Chez Angelo, ristorante italiano, cuisine sicilienne. 65, rue Pierre Butin 95 000 PONTOISE 01-30-30-20-30


La cuisine sicilienne comme à Pontoise
C'était hier soir, vendredi. Les collègues et moi nous cherchions un restaurant où célébrer en grandes pompes la fin de la semaine. Il faisait très froid dans Pontoise, terriblement froid. C'est donc vers un endroit chaleureux que nos pas nous dirigeaient... Une pizzeria. L'idée, c'était ça: des pizzas bien chaudes, de la moquette au mur, un four, des poutres, de la buée sur les vitres, du chaud, du chaud, du chaud ! Comme dans la tristissime histoire d'Andersen, La Petite marchande d'allumettes, on commençait tous à avoir des visions de ce havre de paix et de réconfort. R. a suggéré un "restau italien" où il avait bien mangé, une fois... Et nous nous sommes retrouvés Chez Angelo. Vue de l'extérieur, la façade est basse, enfin, ce sont les fenêtres qui se trouvent à peine plus haut que le niveau du trottoir, la porte d'entrée, elle, reste invisible... Une fois trouvée, cette porte donne sur une sorte de grotte: des poutres marron, une moquette au sol représentant un damier bleu et jaune, digne d'un bar à cocktails. En guise d'âtre, une sono, et la déco, typiquement italienne (enfin, d'habitude, c'est plutôt dans la rue qu'on la trouve): du linge qui "sèche" sur un fil. Des petites culottes, des brassières, un t-shirt, bref: Angelo et son équipe se sont lâchés. Ah oui, Angelo... le voilà qui arrive, du fond de sa grotte. Une sorte de Mario Bros, casquette de trucker bleu délavée, salopette en jean sur un bon bidon rebondi... et l'accent ! sonore. Et l'accueil ! Nous étions déjà tous sous le charme, et peu rassurés (re-situez-nous: fragilisés par une errance dans Pontoise un soir glacial de Janvier, la faim et le froid au corps). Parce qu'Angelo en impose, il faut dire. En guise d'apéritif, il venait justement de préparer des litres de jus de mandarine. Et la formule ? Pour 18 euros 50, on partagerait, à huit, une grande entrée d'antipasti, une "pizza gigante", des pâtes, soit bolognese, soit aux pleurottes. On a tous dit "Oui" ! et la soirée chez Angelo a commencé... la sono s'est habillée d'un chanteur-guitariste, la salle s'est remplie (il y a une dizaine de tables en tout). On a eu droit à des antipasti incroyables (la qualité de l'huile d'olive, celle de la mozzarella de bufala, c'est inexplicable...), la pizza était véritablement géante, et super bonne, et les chansons... tout un répertoire franco-italien-beatles-elton john, on se comprend? I. a même osé la dédicace et le chanteur a interprété Brel pour C., Le plat pays, je crois. Bon, C. vient de Nantes, mais y a pas de problème. En gros, ce qu'il faut retenir, c'est qu'entre deux accolades avec vos voisins de table, quand on ne pousse pas la chansonnette sur Cabrel, on se retourne et on aperçoit, entre autres: des parmesans géants (des meules entières, hein) en train de se faire flamber, des crooners à lunettes de soleil de Chips et à petite queue dans le cou, Angelo qui dorlote une table de dames, le serveur-cuisinier qui se fraie un passage avec de grosses casseroles pleines de pasta pour les tables à formule, des gamelles de fromage râpé, et le bruit du mixer qui trime sur le jus de mandarines. Je crois que j'ai tout dit. Non, il faudrait faire une série de 30 épisodes s'il fallait pouvoir en raconter 1 dixième, de ce qui se passe Chez Angelo, le vendredi soir. On appellerait ça "La cuisine sicilienne", la bande-son serait incroyable. Ça y est, je vois le tableau, qui pour réaliser ?






Contributeurs
Eleonore Forêt
Loïc Boyer
Charber (de son vrai nom Charlotte Béranger), née en 1975 à Ploudalmézeau, est prof de yoga et de méditation à Ibiza. Charber habite une yourte, elle a débuté un commerce en ligne de vêtements en macramé de chanvre après avoir arrêté le speed et la coke ("trop de bad vibes"). Elle fume toujours pas mal de beuh et prend des shrooms mais "c'est naturel". Yes I!

Pierre Hexum a 19 ans. Il est professeur de gym à Sacramento. Il collabore avec Eléonore au blog L'Imprimante, dans la rubrique Le Mail du Mercredi, depuis les années 80.

Eléonore Forêt, bientôt 37 ans, toujours tête de linotte, ne tire aucune leçon des enseignements de la vie. Dessine, dort, nage, mange à Brest depuis mai 2013.