Détail d’un dessin de Leiji Matsumoto
Que Michel Onfray n’aime pas les enfants qui se la ramènent, c’est son droit, mais par pitié qu’il l’écrive bien, pas avec un texte fourre-tout qui cumule procès d’intention, approximations, attaque contre les gourdes et sous-entendus scabreux. J’ai connu un philosophe plus inspirant qui, du temps de Le Désir d’être un volcan par exemple, pouvait développer une pensée originale et généreuse. Mais aujourd’hui il semblerait que les canicules à répétition aient fait une victime par cuisson du cerveau à l’étouffée. Vous me trouvez bas? Attendez de lire son texte sur Greta Thunberg ou plutôt non, n’attendez pas, allez-y tout de suite c’est là.

Personnellement je me permettrai d’en souligner quelques formules - car plus qu’un texte il s’agit surtout d’une succession de formules:
«Cette jeune fille arbore un visage de cyborg qui ignore l’émotion - ni sourire ni rire, ni étonnement ni stupéfaction, ni peine ni joie.»
Grosse déception pour Michel, Greta n’est pas Britney!

«son enveloppe est neutre» «ce corps sans chair»«ce corps qui est un anticorps, cette chair qui n’a pas de matière»«c’est une jeune fille au corps neutre»«neutre et pâle comme la mort»
Bon, les filles, si voulez être prises au sérieux par les adultes, des vrais, des gras comme Michel Onfray, laissez-vous pousser les seins…

«Trop contents de ce magnifique prétexte pour ne pas aller au collège»
Noooooon, trop usé cet argument contre les jeunes qui, dès qu’ils mettent en place une action collective parallèle à celle de l’institution sont forcément des feignasses, il aurait pu s’épargner cette facilité!

«un troupeau de moutons de cette génération»
Idem, l’argument générationnel, vraiment faible, la dernière génération restant toujours plus conne que celle qui lui précède, c’est aussi vieux que… la philosophie, non?

«jadis, c’était Rimbaud ou Verlaine qu’on citait quand on n’avait pas dix-sept ans…»
On pourrait tenter de convaincre les adultes avec de la poésie, ça aurait du panache, mais je ne crois pas que ça provoquerait autre chose qu’un sourire en coin.

«Notre époque voit arriver au devant de la scène des enfants rois.»
La question du mythe de l’enfant-roi mériterait un long développement mais je dirais simplement qu’une époque où l’on se demande si on tue en France un enfant tous les cinq jours ou si ces chiffres sont sous-estimés ne me semble pas être une époque où l’on place, dans les faits, les enfants sur un piédestal.

«ces êtres en cours de fabrication»
En effet c’est le moment d’enfoncer le clou: les enfants ne sont pas des êtres à part entière. Au moins les choses sont claires et ça permet de donner tout son sens au texte: face aux adultes les enfants ne pèsent pas, leur parole ne vaut pas celle des adultes (qui font tous les jours preuve d’intelligence de discernement, etc.). Je crois que c’est le moment que je préfère.

D’ailleurs «La cyborg suédoise a même annoncé qu’elle prévoyait de prendre une année sabbatique» a tort d’avoir ce projet, tandis que le philosophe qui chantait sur tous les tons sa fierté d’avoir quitté l’enseignement au sein de l’Éducation nationale tellement c’était de la merde, lui, avait certainement raison de le faire parce que, ma foi, parce que… bon sang mais c’est bien sûr, lui est un adulte, pas un avorton!

«une voix pré-pubère blanche comme la mort… On se croirait dans un manga.»«Comme dans les mangas SM, ils jouissent et disent "Encore! Encore!"»
Mais quelles sont les lectures de Michel???

«elle pourrait même arborer un tatouage et rentrer dans son hôtel végane en trottinette électrique»
WTF?!?

Et enfin «ces adultes qui jouissent de se faire humilier par l’une de leur créature (sic): un enfant» mais que dire de l’adulte qui jouit d’humilier une enfant?