Le Journal de Michel Perdrial

Le Journal de Michel Perdrial




Loïc Boyer
Je suis l’auteur de textes courts qui furent publiés depuis mil neuf cent quatre-vingt-quinze dans des revues littéraires en France (Supérieur Inconnu, Supplément d’Ame, Nouvelle Donne, Le Bord de l’Eau, Pris de Peur, l’Art du Bref, Sol’Air, Gros Textes, Salmigondis, Verso, Décharge, Bulle, Filigranes, Diérèse, Martobre, Comme ça et Autrement, (Cahier d’) Ecritures, La Nef des Fous), en Belgique (Traversées, Ecrits Vains, L’Arbre à Plumes, Inédit Nouveau, Bleu d’Encre), au Canada (Les Saisons Littéraires) et en Italie (Les Cahiers du Ru).
Les courageuses Editions du Chardon ont publié en mil neuf cent quatre-vingt-dix-neuf Erotica, un recueil de vingt-huit de ces textes, illustré par Isabelle Pio et Antoine Lopez et préfacé par Sarane Alexandrian, toujours disponible auprès de moi.
Je suis également l’auteur d’une pièce de théâtre et de plusieurs romans ou récits à ce jour inédits.
Depuis le onze novembre deux mille six, je publie mon Journal via Internet, un temps sous-titré Persiflages, moquages et autres énervages mâtinés de complimentages et de contentages. Sa première partie est lisible chez Eklablog, la deuxième ici.
Je vis au centre de Rouen dans un ancien monastère où autrefois les Sœurs de la Miséricorde se vouaient à l’éducation des jeunes filles.







Rss

18 septembre 2025


Compliqué, le réseau des bus Tub à Saint-Brieuc, il y a ceux que l’on prend à la Gare Ferroviaire, ceux que l’on prend de l’autre côté de la passerelle à la Gare Routière, ceux que l’on prend au Centre Commercial Les Champs et d’autres qui partent de rues et de boulevards improbables, comme le Dix que je veux prendre ce mercredi pour aller au Petit Havre (commune de Pordic). De plus, avec ce Dix, il faut veiller à choisir le bon car il y a trois terminus différents. Le mien de terminus est L’Herminier, l’horaire : neuf heures dix, le point de départ : rue du Combat des Trente. Un lieu que je rejoins pédestrement après mon petit-déjeuner, un combo Pôse de Valentine Bar La Passerelle.
En chemin, la voix du bus annonce « Prochain arrêt : Avenir » (il y en a donc encore un) puis un arrêt Aldo Moro. Je descends à l’avant-dernier, Petit Havre, puis prends la route du Petit Havre qui descend rudement vers la plage du Petit Havre. La mer est visible, bleue comme il faut, plus lointaine qu’elle n’a l’air.
J’y arrive enfin. Cette plage est coincée entre deux pointes rocheuses. Le Géherre est ardu à cet endroit. Je m’y risque vers la Pointe de Pordic, attaque une première volée de marches en bois abîmées, puis une seconde en pire état et ça monte encore. Je renonce et ai un peu de mal à redescendre ces escaliers.
Il n’y a rien pour s’asseoir près de la plage. Je remonte, ce qui est déjà épuisant, à l’arrêt de bus, un simple poteau. Le prochain Dix de retour est à onze heures cinquante-cinq et il est dix heures et quart. Le centre du bourg est trop loin pour y aller à pied. Je reprends la marche jusqu’au terminus L’Herminier. J’y trouve un abribus avec un banc et des toilettes. De quoi survivre.
Je suis en train d’écrire cela et prêt à lire longuement sous cet abri quand la barrière de la maison d’en face s’ouvre. Un homme de mon âge s’apprête à sortir sa voiture. Je traverse, lui explique mon problème et lui demande s’il peut m’emmener au bourg. Il accepte et me voilà sauvé.
Je le remercie bien quand nous arrivons au pied de l’église. Un café est à côté, le bien nommé Bar L’Arrivée. Lui ira après ses courses. J’y vais sans attendre. « Vous écrivez vos mémoires ? » me demande l’homme de la table d’à côté dont la vêture est originale ou excentrique (comme on voudra). Souvent, j’envoie balader quand on me pose ce genre de question mais là non. « Je raconte mon voyage », lui dis-je.
La conversation s’engage. C’est surtout lui qui parle. Un comédien de théâtre et de cinéma qui écrit, dessine et fait des performances. Par ailleurs petit-fils du Colonel Rémy. Son nom : François Genty aka SangFroidGitan. Il va ouvrir un centre de cure ayurvédique avec hébergement en dortoir sur tatami à Etables au-dessus de Binic. Je lui raconte comment j’ai été conduit ici par un autochtone alors que j’étais coincé près de la mer. « Et comment s’appelle ce bar ? », me demande-t-il. « L’Arrivée. » « Il n’y a pas de hasard. » Ce grand manipulateur de mots est calé en numérologie et autres sciences plus ou moins occultes. Il me donne son interprétation de mon prénom et de mon patronyme. Tout conduit à faire de moi un ermite. Il calcule je ne sais quoi à propos de mon avenir et arrive toujours au nombre neuf. Et neuf, bien sûr, c’est le renouveau, on repart à zéro. Il me promet une nouvelle vie pour l’an prochain. Le sceptique que je suis l’écoute avec plaisir pendant un bon moment puis je lui annonce que je vais faire le tour de Pordic.
C’est vite fait. Il n’y a que l’église à voir. A l’ombre de celle-ci, je trouve l’Hôtel Restaurant Le Perroquet où on loue des chambres à un prix pas vu depuis longtemps : pour une personne, trente euros hors saison, quarante-cinq euros en saison, douche et vécé dans le couloir bien sûr. On y propose un menu ouvrier à douze euros cinquante donnant droit à entrée plat fromage dessert vin et café. J’entre réserver puis retourne boire un café à L’Arrivée, en terrasse cette fois (un euro quarante).
Au Perroquet, l’entrée est une assiette préparée à l’avance, le plat un couscous poulet merguez, la carafe de vin rouge généreuse, l’eau minérale Cristaline, le pain rustique et excellent. Comme dessert, je choisis une tarte aux pommes qui s’avère délicieuse. Quelques hommes seuls mangent ici ainsi qu’un couple que je pense être des touristes. Le mobilier date des années soixante-dix. Derrière le comptoir, une affiche « Coluche candidat » éditée par Charlie Hebdo. Cet endroit est une sorte de Musée de l’Hôtellerie. J’en sors fort content. Cette journée mal partie est bien retombée sur ses pieds (si j’ose dire).
Je retourne à L’Arrivée pour un autre café en terrasse et ouvre le Bouquins Laffont Œuvres complètes de Paul-Jean Toulet (poésie, romans, nouvelles et contes, théâtre, essais et notes, journaux, correspondance). Ce livre épais s’ouvre sur un portrait de Paul-Jean Toulet par Bernard Delvaille qui commence ainsi : On ne lit pas Toulet sans quelque plaisir pervers.
Cela débute par ses Contrerimes.
Ainsi :
Embrassez-moi, petite fille,
Là, bien. Quoi de nouveau ?
As-tu retrouvé le cerveau
Qui manque à ta famille ?
et aussi ceci :
A Londres, j’ai connu Bella,
Princesse moins lointaine
Que son mari le capitaine
Qui n’était jamais là.
Il y a un bus Dix pour rentrer à quatorze heures quarante-quatre. L’arrêt est devant la Poste.  Pordic, tu serais parfaite si ton centre avait les pieds dans l’eau.
                                                                         *
« Des excuses, c’est comme le trou du cul, tout le monde en a. » (le patron de La Passerelle). Il adore tuer les mouches avec sa raquette électrique.
                                                                         *
Le soir venu, je regarde un portrait de SangFroidGitan « à la fois calme et totalement barré » par le vidéaste Cédric Barbier. Ça date d’il y a onze ans mais il est toujours lui-même.

