Dernières notes
Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.
31 octobre 2025
Après avoir laissé les clés de mon logis Air Bibi dans la boîte dont m’a donné le code mon aimable logeur lors de sa visite de courtoisie hier soir, je prends un dernier petit-déjeuner au Quay des Brunes où je regrette l’absence de Lisa et où je ne traîne pas car je dois prendre le car BreizhGo Deux Cent Un terminus Saint-Brieuc de huit heures vingt-huit pour ne pas louper mon Tégévé ce jeudi matin.
Ce car est à l’heure et doté de deux contrôleurs. Ma valise et mon sac à dos sont dans la soute. A l’arrivée à la Gare de Saint-Brieuc, grosse frayeur. Si mon sac est à sa place, plus de valise. Je la crois volée, jusqu’à ce que je m’aperçoive qu’elle a glissé de l’autre côté du car. J’appelle le chauffeur qui rampe dans la soute pour la récupérer.
Direction le Bistrot Gourmand. J’ai du mal à le reconnaître. A la place de ma table préférée : un mur de cigarettes. « Oui, on a ajouté un tabac », me dit la patronne à qui je commande un expresso. J’attends là mon Tégévé du retour, le dix heures trente-quatre pour Paris Montparnasse où, pour un prix inférieur à celui de la place en seconde de l’aller, j’ai une place réservée en première, voiture Onze, place Quarante-Deux, isolée.
Je suis assis à l’heure dite dans le sens de la marche. Un moulin à vent avant l’arrivée à Lamballe où monte un couple dont la femme désinfecte les tablettes au gel hydro-alcoolique puis lit Les Charognards, l’enquête sur les pompes funèbres. Des éoliennes avant Rennes où changent de voiture une grand-mère et son trois ans égarés en première. Des nuages avant Laval tandis que je déjeune d’un bagnat au thon et d’une part de tarte à la mirabelle. Cent soixante-sept euros, c’est ce que devrait payer la vieille dame derrière moi dont la Carte Avantage n’est plus valable. Elle tombe des nues (comme on dit). « Je n’ai jamais eu d’amende de ma vie. » Le contrôleur a pitié d’elle. Il lui télécharge l’application pour qu’elle puisse la renouveler immédiatement. Il doit le faire à sa place. Ça ne marche pas. Il lui dit de le faire chez elle, pour cette fois ça ira. Avant Paris, à nouveau des éoliennes et le ciel qui s’éclaircit. Bientôt l’arrivée, nous sommes déjà tous debout quand le chef de bord indique que nous allons nous arrêter en pleine voie en raison d’une vérification des voies au départ de Montparnasse, retard estimé à quinze minutes environ. Nous repartons presque aussitôt, mais arrivons quand même avec dix minutes de retard à Paris.
A la descente de train, c’est la lente remontée vers le bout du quai et les escaliers mécaniques encombrés. Ce que j’avais avec plaisir oublié : les autres quand il y en a trop. Par bonheur, je peux m’asseoir dans le métro Treize. J’arrive à Saint-Lazare à quatorze heures pile et m’assois en attendant le train Nomad de quatorze heures quarante pour Rouen.
Il y a des réservations dans la voiture Cinq sauf dans les carrés. Je m’installe dans un avec ma valise et mon sac. J’y reste seul. Outre couloir, deux hommes travaillant dans le bizness de l’habitation discutent boulot. Dans l’immeuble sans ascenseur, il faudra mettre l’appartement-témoin au deuxième étage, comme ça les gens ils ne s’épuiseront pas à grimper, et le soigner particulièrement, comme ça les gens ils oublieront la mocheté de l’immeuble. A peine le train est-il parti que le plus gros s’endort en ronflant.
Le ciel est partiellement bleu quand je revois ma Normandie puis gris quand j’arrive à Rouen. Mon bagage posé, je file chez U assurer ma survie puis je sors de la valise mon ordinateur moribond que j’ai laissé en veille. La petite lumière clignotante indique que son cœur bat encore. Quand je le branche, il repart.
*
J’aurais passé un mois paisible, pour trente-neuf euros la nuit, à la Villa Les Marronniers dans un coquet studio élégamment décoré des souvenirs de la grand-mère de mon logeur. Elle tenait une pâtisserie un peu plus loin dans la rue. Cette Villa Les Marronniers était autrefois une pension de famille où l’on banquetait sous les marronniers. Des marronniers qui ont été abattus pour la construction de la boulangerie Le Fournil de Saint-Quay.
Ce car est à l’heure et doté de deux contrôleurs. Ma valise et mon sac à dos sont dans la soute. A l’arrivée à la Gare de Saint-Brieuc, grosse frayeur. Si mon sac est à sa place, plus de valise. Je la crois volée, jusqu’à ce que je m’aperçoive qu’elle a glissé de l’autre côté du car. J’appelle le chauffeur qui rampe dans la soute pour la récupérer.
Direction le Bistrot Gourmand. J’ai du mal à le reconnaître. A la place de ma table préférée : un mur de cigarettes. « Oui, on a ajouté un tabac », me dit la patronne à qui je commande un expresso. J’attends là mon Tégévé du retour, le dix heures trente-quatre pour Paris Montparnasse où, pour un prix inférieur à celui de la place en seconde de l’aller, j’ai une place réservée en première, voiture Onze, place Quarante-Deux, isolée.
