nous appréhendons la lumière, la chaleur, l’élévation, la beauté mais aussi l’étrangeté, l’âcreté, le mystère et le trouble de cette ville au carrefour de l’Orient et de l’Occident.

La langue classique, concise, apprêtée dresse le tableau de cette cité luxuriante et nous invite au voyage à travers les sonorités orientales et le rythme syncopé des phrases. Ce roman sur la construction d’une ville, creuset de cultures et de religions différentes, est aussi un roman éminemment contemporain.




coups de coeur de la rentrée littéraire


Commentaires

1.Posté par Julie le 01/10/2010 16:06
Le Mathias Enard a l'air excellent mais Gallay plutôt plombant. C'est aussi bien que les déferlantes ?

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