17 septembre 2025


Deuxième passage à Quintin ce mardi, le car BreizhGo Deux Cent Cinq me dépose au lieu-dit La Vallée. Le marché va tranquillement, comme la semaine dernière.
Au début de la Grande Rue, au rez-de-chaussée d’une belle demeure à pans de bois, est la librairie Le Marque Page, vaste et chaleureuse, tenue par un libraire à lunettes rouges et bonne tête. « Je viens voir l’exposition », lui dis-je. « C’est tout au fond. » Je lui demande si je peux prendre des photos. « Oui, bien sûr. »
Je ne connais qu’un tableau de Lise Levitsky, celui que j’ai vu sur le site du Télégramme, son autoportrait. Il me plaît. C’est lui que l’on rencontre sur la droite dans l’avant-dernière salle. Dans la dernière se trouve le reste de son œuvre picturale, de l’abstraction géométrique. Rien d’original mais ça se regarde.
L’exposition est visible depuis le début du mois. Rien n’est vendu. Le livre d’or n’a été signé que par trois personnes. J’ajoute une trace de mon passage : « Une belle initiative » et je signe. Cette initiative est due à la filleule de l’artiste, Sophie Alexinsky, et au libraire, Gilles Perrotin. Lise Levitsky vivait non loin de Quintin, à Plœuc-Lhermitage (dans la partie Lhermitage), m’apprend-il.
Elisabeth Levitsky, dite Lise, dite Elisa, apprentie peintre et future psychanalyste, rencontra Lucien Ginsburg lors d'un cours de peinture en mars mil neuf cent quarante-sept. Elle avait alors vingt et un ans, le futur Serge Gainsbourg étant de deux ans son cadet. Elle fut sa première femme entre mil neuf cent cinquante et un et mil neuf cent cinquante-sept. D’après sa filleule, Gainsbourg continua à la voir jusqu’à sa mort. Il est dit aussi que c’est à propos d’elle qu’il écrivit Elisa, mais ça ne colle pas, me dis-je, puisqu’il est question d’un homme de quarante ans et d’une femme de vingt dans cette chanson (on va dire que je cherche des poux).
J’écris cela au Toujours un P’tit Trou où je prends un café verre d’eau parmi les locaux qui papotent après leurs courses, une tablée d’hommes, une tablée de femmes. Ces dernières parlent d’un homme. « A trente-cinq ans, il a jamais eu personne. Bizarre. »
C’est encore un temps de nuages et d’éclaircies. Il me permet de faire le tour de l’étang. A l’issue, je prends place sur un banc en face de celui-ci et sors Balzac de mon sac. Comme j’ai été heureux quand je me suis trouvé en wagon. écrit-il à Madame Hanska tandis qu’il voyage vers elle. C’est la lettre Quatre Cent Quarante-Quatre. Elle est suivie d’une note : « On vient de lire la dernière lettre de Balzac à Madame Hanska qu’il ne quittera plus. Il l’épousera en Ukraine le 14 mars 1850 avant de regagner Paris avec elle pour y mourir. »
Il est onze heures trente. Je passe réserver à La Vallée puis retourne m’asseoir sur un banc près de l’étang. Une jeune et jolie sportive me dit bonjour puis en fait le tour en courant à fond. Sa queue de cheval va de gauche à droite comme un métronome. Elle en est à son huitième tour quand elle s’arrête. Il est midi moins cinq, je me lève et traverse la route.
J’ai la même table à l’extérieur. Le buffet d’entrée a été renouvelé et est accompagné par une délicieuse mayonnaise maison. En plat du jour, je choisis la langue de bœuf frites salade et en dessert, la crème caramel.
Il me reste une demi-heure, que je passe au bord de l’étang, avant que le car du retour arrive. Il me dépose à la Gare Routière de Saint-Brieuc. J’enjambe les voies ferrées par la passerelle et entre au Bistrot Gourmand pour boire un café et lire les appendices de la correspondance de Balzac avec Madame Hanska, d’abord l’inventaire de son appartement de la rue Fortunée puis les lettres de celle-ci envoyées de France à sa fille Anna avant et après la mort de l’écrivain. J’apprends ainsi qu’Eve Hanska, devenue Madame de Balzac, s’est vite consolée, d’abord avec le jeune Champfleury qui projetait d’écrire une étude à la mémoire de Balzac, puis avec le peintre Jean Gigoux.
                                                                      *
Dans la librairie Le Marque Page, une affiche du libraire pour se plaindre des vols de livres. Il a dû installer des caméras.

