A Paris, découverte d’appartement, déjeuner au Bouquet et encore des livres rapportés

14 août 2014


Retour à Paris ce mercredi et un objectif prioritaire, rejoindre dans son nouveau logement (qu’elle a obtenu avec un peu de chance et beaucoup de détermination) celle qui jusqu’alors subissait la sous-location. Pour cela, je sors de terre à Jules-Joffrin, entre la Mairie du Dix-Huitième et l’église Notre-Dame-de-Clignancourt, content de remettre le pied dans cet arrondissement où nous avons passé de si bons moment lorsque notre histoire (comme on dit) battait son plein (comme on dit aussi).
Je monte jusqu’au troisième par un bel escalier et frappe à sa porte. Elle me fait visiter cet appartement, pour l’instant presque vide, dont elle vient de refaire la peinture. C’est effectivement un endroit agréable. De l’autre côté de la petite rue, une dent creuse (dont les parois sont couverts de graffs) dégage la vue et donne de la lumière, mais il est à craindre qu’une construction s’y glisse dans un futur qu’elle espère lointain. Grâce à ma haute taille, je lui donne le numéro de son compteur électrique puis nous remontons la rue Ordener à la recherche du bus Soixante-Cinq qui me permettra d’aller chez Book-Off, mais avant cela, pour fêter nos retrouvailles et sa nouvelle vie, nous déjeunons ensemble au Bouquet, rue Marx-Dormoy, où l’on cherche une serveuse.
-Vous êtes déjà venu ici, me dit l’aimable patron, je vous reconnais.
C’était pourtant il y a au moins deux ans. Le menu est à dix euros et je ne sais plus combien de centimes, avec un buffet d’entrées à sauces orientales. Elle opte ensuite pour le rumsteak saignant et moi pour la cuisse de canard (avec un carafon de bordeaux). La clientèle est du quartier, assez pittoresque. Je pourrais me croire de retour dans l’un de ces restaurants à menu ouvrier du Massif Central, bien qu’il n’y ait pas ici d’ouvriers, mais des employé(e)s et des inemployé(e)s. Nous parlons de nos vies respectives. Après la crème caramel, il faut se séparer, moment toujours difficile. Elle repart à pied vers chez elle. Je prends le bus Soixante-Cinq.
Par Gare du Nord, Gare de l’Est et République, il me mène à Bastille. Chez Book-Off je retrouve le vieux bouquiniste qui semble y être à demeure (au point qu’un jour je l’ai soupçonné d’avoir le droit d’entrer avant l’ouverture). Lui aussi me reconnaît. Il m’explique qu’il a des boîtes sur les quais mais ne les ouvre guère, vendant surtout via Amazon. Bien qu’il soit passé avant moi dans le rayon des beaux livres à deux euros, j’y trouve le Taschen consacré à L’Art Nouveau, le Filipacchi Oscar Dominguez et surtout Dessins érotiques de Jean-Marie Poumeyrol, le livre de Raymond Borde publié en mil neuf soixante-douze par Eric Losfeld.
En fin d’après-midi, je suis près de l’Opéra dans l’autre Book-Off où de nombreuses personnes se débarrassent par pleines valises de leurs livres. Quelques autres achètent, des habitué(e)s et des néophytes. Une voix féminine se fait soudainement entendre en direction des employé(e)s : « Les livres érotiques, c’est où ? ». Toutes les têtes masculines se tournent dans sa direction. Découvrant une grosse femme laide, chacun retourne à sa recherche de livres.
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Passé avant elle dans ce rayon, j’y ai prélevé Poèmes et nouvelles érotiques de Georges Bataille (Mercure de France), Lettres érotiques (Editions DesLettres) et (que je cherchais depuis longtemps) La Femme aux chiens de L’Erotin (La Musardine), dont la couverture est signée Mïrka Lugosi.