Je suis assis à l’heure dite dans le sens de la marche. Un moulin à vent avant l’arrivée à Lamballe où monte un couple dont la femme désinfecte les tablettes au gel hydro-alcoolique puis lit Les Charognards, l’enquête sur les pompes funèbres. Des éoliennes avant Rennes où changent de voiture une grand-mère et son trois ans égarés en première. Des nuages avant Laval tandis que je déjeune d’un bagnat au thon et d’une part de tarte à la mirabelle. Cent soixante-sept euros, c’est ce que devrait payer la vieille dame derrière moi dont la Carte Avantage n’est plus valable. Elle tombe des nues (comme on dit). « Je n’ai jamais eu d’amende de ma vie. » Le contrôleur a pitié d’elle. Il lui télécharge l’application pour qu’elle puisse la renouveler immédiatement. Il doit le faire à sa place. Ça ne marche pas. Il lui dit de le faire chez elle, pour cette fois ça ira. Avant Paris, à nouveau des éoliennes et le ciel qui s’éclaircit. Bientôt l’arrivée, nous sommes déjà tous debout quand le chef de bord indique que nous allons nous arrêter en pleine voie en raison d’une vérification des voies au départ de Montparnasse, retard estimé à quinze minutes environ. Nous repartons presque aussitôt, mais arrivons quand même avec dix minutes de retard à Paris.
A la descente de train, c’est la lente remontée vers le bout du quai et les escaliers mécaniques encombrés. Ce que j’avais avec plaisir oublié : les autres quand il y en a trop. Par bonheur, je peux m’asseoir dans le métro Treize. J’arrive à Saint-Lazare à quatorze heures pile et m’assois en attendant le train Nomad de quatorze heures quarante pour Rouen.
Il y a des réservations dans la voiture Cinq sauf dans les carrés. Je m’installe dans un avec ma valise et mon sac. J’y reste seul. Outre couloir, deux hommes travaillant dans le bizness de l’habitation discutent boulot. Dans l’immeuble sans ascenseur, il faudra mettre l’appartement-témoin au deuxième étage, comme ça les gens ils ne s’épuiseront pas à grimper, et le soigner particulièrement, comme ça les gens ils oublieront la mocheté de l’immeuble. A peine le train est-il parti que le plus gros s’endort en ronflant.
Le ciel est partiellement bleu quand je revois ma Normandie puis gris quand j’arrive à Rouen. Mon bagage posé, je file chez U assurer ma survie puis je sors de la valise mon ordinateur moribond que j’ai laissé en veille. La petite lumière clignotante indique que son cœur bat encore. Quand je le branche, il repart.
*
J’aurais passé un mois paisible, pour trente-neuf euros la nuit, à la Villa Les Marronniers dans un coquet studio élégamment décoré des souvenirs de la grand-mère de mon logeur. Elle tenait une pâtisserie un peu plus loin dans la rue. Cette Villa Les Marronniers était autrefois une pension de famille où l’on banquetait sous les marronniers. Des marronniers qui ont été abattus pour la construction de la boulangerie Le Fournil de Saint-Quay.
30 octobre 2025
Du monde et du bruit au Quay des Brunes ce mercredi matin. Sur la place, un engin de chantier installe des fûts de je-ne-sais-quoi en vue de la Samain qui a lieu ce vendredi, le nouvel an celte, grosse fête d’Allo Ouine à laquelle j’échapperai.
Mon petit déjeuner pris, je passe par le Parc de la Duchesse Anne afin de déposer les livres récoltés ici est là, puis, une dernière fois, je prends le sentier côtier. Une photo de la piscine et il se met à pleuvoir. J’assiste au passage, entre l’Ile Harbour et le continent, de la pêche à la coquille. Je compte trente-sept bateaux. Ils se suivent dans un bruit d’autoroute. Tous opèrent au même endroit, selon un horaire imposé, pour une quantité limitée. Le surplus doit être remis en mer.
Arrivé à la turquerie, je remonte vers le logis que je vais quitter demain et me livre à un premier rangement tout en soignant ma gorge qui me fait moins souffrir.
Vers dix heures trente, toujours sous la pluie, je termine le parcours de bord de mer entre l’Ile de la Comtesse et Port d’Armor. Je réserve pour midi chez Victoria et assiste au départ de la vedette de la Gendarmerie Maritime (il y a du contrôle dans l’air) puis je m’assois une dernière fois à ma table en coin de L’Ecume.
Tess, la compagne du patron Pierrick, m’apporte un café sans que je l’aie commandé. Les vieux de tous les jours sont là avec leur conversation de vieux. « A huit jours de la retraite, il a été hospitalisé et il est mort. » Si je vais jusqu’au bout d’Almanach d’un comté des sables, c’est que je n’ai rien d’autre à lire. Ce qui retient mon attention, ce sont les deux pages de biographie d’Aldo Léopold à la fin de l’ouvrage. J’apprends que ce défenseur de la nature est mort à soixante et un ans, un mois après avoir écrit la préface de son livre, d’une crise cardiaque alors qu’il aidait ses voisins à éteindre un feu de broussailles.
Midi approche, la salle se vide. Je rejoins le Victoria abrité par l’arcade. J’ai la même table en hauteur à l’écart avec vue sur le port de pêche vidé de ses bateaux. Au menu du jour : quiche saumon crevettes, moules au curry du Mont-Saint-Michel frites maison et vacherin. Tandis que je mange, j’assiste au retour des bateaux de pêche. C’est comme un spectacle commandé pour mon dernier repas à Saint-Quay-Portrieux.