16 septembre 2025


« On vous changera les draps au milieu du mois », m’a dit mon logeur à mon arrivée. Quand je le rappelle par message à sa femme, je lui précise « Vous pouvez faire ça en ma présence ou en mon absence ». Moyennant quoi, elle se présente dimanche en fin d’après-midi avec un sac contenant le nécessaire, qu’elle me remet, et débrouille-toi mon bonhomme. Il est vrai que je ne suis pas à l’hôtel. Je commence la semaine par cette tâche imposée, maudissant l’inventeur de la couette.
Durant ma descente au « cœur de ville » ce lundi, je croise les habituels élèves des Collèges et Lycées, par centaines, du privé et du public. Je suis étonné de les voir si calmes. Au centre de Saint-Brieuc, ce qui est calme, c’est la ville elle-même. Quasiment personne dans les rues piétonnières. A croire qu’il n’y a que la jeunesse pour se lever matin.
Un désagrément m’attend : le Bistrot de la Poste est fermé pour une raison inconnue. Je dois me rabattre, rien d’autre n’étant ouvert, sur La Cigogne, un étroit bar tabac derrière la Cathédrale. L’ambiance est sinistre. Un type au comptoir exige six sucres pour son café. Un autre raconte qu’il postule pour un emploi à sept mille euros au Canada. Le patron porte un pull taché sur sa bedaine. Un euro soixante-dix, son allongé. Je lui fais répéter le prix tellement j’en suis surpris. Dans la région, il est toujours à un euro soixante.
Quand je repasse devant le Bistrot de la Poste, je le vois ouvert et en travaux. Il était pourtant parfait. Je me mets à la recherche d’une pharmacie ouverte. Je la trouve rue Saint-Guillaume, la Pharmacie d’Arvor Giphar. Le Cosidime pour mes yeux est toujours manquant mais son générique est là.
Plus haut, j’entre à La Taverne, « table de caractère », la brasserie un peu chic de la ville, ouverte sept jours sur sept, mais seulement à neuf heures et demie. C’est le moment de mon expresso verre d‘eau Balzac, un euro soixante seulement.
Au moment où je veux partir à la recherche d’un endroit où déjeuner, il se met à rudement pleuvoir. Je décide de rester à La Taverne. Fort aimablement installé par la principale serveuse, une jeune femme noire prénommée Hortense, un prénom qui m’enchante, j’attends midi.
J’opte pour la formule plat du jour et café gourmand à dix-huit euros. Ce plat du jour est une escalope de saumon, crème de moules, fondue de poireaux, champignons. La clientèle se partage entre bourgeoisie d’ici et bourgeoisie d’ailleurs avec leur étalage de petites histoires de familles médiocres. Un couple déjeune avec « la box », à qui la serveuse annonce moins vingt euros sur ce qu’ils prendront. Cela ne les enchante pas. La femme conteste. Le tavernier est obligé de lui fournir les imprimés de l’entreprise qui leur a vendu ce truc. Derrière moi, ce sont deux sœurs et leurs maris. L’une au téléphone : « Les chats vont bien ? Les plantes sont arrosées ? »
Je suis étonné de la profusion de pâtisseries entourant ma tasse de café : far, glace au chocolat, mousse au chocolat, meringue et crème brûlée. Je comprends pourquoi quand, au règlement, on me l’annonce à neuf euros. Ça ne devait pas être celui de la formule. On s’est trompé. Bien sûr, je ne paie que dix-huit euros pour le tout.
Une rapide étape chez U pour assurer ma survie du soir et, profitant du retour du soleil, je m’installe à ma table attitrée au Transat Kafé. Balzac est une nouvelle fois en route pour l’Ukraine. Cette fois, il compte bien se marier. Quoique toujours endetté. Voyez-vous comme je deviens gai, sachant que je quitte cet affreux Paris, mais hélas, les dépenses du voyage commencent.
                                                                   *
Pendant que ceux qui nous gouvernent bricolent, sous la houlette des cathos tendance Retailleau, une loi restrictive sur la fin de vie, le Tribunal de Paris juge, à partir de ce lundi, douze adhérents d’Ultime Liberté âgés de soixante-quinze à quatre-vingt-neuf ans pour avoir aidé des personnes, malades ou non, à se procurer du pentobarbital, commercialisé sous le nom de Nembutal, afin de leur permettre de se suicider. On leur reproche l’« importation en contrebande de marchandise dangereuse », l’« acquisition et détention de substances illicites » et la complicité de ces délits.
Le point positif de ce procès, c’est qu’il fait découvrir Ultime Liberté, cette association devenue mienne depuis que j’ai quitté la mollassonne Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité, à un tas de gens qui ignoraient son existence, comme je le constate sur sa page du réseau social Effe Bé.

