Jeudi 9 Décembre 2010

Livres

Nadia Sendin

Où j'ai laissé mon âme de Jérôme Ferrari aux éditions Actes Sud


Compte-rendu littéraire
Où j’ai laissé mon âme de Jérôme Ferrari chez Actes Sud :

Dans ce roman découpé en trois parties bibliques, l’auteur nous fait entendre les voix de deux militaires engagés en Algérie dans une guerre sans nom, faisant échos à d’autres guerres, à d’autres massacres et à d’autres négations de la vie humaine.
En 1957, le lieutenant Horace Andreani et le capitaine André Degorce qui s’étaient tous deux battus en Indochine se retrouvent à Alger, où Degarce arrête les membres du FLN et les transfère à Andreani. Ce roman confronte les voix de ces deux officiers. Andreani dit son admiration, sa vénération pour ce capitaine qui s’est toujours battu en Indochine, qui a sauvé l’honneur des soldats lors de la défaite française puis sa haine, son incompréhension pour l’homme qu’il est devenu en Algérie. En effet, Degarce se sent prisonnier d’une guerre absurde, sans issue, sans échappatoire possible, où il doit jouer le rôle du bourreau, torturant à son tour pour soutirer des informations, tout comme ceux qu’il avait en face de lui en 1944 à Buchenwald. Dans l’enfer de l’Algérie, il ne peut échapper à cette culpabilité qui le brûle et dont toutes les justifications, celles de l’honneur de la patrie, celles des vies sauvées dans des attentats, celles du devoir accompli, restent vaines. Assiégé par ses fautes, par la conscience de l’ignominie de ses actes et le sang versé, il ne trouve d’apaisement que dans la geôle de son ennemi, le commandant de l’ALN Tahar, auquel il se confesse.
Où j’ai laissé mon âme est un texte magnifique, brûlant et douloureux, d’où s’échappe une litanie funèbre et expiatoire et qui livre une réflexion sur le pouvoir, sur la responsabilité de l’homme et sur sa capacité à engendrer le mal.