Une qui s’est décommandée, en revanche, c’est Cristalle avec qui je devais boire un café à quatorze heures. Un texto d’elle à l’heure très matinale où je me suis levé me disant qu’elle était malade, voulait se reposer et qu’elle n’arriverait au Café de la Plage qu’à quinze heures au moment de prendre son travail. « Désolée pour ce nouveau faux plan. » « Je serai quand même là à quatorze heures », lui ai-je répondu.
Ça se voit qu’elle est malade, Cristalle, quand elle arrive à quinze heures. « Je le suis aussi mais moins que vous », lui dis-je. On échange quelques mots en espérant se revoir un jour puis elle est prise par le travail. Pierre m’offre ce dernier café. Je sors et me dirige vers le Fournil du Casino pour acheter mon déjeuner de Tégévé. « Au revoir Monsieur ! », entends-je crier derrière moi. Cette petite folle est sortie malgré sa maladie. Je lui fais signe d’approcher. « On se fait la bise, même si vous êtes malade », lui dis-je. « Vous l’êtes aussi alors ça s’annule. »
Mon petit déjeuner pris, je passe par le Parc de la Duchesse Anne afin de déposer les livres récoltés ici est là, puis, une dernière fois, je prends le sentier côtier. Une photo de la piscine et il se met à pleuvoir. J’assiste au passage, entre l’Ile Harbour et le continent, de la pêche à la coquille. Je compte trente-sept bateaux. Ils se suivent dans un bruit d’autoroute. Tous opèrent au même endroit, selon un horaire imposé, pour une quantité limitée. Le surplus doit être remis en mer.
Arrivé à la turquerie, je remonte vers le logis que je vais quitter demain et me livre à un premier rangement tout en soignant ma gorge qui me fait moins souffrir.
Vers dix heures trente, toujours sous la pluie, je termine le parcours de bord de mer entre l’Ile de la Comtesse et Port d’Armor. Je réserve pour midi chez Victoria et assiste au départ de la vedette de la Gendarmerie Maritime (il y a du contrôle dans l’air) puis je m’assois une dernière fois à ma table en coin de L’Ecume.
Tess, la compagne du patron Pierrick, m’apporte un café sans que je l’aie commandé. Les vieux de tous les jours sont là avec leur conversation de vieux. « A huit jours de la retraite, il a été hospitalisé et il est mort. » Si je vais jusqu’au bout d’Almanach d’un comté des sables, c’est que je n’ai rien d’autre à lire. Ce qui retient mon attention, ce sont les deux pages de biographie d’Aldo Léopold à la fin de l’ouvrage. J’apprends que ce défenseur de la nature est mort à soixante et un ans, un mois après avoir écrit la préface de son livre, d’une crise cardiaque alors qu’il aidait ses voisins à éteindre un feu de broussailles.
Midi approche, la salle se vide. Je rejoins le Victoria abrité par l’arcade. J’ai la même table en hauteur à l’écart avec vue sur le port de pêche vidé de ses bateaux. Au menu du jour : quiche saumon crevettes, moules au curry du Mont-Saint-Michel frites maison et vacherin. Tandis que je mange, j’assiste au retour des bateaux de pêche. C’est comme un spectacle commandé pour mon dernier repas à Saint-Quay-Portrieux.
Une qui s’est décommandée, en revanche, c’est Cristalle avec qui je devais boire un café à quatorze heures. Un texto d’elle à l’heure très matinale où je me suis levé me disant qu’elle était malade, voulait se reposer et qu’elle n’arriverait au Café de la Plage qu’à quinze heures au moment de prendre son travail. « Désolée pour ce nouveau faux plan. » « Je serai quand même là à quatorze heures », lui ai-je répondu.
Ça se voit qu’elle est malade, Cristalle, quand elle arrive à quinze heures. « Je le suis aussi mais moins que vous », lui dis-je. On échange quelques mots en espérant se revoir un jour puis elle est prise par le travail. Pierre m’offre ce dernier café. Je sors et me dirige vers le Fournil du Casino pour acheter mon déjeuner de Tégévé. « Au revoir Monsieur ! », entends-je crier derrière moi. Cette petite folle est sortie malgré sa maladie. Je lui fais signe d’approcher. « On se fait la bise, même si vous êtes malade », lui dis-je. « Vous l’êtes aussi alors ça s’annule. »
29 octobre 2025
Le ciel est orangé côté mer et gris côté terre ce mardi et mon début de rhume transformé en mal de gorge. En descendant au Quay des Brunes, je fais trois photos de Ty-Huel, l’ébouriffante construction plate et rose à tourelle.
Mon petit déjeuner terminé, je suis une fois encore le bord de la mer jusqu’au Portrieux puis arpente les ruelles intérieures de ce quartier autrefois habité par des pêcheurs. On y trouve de jolies maisons et la chapelle Sainte-Anne, toute blanche, un peu cachée par les arbres.
Ce début de matinée est ensoleillé. La terrasse du Poisson Rouge s’impose, face au Port où flottent les petits bateaux. Les commerçantes du coin prennent leur café quotidien en parlant des films qu’elles ont envie de voir. Comment ne pas faire oublier son âge ? En parlant du cinéma en l’appelant le cinoche.
Quand le ciel se couvre, je lève le camp et, sur le chemin de mon logis Air Bibi, m’arrête à la pharmacie dans l’espoir de contrer le mal de gorge qui a remplacé mon rhume. Je repars avec vingt-quatre comprimés à sucer arôme fraise et un spray aux huiles essentielles. Le tout pour treize euros. J’espère que ces friandises soulageront la douleur.