15 septembre 2025


Dans quelque ville française que ce soit, le dimanche est un jour à moitié sinistré. Une plaie de devoir attendre à Saint-Brieuc jusqu’à neuf heures trente le premier car BreizhGo pour Binic. La conséquence en est que je ne petit-déjeune qu’à partir de dix heures et quart au Narval pendant que l’un se plaint de la disparition de son journal.
On finit par le retrouver en terrasse, circulant, après avoir été emprunté par un premier qui pensait que c’était celui du bar. « C’est pas normal qu’on me le pique sur ma table », peste son propriétaire. Il veut connaître le coupable, que la serveuse l’identifie puisqu’on est tous filmés avec la caméra. « Les nouvelles sont fraîches au moins ? » lui demande quelqu’un soucieux de le calmer. « Plus que toi ! »
Le calme est revenu lorsque je mets le pied dehors. Après avoir réservé pour midi à La Sentinelle, j’affronte le ciel uniformément gris et la falaise par le Géherre direction Saint-Quay-Portrieux. J’ai réalisé un jour l’exploit de relier pédestrement le Port de Binic à celui de Saint-Quay par le sentier douanier. Aujourd’hui, je me contente de marcher quelques centaines de mètres et d’observer la mer et la plage de là-haut pendant que le soleil tente une percée.
Redescendu, j’assiste au départ de deux voiliers, ce port n’est pas mort, puis m’assois au bout de la passerelle après avoir prélevé dans la boîte à livres Par les routes de Sylvain Prudhomme (L’Arbalète/Gallimard). L’attraction du jour à Binic se trouve à ma droite, au-dessus de la plage, une concentration de véhicules de collection, la spécialité de l’endroit il faut croire. L’entends-tu ronfler mon vieux moteur ?
J’ai une table sous la véranda à La Sentinelle. Le vieil alcoolo du bar est encore là qui rentre chez lui plus rubicond que jamais. Je découvre que le menu du jour à dix-huit euros est servi même le dimanche (j’aurais pu m’éviter le piètre burgueur de Jeff la semaine dernière). Mon entrée est une aumônière du pêcheur et mon plat un suprême de poulet sauce Vallée d’Auge, cela bien cuisiné. Suit, offert, l’équivalent du trou normand, un trou breton, petit verre de vodka au caramel beurre salé. Enfin vient mon dessert, un croustillant pomme rhubarbe.
Je fais alors un nouveau tour du port sous un petit soleil puis reviens en longeant la plage. Deux fillettes marchent dans le sable gadouilleux jusqu’à la mini piscine d’eau de mer laissant derrière elles l’empreinte profonde de leurs pas (il n’y a pas que les oiseaux qui vasouillent).
De retour à la terrasse du Narval, d’où l’on a vue sur celle de La Sentinelle et le ballet de ses serveuses, toutes jolies, l’une particulièrement, brune et grande et mince, je commande un café verre d’eau et ouvre Lettres à Madame Hanska Vous ne connaissez pas la sagesse de Bilboquet ! Il en sera de ma prodigalité comme de mon vice de joueur et de mon libertinage, vous vous apercevrez que tout cela est l’effet de calomnies. J’ai été héroïque dans ces derniers temps !
A ma gauche est un couple possédant un chien hideux qui fait en permanence un bruit de machine à laver. J’ai envie de leur dire d’arrêter le moteur mais le maître (comme on dit) me fait un peu peur. A ma droite est un vieux couple d’Anglais. Il donne à sa femme un cours de français puis l’envoie recommander une bière et un verre de vin. Pendant ce temps, il m’interroge sur ce que je lis. Il a l’air de connaître Balzac. « Et le carnet pour les notes ? » « Oui oui. » A droite de ces Anglais, buvant des bières, sont deux gars d’ici qui sont suivis par le Centre Médico Psychologique de Saint-Quay. L’un parle un peu anglais, étant né à Londres (dit-il). Bientôt, entre ces deux-là et le vieil Anglais, ça fait une bonne conversation un peu barrée, dans laquelle la jolie petite serveuse rousse qui parle fort bien l’anglais, l’ayant appris à l’école, remet un peu d’ordre quand elle passe. Impossible pour moi de continuer à lire. Je commande un autre café écoutant le délire jusqu’à ce qu’il soit temps de retourner à l’abribus.
