Bonjour ! C'est Mercredi. Et pas n'importe lequel, car il s'agit du mercredi 8 Mai 2013. Et c'est exactement le jour où tout peut déraper. Lisons plutôt le mail du jour, le mail d'Ella:


Le Mail du Mercredi
Salut Léo,

Ça va ? et les autres ? Tout le monde va bien au bureau ? La stagiaire est arrivée ?

Bon, si je t'écris c'est que moi, ça ne va pas fort. Depuis ce matin, j'ai les deux mains dans le cambouis et tout déconne sur mon moteur. Voilà mon problème: depuis quelques jours, j'attendais mon démarreur (un 11 dents que j'avais commandé en ligne à quelqu'un de l'Hérault. Un type comme ça, c'est sa femme qui a géré les détails de l'envoi par Colissimo). Moi j'ai un 9 dents qu'il faut que je change absolument depuis un an déjà, il fait un bruit pas possible, rien que d'en parler là, ça me rend folle.
Je reçois le paquet hier, trop contente. Et je commence à démonter le moteur du camion. Je l'avais calé pour qu'il soit bien droit (je bosse devant la maison, je n'ai pas encore de garage, alors c'est le street style, si tu vois ce que je veux dire). J'ai mis deux-trois pierres et j'ai utilisé le cric pour les roues avant aussi. Mais une fois que j'eus démonté le merdier, voilà-t-il pas que je réalise que l'autre, le 11 dents, rentre pas ! Putain ça me rend dingue ! J'ai forcé pour qu'il prenne sur la couronne (elle non plus, ça va pas trop, d'ailleurs, enfin, on va pas tout régler d'un coup, hein) mais rien ! Que dalle ! C'est pas LE BON !!! Je suis dégoûtée, j'ai envie de tout péter et de reprendre la clope. Que faire, Léo, que faire ? JE t'en supplie, donne-moi un tuyau (et le bon), je vais tout casser je le jure.

Ella



Chère Ella,

Oh combien je comprends ton angoisse ! Ton désespoir ! Ça me rappelle un jour où j'allais pour encadrer des dessins que j'avais terminés, rien à faire, les passe-partout étaient trop grands ! Dégoûtée !

C'est une journée de merde, que veux-tu. Rien ni personne ne pourra y changer quoi que ce soit. Moi-même j'ai tout retourné dans tous les sens ce jour-là. Je sais, les frais devaient être moindres. Tout dépend de l'état du démarreur dont tu as fait l'acquisition. Était-il neuf ? D'occasion ? Revends-le, Ella ! Et repars du bon pied, pas celui qui est plein de cambouis, l'autre... Sans laisser de traces partout sur la moquette de ton entrée. Et re-balance le démarreur sur le bon coin. Y aura toujours quelqu'un que ça intéresse. Moi, je crois que j'avais été me faire faire un avoir pour les passe-partout à la Foir'fouille. Et tu vois, du coup, j'ai pu m'acheter quelque chose de mieux (et de bien plus utile surtout !) plus tard. Laisse tomber pour ce soir, ferme le camion à double tour et va te manger un bon kebab en ville. Repose-toi, prends-toi un bain ou je ne sais quoi, bichonne-toi un peu, tu as fait du bon boulot, tu le mérites.

Pour finir, et afin de tirer un trait sur cette JDM, je te propose de lire, et éventuellement, de méditer (mais ça, ce sera peut-être pour demain, quand tu auras un peu soufflé) ce précepte du dalaï-lama:

"Dès l'instant où ils viennent à l'existence, tous les phénomènes conditionnés sont éphémères par nature et ne perdurent pas même un moment.
Cette fugacité résulte de la cause elle-même, sans implication d'aucun facteur. Tout ce qui est composé de parties ou déterminé par des causes et conditions est impermanent et passager.
Rien ne demeure pour l'éternité, tout se désintègre continuellement.
Cette manière d'impermanence subtile est confirmée par les recherches scientifiques."

Et bon mercredi à tous !

Éléonore







Contributeurs
Eleonore Forêt
Loïc Boyer
Charber (de son vrai nom Charlotte Béranger), née en 1975 à Ploudalmézeau, est prof de yoga et de méditation à Ibiza. Charber habite une yourte, elle a débuté un commerce en ligne de vêtements en macramé de chanvre après avoir arrêté le speed et la coke ("trop de bad vibes"). Elle fume toujours pas mal de beuh et prend des shrooms mais "c'est naturel". Yes I!

Pierre Hexum a 19 ans. Il est professeur de gym à Sacramento. Il collabore avec Eléonore au blog L'Imprimante, dans la rubrique Le Mail du Mercredi, depuis les années 80.

Eléonore Forêt, bientôt 37 ans, toujours tête de linotte, ne tire aucune leçon des enseignements de la vie. Dessine, dort, nage, mange à Brest depuis mai 2013.