A midi, je rejoins le Café de la Plage. Au menu, c’est Pinsa Romana jambon de Bayonne pesto et burrata, brochette de bœuf riz basmati sauce satay, entremet aux trois chocolats. Hier, j’ai réservé une table haute dans le bar pour échapper aux familles à moutards de la salle de restaurant et j’ai bien fait. Elles sont aussi nombreuses que l’autre jour.
Je mets beaucoup de temps à manger à cause de ma gorge douloureuse. Point de café ce jour. Je me sens patraque. Je rentre à la maison pour me soigner et achever le rattrapage de publication de mon Journal.
Mon petit déjeuner terminé, je suis une fois encore le bord de la mer jusqu’au Portrieux puis arpente les ruelles intérieures de ce quartier autrefois habité par des pêcheurs. On y trouve de jolies maisons et la chapelle Sainte-Anne, toute blanche, un peu cachée par les arbres.
Ce début de matinée est ensoleillé. La terrasse du Poisson Rouge s’impose, face au Port où flottent les petits bateaux. Les commerçantes du coin prennent leur café quotidien en parlant des films qu’elles ont envie de voir. Comment ne pas faire oublier son âge ? En parlant du cinéma en l’appelant le cinoche.
Quand le ciel se couvre, je lève le camp et, sur le chemin de mon logis Air Bibi, m’arrête à la pharmacie dans l’espoir de contrer le mal de gorge qui a remplacé mon rhume. Je repars avec vingt-quatre comprimés à sucer arôme fraise et un spray aux huiles essentielles. Le tout pour treize euros. J’espère que ces friandises soulageront la douleur.
A midi, je rejoins le Café de la Plage. Au menu, c’est Pinsa Romana jambon de Bayonne pesto et burrata, brochette de bœuf riz basmati sauce satay, entremet aux trois chocolats. Hier, j’ai réservé une table haute dans le bar pour échapper aux familles à moutards de la salle de restaurant et j’ai bien fait. Elles sont aussi nombreuses que l’autre jour.
Je mets beaucoup de temps à manger à cause de ma gorge douloureuse. Point de café ce jour. Je me sens patraque. Je rentre à la maison pour me soigner et achever le rattrapage de publication de mon Journal.
28 octobre 2025
Un ciel gris, du vent et de la pluie, on peut se consoler en constatant qu’il fait moins froid, et même presque doux ce lundi. « Un temps de Toussaint », c’est le constat du jour au Quay des Brunes où chacun est en boucle. Celui qui marche parle de sa marche. Celui qui ne parle que de sa femme parle de Madame. Il est toutefois question d’un qui est tombé à la Pointe de Pordic, cinquante-cinq ans, pas vieux pourtant, le chemin est mauvais par là. Je l’avais constaté.
Sur la Plage du Casino, la pelleteuse est toujours à l’ouvrage. Il s’agit, dit la Mairie, de la « première phase de gestion des désordres avant reconstruction ». Le sentier qui mène au Portrieux est gadouilleux mais point dangereux. Je l’emprunte une nouvelle fois tandis qu’il mouillasse et en fais quelques photos. L’orage de septembre n’a pas seulement emporté un morceau de l’esplanade du Casino, il est aussi responsable de deux glissements de terrain qui diminuent de moitié la largeur du chemin. Un désordre qu’il va falloir gérer. Mon passage préféré est toujours celui où le Géherre semble tomber dans la mer.
Arrivé au bout, je réserve aux Plaisanciers puis m’installe à la terrasse du Poisson Rouge, où l’on est abrité quand il pleut et éclairé de soleil quand il fait une apparition. Le café bu, j’ouvre Almanach d’un comté des sables que je lis distraitement en regardant passer les autochtones et les vacanciers qui vont au marché du bout du Port. Les premiers font les courses. Pour les seconds, il s’agit d’une animation touristique gratuite qui permet d’occuper les enfants dont on ne sait jamais quoi faire. A côté, dans l’ancienne Mairie, c’est le jour de la donnerie que fréquentent uniquement des femmes d’un certain âge. Tu as chez toi quelque chose qui ne te sers pas, tu le donnes. Tu as besoin d’autre chose, tu le prends. A ma gauche, on fait preuve de naïveté en prenant pour sure la météo de Gougueule. A ma droite, on est dépité par le marché, on s’attendait à des étals de coquilles Saint-Jacques, y avait rien. Le monde est incertain et décevant.
Je migre à L’Ecume où opère celle que je prenais pour la patronne mais qui est la serveuse. A l’extérieur, cela ne s’arrange pas, de la pluie et de la brume. « C’est la boucaille », dit l’un. Je l’affronte sur cinquante mètres pour d’entrer aux Plaisanciers où des familles se donnent en spectacle, le papy, le tonton. Je souffre en silence.
En partant, je remercie les deux gentilles serveuses et la patronne. C’est mon dernier repas ici. Elles me disent que je reviendrai. Je réponds qu’on ne sait jamais. Il pleut toujours quand je rentre Villa Les Marronniers pour mettre en forme mon passé récent et le publier dans la foulée.
Vers quatorze heures trente, je rejoins le Café de la Plage pour le café.
« Je suis désolée, je n’ai pas eu le temps de répondre à votre dernier message », me dit Cristalle. C’est ouvert mercredi en raison des vacances donc impossible pour Gwin Zegal. « C’était de bon cœur », ajoute-t-elle. « Oui, je sais. » « Vous reviendrez, je serai toujours là. »
Sur la Plage du Casino, la pelleteuse est toujours à l’ouvrage. Il s’agit, dit la Mairie, de la « première phase de gestion des désordres avant reconstruction ». Le sentier qui mène au Portrieux est gadouilleux mais point dangereux. Je l’emprunte une nouvelle fois tandis qu’il mouillasse et en fais quelques photos. L’orage de septembre n’a pas seulement emporté un morceau de l’esplanade du Casino, il est aussi responsable de deux glissements de terrain qui diminuent de moitié la largeur du chemin. Un désordre qu’il va falloir gérer. Mon passage préféré est toujours celui où le Géherre semble tomber dans la mer.