Comme la semaine dernière, le car BreizhGo du retour a dix minutes de retard.
                                                                    *
Une femme dans le Port de Binic au téléphone : « On est à Bénodet. Une semaine à l’hôtel. Après on rentre ». Le ton sur lequel elle dit cela laisse entendre que le plaisir sera de rentrer et qu’elle en est impatiente.

14 septembre 2025


Je suis seul avec le chauffeur du bus Vingt durant tout le voyage ce samedi matin. Je descends encore une fois à Hillion Centre. Après le même petit-déjeuner qu’hier, fourni par Le Fournil d’Hillion et consommé sur le banc face à la Mairie, je descends le chemin de l’Hôtellerie, passe devant le cimetière et arrive à la plage.
Je prends le Géherre vers la droite. La mer est basse. Autrement dit, elle est absente. Ce qui permet aux oiseaux de vasouiller. A hauteur de la Maison de la Baie, un panneau indique la Pointe de la Guette à une heure de marche, davantage pour un vieux comme moi.
Je me lance malgré le risque d’une averse. Pour l’instant, le soleil fait le timide entre deux nuages. C’est un sentier douanier comme je les aime avec montées et descentes modérées. Il suit de près le rivage et permet d’admirer la côte découpée. Je passe par la plage de Saint-Guimond et son lavoir puis devant les ruines d’un abri de douaniers. Il faut longtemps avant qu’un coureur me rattrape. Je croise ensuite un vieux couple à bâtons. Avant la Pointe des Guettes, il y aura la Pointe du Grouin. Je pense que ça me suffira.
Je reste un long moment au bout de cette Pointe du Grouin où j’ai des souvenirs. Assis sur le banc de la plateforme, je reprends des forces en regardant l’autre côté de la baie sur lequel s’abat une averse. Quand ça se dégage apparaît un timide arc-en-ciel que je tente de photographier. En face, c’est Langueux, une partie de Saint-Brieuc, la sortie du Port du Légué, Plérin et la Pointe du Roselier. Je suis seul à disposer de ce panorama jusqu’à ce qu’arrive un couple un peu mieux équipé que moi, elle et lui portent des cirés bretons.
Il faut revenir. La mer est montée et le vent s’est levé. Le ciel est dégagé. Je rencontre plusieurs coureurs et une marcheuse au téléphone : « Là, je suis en train de marcher avec le chien ». « Eh ouais ! Avec le chien ! Je suis en train de marcher et je suis au téléphone comme une idiote ! », lui dis-je en la croisant. Je ne vois pas pourquoi je devrais rester silencieux quand d’autres font du bruit.
Il est pile onze heures quand j’aborde Hillion. Direction La Vieille Auberge où je demande au sympathique patron s’il aurait une place pour moi à midi. C’est oui. En attendant, je prends un café (un euro quarante) et lis Balzac dans la salle de bar de cet établissement caché indiqué nulle part.
Comme déjeuner, je choisis une pizza reblochonne à quatorze euros. Elle est couverte d’énormes tranches de reblochon. Si on ne voit rien de l’extérieur dans cette salle, on entend la drache qui tape sur la toiture.
Quand j’en ai terminé, l’averse aussi. En compagnie d’une autochtone, j’attends le bus de treize heures cinq pour Saint-Brieuc. « Attendez, je reviens », nous dit le chauffeur qui disparaît dans les buissons. Pas de toilettes publiques ailleurs que devant l’église à Hillion. Une nouvelle pluie diluvienne nous arrose en chemin mais elle a cessé quand je descends en bas du boulevard Clemenceau. Plus qu’à remonter jusqu’à la Gare pour un café Balzac au Bistrot Gourmand.
                                                                     *
Le dicton du jour : La Pointe du Grouin, tu n’iras pas plus loin.