Arrivé au bout, je réserve aux Plaisanciers puis m’installe à la terrasse du Poisson Rouge, où l’on est abrité quand il pleut et éclairé de soleil quand il fait une apparition. Le café bu, j’ouvre Almanach d’un comté des sables que je lis distraitement en regardant passer les autochtones et les vacanciers qui vont au marché du bout du Port. Les premiers font les courses. Pour les seconds, il s’agit d’une animation touristique gratuite qui permet d’occuper les enfants dont on ne sait jamais quoi faire. A côté, dans l’ancienne Mairie, c’est le jour de la donnerie que fréquentent uniquement des femmes d’un certain âge. Tu as chez toi quelque chose qui ne te sers pas, tu le donnes. Tu as besoin d’autre chose, tu le prends. A ma gauche, on fait preuve de naïveté en prenant pour sure la météo de Gougueule. A ma droite, on est dépité par le marché, on s’attendait à des étals de coquilles Saint-Jacques, y avait rien. Le monde est incertain et décevant.
Je migre à L’Ecume où opère celle que je prenais pour la patronne mais qui est la serveuse. A l’extérieur, cela ne s’arrange pas, de la pluie et de la brume. « C’est la boucaille », dit l’un. Je l’affronte sur cinquante mètres pour d’entrer aux Plaisanciers où des familles se donnent en spectacle, le papy, le tonton. Je souffre en silence.
En partant, je remercie les deux gentilles serveuses et la patronne. C’est mon dernier repas ici. Elles me disent que je reviendrai. Je réponds qu’on ne sait jamais. Il pleut toujours quand je rentre Villa Les Marronniers pour mettre en forme mon passé récent et le publier dans la foulée.
Vers quatorze heures trente, je rejoins le Café de la Plage pour le café.
« Je suis désolée, je n’ai pas eu le temps de répondre à votre dernier message », me dit Cristalle. C’est ouvert mercredi en raison des vacances donc impossible pour Gwin Zegal. « C’était de bon cœur », ajoute-t-elle. « Oui, je sais. » « Vous reviendrez, je serai toujours là. »
27 octobre 2025
C’est un plaisir de descendre au Quay des Brunes au même moment que les jours précédents mais à la lumière naturelle, grâce au changement d’heure de ce dernier dimanche d’octobre.
« La mer est mauvaise » « Y a de sacrés rouleaux » C’est ce que j’apprends des habitués avant même de l’avoir vue.
Effectivement, du sentier de randonnée on voit les chevaux de la mer se fracasser la tête la première. Je tente quelques photos. Rien de plus difficile qu’appuyer au bon moment. Surtout avec un appareil comme le mien. Il faudrait filmer. Je m’y refuse. Je n’aime pas les images qui bougent.
Des qui ne bougent pas, ce sont les pêcheurs à la ligne près de l’Ile de la Comtesse. Trois sont perchés chacun sur un îlot. Ils ne pourront les quitter qu’à la marée descendante. Il ne faut pas avoir le vertige, ni envie de faire pipi.
Il a plu toute la nuit. Le sentier est détrempé et couvert de flaques. Le Poisson Rouge non encore ouvert, je retrouve ma table du coin à L’Ecume. Faute de mieux, je poursuis la lecture d’Almanach d’un comté des sables sans trouver quoi que ce soit à noter. Trois jeunes femmes sont à une table voisine. L’une : « Moi, j’ai remis mon manteau » puis se reprenant « J’ai remise mon manteau ». Ensuite elles comparent les avantages de leurs machines à laver respectives.
Cela m’aurait plu de déguster encore une fois les huîtres du dimanche au Quay des Brunes. Le temps ne s’y prête pas. En bas de mon logement provisoire, j’achète à l’étudiante du dimanche un bagnat au thon et une part de tarte à la mirabelle. Je pique-nique au second étage.
Le temps froid me conduit à ne pas ressortir et à poursuivre l’effort de rattrapage de la publication de mon journal. J’avance assez vite, le texte ayant été enregistré quotidiennement via le micro de mon smartphone. Je n’ai que les corrections à faire. Je ne sais pas si c’est une bonne chose, mais depuis qu’il a redémarré, je n’éteins pas mon ordinateur, lui rabattant le couvercle.
Avec tout ça (comme dirait l’autre), j’ai chopé un semblant de rhume.
*
Le problème du moment à Saint-Quay : les conteneurs de tri des ordures ménagères sont désormais ouvrables à l’aide d’un badge que beaucoup n’ont pas encore reçu. Ceux qui n’en ont pas en cherchent. Ceux qui en ont un ne veulent pas le prêter, ils disent qu’ils n’en ont pas.
« La mer est mauvaise » « Y a de sacrés rouleaux » C’est ce que j’apprends des habitués avant même de l’avoir vue.
Effectivement, du sentier de randonnée on voit les chevaux de la mer se fracasser la tête la première. Je tente quelques photos. Rien de plus difficile qu’appuyer au bon moment. Surtout avec un appareil comme le mien. Il faudrait filmer. Je m’y refuse. Je n’aime pas les images qui bougent.