13 septembre 2025


Cette fois, ça devrait être la bonne. Pas de grosses pluies à craindre, du moins je l’espère en montant une nouvelle fois dans le bus Vingt de huit heures trente-six terminus Hillion Centre.
Arrivé sur place sous un magnifique ciel bleu, je fais une photo de la tour ronde puis de l’église et ensuite trouve le chemin du cimetière qui est aussi celui de la mer. Dans ce cimetière presque marin se trouve la tombe de Georges Palante. S’il y a bien un petit panneau en informant à l’entrée, elle n’est pas située à l’intérieur. Je fais le tour sans la trouver puis poursuis la descente du chemin de l’Hôtellerie.
Il mène à la Plage de l’Hôtellerie. La mer est haute ce vendredi matin. Nous sommes là dans la réserve ornithologique. Je prends le Géherre Trente-Quatre sur la gauche vers le Pisse Oison et j’en profite pour moi-même arroser les herbes. Je ne vais pas plus loin que l’observatoire où je trouve des retraités munis d’appareils photo longs comme l’avant-bras.
Revenu au-dessus de la plage, je prends le Géherre dans l’autre direction jusqu’à atteindre la Maison de la Baie. Celle-ci propose diverses activités qui ne sont pas pour moi.
Aussi je remonte dans le bourg afin de réserver une table pour midi à La Vieille Auberge. Je découvre ensuite que ce pays n’a pas de café. A la boulangerie, je me procure le dernier pain au chocolat et un café allongé pour deux euros cinquante. Un second petit-déjeuner que je prends sur un banc face à la Mairie.
Le vent s’est levé. Le ciel se couvre à l’horizon. « C’est toujours pas ouvert chez Dodron ? », me demande un vieux à canne qui a envie de causer (il tombe mal avec moi). Une vieille me jette un regard noir en passant (c’est peut-être son banc).
Il est onze heures. Si je retournais au cimetière ? Peut-être qu’il y aurait quelqu’un maintenant pour m’indiquer la tombe de Georges Palante. J’ai une meilleure idée. J’entre à la Mairie et je demande à l’employée de l’accueil. Un jeune homme me prend en charge et me montre où sur le plan du cimetière qu’il affiche à l’écran de son ordinateur. C’est facile, elle est contre le mur à droite en entrant.
Je la trouve aisément. La liste des ouvrages du philosophe est partiellement cachée par une potiche de fleurs offerte pour le centenaire de sa mort par 3motsdeplus, compagnie de pratiques littéraires à St-Brieuc et en Armor.
Après l’avoir photographiée, je redescends au bord de la mer qui monte encore et remue. Je m’assois sur l’un des bancs. Il y a trop de vent pour ouvrir Balzac. Le Noré, aka Bilboquet, ne le supporterait pas. Des promeneurs à jumelles matent les oiseaux. Chacun son vice.
Midi approche. Face à la Vieille Auberge est l’Espace Palante, vaste salle communale. Le vingt septembre, lors de la Journée du Patrimoine, à partir de seize heures, la commune rendra un hommage à Georges Palante pour le centenaire de sa mort, passage à la Maison Palante au hameau de La Grandville, lectures, conférence, plaque commémorative et moment de convivialité.
A la Vieille Auberge, le menu du jour est à quinze euros cinquante. Il comporte une entrée, un plat, un dessert, un quart de vin et un café. Je choisis la terrine, l’andouillette frites et la mousse au chocolat. Des nappes rouges et beaucoup de luminaires car aucune fenêtre dans cette salle de restaurant où je suis installé dans un petit coin avec vue sur les autres tables. Pour l’instant, il n’y a personne. « Vous pouvez manger au calme », me dit le patron. « Ça ne va pas durer, c’est complet », ajoute-t-il.
Bientôt arrivent des ouvriers qui prennent des pizzas puis un homo avec sa vieille tante. « Tu veux que j’avance ta chaise, tata ? » Il a un faux air de Guillaume Erner. Le patron aussi a un faux air, mais je ne trouve pas de qui. J’ai rarement mangé une mousse au chocolat aussi bonne.
Les premières gouttes tombent quand je ressors. J’arrive à l’arrêt de bus juste à temps pour choper le treize heures zéro cinq du retour conduit par un chauffeur qui impose à la clientèle la nuisible radio de Bolloré. Pendant le trajet, c’est la drache. Je reçois des gouttes sur la tête. Le toit translucide de ce bus n’est pas étanche. Ce n’est pas un mal car j’ai tendance à m’endormir.
A quatorze heures, un expresso est le bienvenu au Bistrot Gourmand et un peu de Balzac itou.
                                                                       *
Georges Palante fut le modèle de Louis Guilloux pour son personnage de Cripure dans Le Sang noir. Souvent qualifié de « nietzschéen de gauche », il avait sa résidence secondaire à La Grandville (commune d’Hillion). C’est là que malade, il s’est suicidé le cinq août mil neuf cent vingt-cinq.
                                                                       *
Autre célébrité liée à Hillion : Minou Drouet. Elle y est née le vingt-quatre juillet mil neuf cent quarante-sept. Je me souviens avoir écouté une émission de France Culture consacrée à icelle et m’être dit : « Mais ce n’est vraiment pas mal ce qu’écrivait cette enfant ».