Des qui ne bougent pas, ce sont les pêcheurs à la ligne près de l’Ile de la Comtesse. Trois sont perchés chacun sur un îlot. Ils ne pourront les quitter qu’à la marée descendante. Il ne faut pas avoir le vertige, ni envie de faire pipi.
Il a plu toute la nuit. Le sentier est détrempé et couvert de flaques. Le Poisson Rouge non encore ouvert, je retrouve ma table du coin à L’Ecume. Faute de mieux, je poursuis la lecture d’Almanach d’un comté des sables sans trouver quoi que ce soit à noter. Trois jeunes femmes sont à une table voisine. L’une : « Moi, j’ai remis mon manteau » puis se reprenant « J’ai remise mon manteau ». Ensuite elles comparent les avantages de leurs machines à laver respectives.
Cela m’aurait plu de déguster encore une fois les huîtres du dimanche au Quay des Brunes. Le temps ne s’y prête pas. En bas de mon logement provisoire, j’achète à l’étudiante du dimanche un bagnat au thon et une part de tarte à la mirabelle. Je pique-nique au second étage.
Le temps froid me conduit à ne pas ressortir et à poursuivre l’effort de rattrapage de la publication de mon journal. J’avance assez vite, le texte ayant été enregistré quotidiennement via le micro de mon smartphone. Je n’ai que les corrections à faire. Je ne sais pas si c’est une bonne chose, mais depuis qu’il a redémarré, je n’éteins pas mon ordinateur, lui rabattant le couvercle.
Avec tout ça (comme dirait l’autre), j’ai chopé un semblant de rhume.
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Le problème du moment à Saint-Quay : les conteneurs de tri des ordures ménagères sont désormais ouvrables à l’aide d’un badge que beaucoup n’ont pas encore reçu. Ceux qui n’en ont pas en cherchent. Ceux qui en ont un ne veulent pas le prêter, ils disent qu’ils n’en ont pas.
26 octobre 2025
Je suis à nouveau le seul occupant de la Villa Les Marronniers. Mon studio dispose d’un moderne radiateur électrique réglé sur dix-neuf degrés mais, comme il est vaste, je n’ai pas chaud. Il fait presque froid désormais en Bretagne. N’ayant emporté que ma veste d’été à grandes poches, je porte en permanence par-dessus mon coupe-vent et, autour du cou, une écharpe.
Ce samedi matin, le ciel est gris au-dessus de la piscine d’eau de mer. Celle-ci est noyée sous les flots de la marée haute. A marée basse, pas question pour moi d’en faire le tour comme en juin il y a deux ans car le garde-corps a été retiré pour l’hiver et je crains le vertige. J’étais monté en haut du plongeoir pour faire une photo. Là, c’est une photo du plongeoir que je fais, puis d’autres de mon parcours du matin, ayant pu décharger la mémoire de mon appareil photo car le vingt-quatre octobre, en lui tapant dessus, j’ai réussi à faire redémarrer mon ordinateur. Cela a permis la reprise de la publication de mon Journal.
La mer est formée, comme disent les marins. De belles vagues s’écrasent sur la côte rocheuse en grondant. A l’arrivée, je réserve aux Plaisanciers puis m’assois à la terrasse du Poisson Rouge. Le soleil est momentanément de retour. J’ouvre Almanach d’un comté des sables d’Aldo Leopold. C’est un texte dans lequel il est question de la nature, des arbres, des animaux, ce qui m’intéresse peu, et ce Leopold a un chien qui le suit partout, ce qui me le rend antipathique. A la table voisine s’installe un quatuor de touristes pénibles, des Eurois, qui se réjouissent par avance de déjeuner aux Viviers de Saint-Marc à Tréveneuc. Je ne juge pas utile de leur dire que c’est fermé jusqu’en avril.
Quand j’ai trop frais, je migre vers L’Ecume pour un autre café lecture. Une tablée de six femmes à cheveux blancs se plaint de Saint-Brieuc : « C’est de plus en plus triste » « On n’a plus envie d’y aller ».
La pluie est de retour quand je fais les cinquante mètres jusqu’aux Plaisanciers où le plat du jour est la tartiflette.
Il en est de même quand je ressors. Ce n’est pas un temps à rester dehors. Comme j’ai du retard à rattraper dans la publication de mon journal, direction mon logis provisoire par le sentier du littoral.
*
La piscine d’eau de mer de Saint-Quay, chacun peut la voir à la télévision publique où parfois elle annonce les publicités. Un homme saute de son plongeoir.
Ce samedi matin, le ciel est gris au-dessus de la piscine d’eau de mer. Celle-ci est noyée sous les flots de la marée haute. A marée basse, pas question pour moi d’en faire le tour comme en juin il y a deux ans car le garde-corps a été retiré pour l’hiver et je crains le vertige. J’étais monté en haut du plongeoir pour faire une photo. Là, c’est une photo du plongeoir que je fais, puis d’autres de mon parcours du matin, ayant pu décharger la mémoire de mon appareil photo car le vingt-quatre octobre, en lui tapant dessus, j’ai réussi à faire redémarrer mon ordinateur. Cela a permis la reprise de la publication de mon Journal.
La mer est formée, comme disent les marins. De belles vagues s’écrasent sur la côte rocheuse en grondant. A l’arrivée, je réserve aux Plaisanciers puis m’assois à la terrasse du Poisson Rouge. Le soleil est momentanément de retour. J’ouvre Almanach d’un comté des sables d’Aldo Leopold. C’est un texte dans lequel il est question de la nature, des arbres, des animaux, ce qui m’intéresse peu, et ce Leopold a un chien qui le suit partout, ce qui me le rend antipathique. A la table voisine s’installe un quatuor de touristes pénibles, des Eurois, qui se réjouissent par avance de déjeuner aux Viviers de Saint-Marc à Tréveneuc. Je ne juge pas utile de leur dire que c’est fermé jusqu’en avril.