12 septembre 2025


La Pôse de Valentine, de l’autre côté de la passerelle, c’est là que j’achète mon pain au chocolat (un euro dix) ce jeudi matin et j’apprends à celle qui me le vend (Valentine ?) que sur Internet on trouve sa boutique ouvrant à neuf heures, alors que j’ai appris que c’est sept heures, raison pour laquelle je ne suis pas encore venu. « Ah merci, il faut que je dise ça au chef, c’est resté aux horaires d’été. »
Je traverse la rue pour le manger avec l’allongé de La Passerelle. « Ils ont prévu de la pluie, c’est marqué sur Ouest France », dit l’un des présents. Ce n’est pas ce que j’ai vu sur le site de Météo France ce matin. Je maintiens mon but du jour : Hillion.
Je rejoins le boulevard Clemenceau en passant sous les voies ferrées. En bas de celui-ci est le point de départ du bus Vingt qui va à Hillion. On passe par Langueux puis par Yffiniac. Avant d’arriver à Hillion, le bus se charge de collégiennes qu’il dépose logiquement devant le Collège, je suis dès lors le seul passager, et là il se met à tomber une de ces draches.
L’arrêt Hillion Centre, terminus de la ligne Vingt, n’est pas dans le centre d’Hillion. Heureusement, il bénéficie d’un abri. J’y reste, observant la rue pentue se transformer en cours d’eau. Tout est bouché côté ciel. Plus question pour moi de rejoindre, à partir d’Hillion, le bord de mer.
Je décide de quitter Hillion avec le bus suivant pour descendre à Langueux car j’ai repéré, près de l’arrêt Langueux Centre, le Café de la Mairie. Ainsi fais-je, dans un bus au toit vitré qui permet de bien voir tomber la pluie.
A l’arrivée je photographie la belle église fleurie de Langueux, puis je trouve place à une table haute au Café de la Mairie. Un café à un euro cinquante, un verre d’eau, mes lunettes et Balzac qui a lui aussi son avis sur la météo du jour : Le ciel est tout pris ce matin, et l’atmosphère est basse, il va pleuvoir toute la journée.
Où manger ? (comme dirait Le Routard). Vers onze heures vingt-cinq, la pluie ayant cessé, je sors voir ça. Le choix sur la place de l’église est entre l’italien et le turc. Un vrai turc avec cuisine maison pour lequel j’opte. Il a pour nom : L’Atelier de la Pâte. Mon choix se porte sur le pidé découverte (avec toutes les viandes : agneau poulet bœuf saucisson à l’ail), feta et mozza (quinze euros) précédé d’une soupe lentilles corail (sept euros). Midi sonne lorsque je termine cette excellente soupe. La suite est aussi à mon goût.
Il y a davantage de ciel bleu que de nuages gris quand je ressors, aussi j’entre dans le Grand Pré, une coulée verte de douze hectares enrichie de panneaux memento mori tirés des bédés de Vincent Brugeas et Ronan Toulhoat, puis je prends le petit sentier boisé qui longe un étroit ruisseau qui n’a pas de nom. J’y suis seul et il me mène au quartier Bout de Ville et à la mer. C’est la période des grandes marées. Je la vois donc de très loin et distingue de l’autre côté de la baie l’église d’Hillion puis je reviens sur mes pas et retrouve celle de Langueux trois minutes avant le passage du bus de treize heures cinquante-trois pour Saint-Brieuc.
Quand il arrive près du centre commercial Les Champs, on n’avance plus. Plusieurs rues sont barrées. La Police mène une opération Bloquons Tout avec l’aide des Pompiers en raison d’une fuite de gaz. On met un temps fou à parcourir les cent derniers mètres.
Encore une fois, le Bistrot Gourmand accueille mon café lecture. Il n’a pas plu toute la journée. On ne peut pas faire davantage confiance à Balzac qu’à Météo France.
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C’était ma journée : t’as voulu voir Hillion et tu as vu Langueux, une journée ratée qui n’aurait pas pu mieux réussir.
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Langueux-les-Grèves, de son nom complet. Les grèves, ainsi appelle-t-on ces plages interminables où la mer est si loin que c’est comme si elle faisait grève.
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Sur la ligne Vingt, un arrêt Paris et, juste en face d’Aldi, un arrêt Dernier Sou.