Quand j’ai trop frais, je migre vers L’Ecume pour un autre café lecture. Une tablée de six femmes à cheveux blancs se plaint de Saint-Brieuc : « C’est de plus en plus triste » « On n’a plus envie d’y aller ».
La pluie est de retour quand je fais les cinquante mètres jusqu’aux Plaisanciers où le plat du jour est la tartiflette.
Il en est de même quand je ressors. Ce n’est pas un temps à rester dehors. Comme j’ai du retard à rattraper dans la publication de mon journal, direction mon logis provisoire par le sentier du littoral.
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La piscine d’eau de mer de Saint-Quay, chacun peut la voir à la télévision publique où parfois elle annonce les publicités. Un homme saute de son plongeoir.
25 octobre 2025
Le cri de la chouette m’accompagne vers le Quay des Brunes ce vendredi matin. Je slalome entre les stands du Marché en cours d’installation dans le noir. Cette fichue heure d’été vit ses derniers jours. Vivement dimanche et l’heure d’hiver.
Il est temps d’achever mon carnet de tickets BreizhGo acheté lors de mon arrivée à Saint-Brieuc en allant à Plouézec avec le car de neuf heures onze. En l’attendant, j’assiste à l’arrivée de la pelleteuse destinée à la réparation des dégâts de l’orage du vingt-deux septembre. Une savante manœuvre en marche arrière permet au camionneur qui la transporte de la descendre sur la Plage du Casino.
Je descends à l’arrêt Stade. Tout près est le restaurant La Horaine où je retiens une table pour midi. J’entre dans le centre du bourg. La grosse église et la Mairie sont entourées de quelques commerces, dont une boulangerie où j’achète un pain au chocolat à un euro vingt. Je le mange avec un allongé à un euro quarante au café d’à côté. Des cancanières du pays sont à l’ouvrage. L’une arrive en pétard. Elle sort de chez le médecin qui ne s’est pas réveillé. Il est dix heures, tous les premiers rendez-vous dont le sien sont remis à demain matin. « Mais il ne travaille pas le samedi. » « Bah là, il est obligé. » C’est la fille d’une déjà là et la mère d’une fille de douze ans pas là. A la maison, cette fille dort à l’étage. Dans la chambre voisine, un jeune majeur hébergé par la mère. Elle les soupçonne de coucher ensemble. « Ce qui m’embête, c’est qu’elle est pas sous pilule. » « Sa sœur elle a fait la même chose au même âge, mais au moins elle était sous pilule. » L’homme de la table trouve que douze ans, c’est jeune. « Qu’est-ce qu’elle fera quand elle aura quinze ans ? »
Je parcours là sans y trouver d’intérêt le Dix Dix-Huit du Colloque de Cerisy consacré à Duchamp puis je vais visiter l’église. Elle est aussi triste que celle de Plouha. L’accumulation de statues et de meubles lui donne l’aspect d’une brocante. Entre l’église et la Mairie est une boîte à livres. J’y trouve Almanach du comté des sables d’Aldo Leopold (GF Flammarion), un livre dont j’ignorais l’existence.
Comme une drache est à venir, je m’abrite préventivement au Bar Tabac Le Cheval Blanc. Au comptoir, on parle des pêcheurs bretons qui se sont fait gauler en pêche illégale près des côtes d’Irlande.
Le ciel redevenu bleu, j’entre à La Horaine à midi. On y pratique le self intégral : buffet d’entrées, plat servi à la louche par le patron, dessert en assiette. C’est un lieu où les ouvriers passent un long moment à picoler au bar avant de déjeuner. Au moment de payer mes seize euros, la machine plante. Ce qui me vaut de ne payer que quinze en liquide.
Une nouvelle drache est à l’horizon quand je traverse la route pour rejoindre l’arrêt du car. Une vieille, cramponnée à son sac, est déjà là à éternuer. Quand le treize heures vingt-deux arrive, elle n’y monte pas. Etrange bourgade que Plouézec.
*
En face de la boulangerie, sur la plaque d’une psychologue : « Thérapie brève, Hypnose, Bilan de compétences. »
Il est temps d’achever mon carnet de tickets BreizhGo acheté lors de mon arrivée à Saint-Brieuc en allant à Plouézec avec le car de neuf heures onze. En l’attendant, j’assiste à l’arrivée de la pelleteuse destinée à la réparation des dégâts de l’orage du vingt-deux septembre. Une savante manœuvre en marche arrière permet au camionneur qui la transporte de la descendre sur la Plage du Casino.