11 septembre 2025


La descente le long du Gouët me mène une nouvelle fois au Port du Légué ce mercredi où je trouve le Pont Tournant ouvert et ne voulant plus se fermer. Avec l’espoir que ça tourne à nouveau, je lis le panneau posé là, consacré à Louis Guilloux, né et mort à Saint-Brieuc (je ne pense pas aller revoir sa maison) qui, est-il écrit, n’a pas obtenu la notoriété qu’il méritait ; en citation, de L’Herbe d’Oubli Au port, j’aurais passé ma vie…
« Il va falloir que vous fassiez le tour », me dit l’homme qui bidouille en vain dans le local attenant. Cela consiste à faire réellement le tour du Port jusqu’à atteindre le Pont de Pierre après être passé sous le Viaduc. Une trotte qui s’ajoute à la marche déjà faite.
Du Pont de Pierre, je reviens jusqu’au Fournil du Légué où, pour me remettre de l’effort, je me procure deux pains au chocolat. Les viennoiseries de cette boulangerie sont excellentes. Malheureusement, elle sera en vacances pour deux semaines à partir du quinze. Le bar Les Mouettes est bien ouvert. Même si le temps est meilleur qu’annoncé, je m’installe en terrasse abritée. Sitôt l’allongé bu, j’ouvre Balzac. Ne craignez rien pour moi. J’ai vu assez d’émeutes, et je ne me soucie pas d’aller dans les rues voir les batailles, je resterai chez moi. Ça s’assombrit à l’horizon. A dix heures, il se met à pleuvoir. Je poursuis donc la lecture. Près de moi s’installe un duo homme femme. Elle : « Pierre a trouvé une nouvelle poule. » Lui : « A chaque fois il se fait plumer. » Elle : « C’est marrant, parce qu’en affaire, il est assez doué. »
A l’accalmie, je me dirige vers le Pont Tournant. Il est réparé. Je le franchis pour aller au Café du Port où je prends un expresso. On y propose un plat du jour à quatorze euros quatre-vingt-dix mais « J’ai plus de place », me dit la tenancière. Tant pis pour elle. Je suis sûr qu’il y en a et qu’elle les garde pour ses habitués de dernière minute.
Je marche à nouveau jusqu’au Pont de Pierre près duquel est le Carré Rosengart, la partie réhabilitée de bâtiments industriels dans lesquels se trouvaient les usines Rosengart, où a été mis au point le moteur hors-bord, et Chaffoteaux & Maury, bien connue pour ses chaudières à gaz murales. On trouve là aujourd’hui des espaces partagés de travail, des salles de conférence et d’exposition, un restaurant, des magasins, etc. Le restaurant est Le Quai Gourmand, vaste établissement qui propose un plat du jour à seulement douze euros quatre-vingt-quinze. J’y réserve une table et, en attendant midi, m’assois sur un banc. Aucun des bateaux de plaisance ne bouge. Personne n’est à bord. C’est un port mort, une voie de garage.
« On ouvre dans dix minutes, monsieur », me disent les serveuses qui fument dehors quand je me pointe à midi moins cinq. Poulet noir breton rôtissoire avec frites, c’est le nom du plat du jour. J’ai une très belle vue sur le port, la chapelle de l’autre côté et une colline boisée derrière les maisons de pierre. Dans l’escalier sont inscrites les grandes dates de l’histoire du bâtiment, jusqu’à l’apothéose : « 2018, repas présidentiel avec E. Macron ».
Je ne regrette pas le Café du Port. Ce poulet noir breton est bon jusqu’au croupion, servi avec des frites mais aussi des petits légumes en ratatouille et une crème de patates douces. Le service est certes impersonnel mais efficace.
Je remonte ensuite jusqu’au Pont de Pierre pour revenir au Fournil du Légué où je me procure le dessert, une grande part de far à quatre euros vingt que l’aimable boulangère me coupe en quatre afin que je puisse le manger aisément chez Les Mouettes accompagné d’un expresso avant de retrouver Balzac puis de rentrer avec le bus de quinze heures.
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« Sept commerces placés en liquidation judiciaire dans l’agglo de St-Brieuc » (Le Télégramme)
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Allez hop, Lecornu Premier Ministre comme prévu (Bayrou lui avait piqué sa place).

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