Je descends à l’arrêt Stade. Tout près est le restaurant La Horaine où je retiens une table pour midi. J’entre dans le centre du bourg. La grosse église et la Mairie sont entourées de quelques commerces, dont une boulangerie où j’achète un pain au chocolat à un euro vingt. Je le mange avec un allongé à un euro quarante au café d’à côté. Des cancanières du pays sont à l’ouvrage. L’une arrive en pétard. Elle sort de chez le médecin qui ne s’est pas réveillé. Il est dix heures, tous les premiers rendez-vous dont le sien sont remis à demain matin. « Mais il ne travaille pas le samedi. » « Bah là, il est obligé. » C’est la fille d’une déjà là et la mère d’une fille de douze ans pas là. A la maison, cette fille dort à l’étage. Dans la chambre voisine, un jeune majeur hébergé par la mère. Elle les soupçonne de coucher ensemble. « Ce qui m’embête, c’est qu’elle est pas sous pilule. » « Sa sœur elle a fait la même chose au même âge, mais au moins elle était sous pilule. » L’homme de la table trouve que douze ans, c’est jeune. « Qu’est-ce qu’elle fera quand elle aura quinze ans ? »
Je parcours là sans y trouver d’intérêt le Dix Dix-Huit du Colloque de Cerisy consacré à Duchamp puis je vais visiter l’église. Elle est aussi triste que celle de Plouha. L’accumulation de statues et de meubles lui donne l’aspect d’une brocante. Entre l’église et la Mairie est une boîte à livres. J’y trouve Almanach du comté des sables d’Aldo Leopold (GF Flammarion), un livre dont j’ignorais l’existence.
Comme une drache est à venir, je m’abrite préventivement au Bar Tabac Le Cheval Blanc. Au comptoir, on parle des pêcheurs bretons qui se sont fait gauler en pêche illégale près des côtes d’Irlande.
Le ciel redevenu bleu, j’entre à La Horaine à midi. On y pratique le self intégral : buffet d’entrées, plat servi à la louche par le patron, dessert en assiette. C’est un lieu où les ouvriers passent un long moment à picoler au bar avant de déjeuner. Au moment de payer mes seize euros, la machine plante. Ce qui me vaut de ne payer que quinze en liquide.
Une nouvelle drache est à l’horizon quand je traverse la route pour rejoindre l’arrêt du car. Une vieille, cramponnée à son sac, est déjà là à éternuer. Quand le treize heures vingt-deux arrive, elle n’y monte pas. Etrange bourgade que Plouézec.
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En face de la boulangerie, sur la plaque d’une psychologue : « Thérapie brève, Hypnose, Bilan de compétences. »
24 octobre 2025
Toute la nuit, elle souffle la tempête Benjamin, percutant le second étage de la Villa Les Marronniers. D’autant plus fort que cette villa est isolée et domine son environnement.
Pourtant je dors aussi bien (ou aussi mal) que d’habitude. Au matin, je me dispense du petit-déjeuner au Quay des Brunes, me contentant de descendre dans la cour au Fournil de Saint-Quay et d’en remonter avec deux crêpes. Un sachet de thé remplace le café.
Je renonce également à la marche sur le Géherre, craignant le danger que représente l’escalier qui descend droit sur la mer à la Pointe du Sémaphore. Je rejoins le bord de mer dans sa partie la plus sécurisée après l’Ile de la Comtesse, laquelle est entourée par des eaux agitées. A proximité, un bateau de pêche affronte les éléments.
D’autres pêcheurs sont au comptoir de L’Ecume, guère bavards. Un arrivant jette un froid supplémentaire. « Ma femme est à l’hôpital. Elle a un cancer des ovaires. C’est foutu. Y a plus qu’à attendre. » Je prends un café à ma table du coin puis ouvre Souvenirs pieux. Il y est question du temps qui passe et du temps qu’il fait. Le temps passait sans qu’on sut comment. (…) Le temps ne favorisait ni les émotions tendres, ni les toilettes claires.
Après le sauté de poulet sauce miel et moutarde des Plaisanciers, je retourne à L’Ecume pour le café. A la pluie succèdent des averses. Le vent est toujours fort, mais une femme est déçue de ne pas trouver à Saint-Quay la tempête qu’on lui a promise à la télévision.
*
Je suis, quant à moi, déçu d’arriver au bout de Souvenirs pieux, m’étant découvert une grande dilection pour l’écriture autobiographique de Marguerite Yourcenar. Il me faudra trouver la suite chez Book-Off ou ailleurs : Archives du Nord et Quoi ? L’éternité.
Pourtant je dors aussi bien (ou aussi mal) que d’habitude. Au matin, je me dispense du petit-déjeuner au Quay des Brunes, me contentant de descendre dans la cour au Fournil de Saint-Quay et d’en remonter avec deux crêpes. Un sachet de thé remplace le café.
Je renonce également à la marche sur le Géherre, craignant le danger que représente l’escalier qui descend droit sur la mer à la Pointe du Sémaphore. Je rejoins le bord de mer dans sa partie la plus sécurisée après l’Ile de la Comtesse, laquelle est entourée par des eaux agitées. A proximité, un bateau de pêche affronte les éléments.
D’autres pêcheurs sont au comptoir de L’Ecume, guère bavards. Un arrivant jette un froid supplémentaire. « Ma femme est à l’hôpital. Elle a un cancer des ovaires. C’est foutu. Y a plus qu’à attendre. » Je prends un café à ma table du coin puis ouvre Souvenirs pieux. Il y est question du temps qui passe et du temps qu’il fait. Le temps passait sans qu’on sut comment. (…) Le temps ne favorisait ni les émotions tendres, ni les toilettes claires.
Après le sauté de poulet sauce miel et moutarde des Plaisanciers, je retourne à L’Ecume pour le café. A la pluie succèdent des averses. Le vent est toujours fort, mais une femme est déçue de ne pas trouver à Saint-Quay la tempête qu’on lui a promise à la télévision.
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Je suis, quant à moi, déçu d’arriver au bout de Souvenirs pieux, m’étant découvert une grande dilection pour l’écriture autobiographique de Marguerite Yourcenar. Il me faudra trouver la suite chez Book-Off ou ailleurs : Archives du Nord et Quoi ? L’éternité.
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