A Paris le dernier lundi d’août

31 août 2022


Après un voyage en train Nomad (avec une pensée quand il passe à Asnières pour celle qui me tenait la main et va bientôt reprendre son travail en collège) puis en bus Vingt-Neuf (avec une pensée quand il arrive à Bastille pour celle qui me tenait la main et reprend le travail aujourd’hui), j’entre ce dernier lundi d’août au Café du Faubourg et y trouve le patron rentré de vacances, bronzé mais toujours aussi débordé.
Mon café bu, je rejoins devant le rideau métallique du Book-Off de Ledru-Rollin, quatre vendeurs de livres à gros sacs et chariots.
A l’ouverture, ils sont rejoints par d’autres. Je n’ai jamais vu une telle file d’attente. Elle atteint l’allée principale. Cela me rappelle Gibert Jeunes autrefois. Pendant que les employé(e)s s’activent à enregistrer toute cette marchandise avec le sourire, je mets des livres à un euro dans mon panier, dont Instantanés suivi de Lettres à Maurice Rieuneau de Stéphane Mosès (L’Infini Gallimard), Rencontres avec Samuel Beckett de Charles Juliet (P.O.L) et Chronique fabuleuse d’André Dhôtel (Mercure de France).
Pas de Marché d’Aligre le lundi, je vais poursuivre ma lecture de Sérotonine au square Trousseau. Mon plaisir est moindre que mardi dernier car Houellebecq dans la deuxième moitié de son roman part dans un délire de politique fiction avec une ridicule insurrection armée de paysans bas-normands. Il devrait s’en tenir à évoquer d’un ton désabusé la relation homme femme, à faire de la littérature dépressive.
A midi je vais déjeuner au Péhemmu chinois, de mon habituel menu, sans vin en raison des antibiotiques. Je sens que j’ai épuisé le charme du lieu, de son confit de canard pommes sautées salade (que j’ai connu à neuf euros et est maintenant à douze), de sa gentille serveuse (que j’ai connue jeune fille et est maintenant mère de famille).
Je vais ensuite lire dans le Port de l’Arsenal. Près de moi se succèdent de jeunes personnes avec leur déjeuner. Si elles ne restent pas longtemps, c’est la faute à des guêpes qui les embêtent.
Au Book-Off de Quatre Septembre, pas de file d’attente côté vendeurs. Les rayonnages des grands formats « Connaissance » à un euro ont été étendus. En conséquence,  j’en ressors avec davantage de livres que les fois précédentes, dont Mémoires de Montparnasse de John Glassco (Viviane Hamy), Visage slovène de Brina Svit (Gallimard), Journal du huitième hiver de Samuel Brussell (L’Age d’Homme), Odes de David Van Reybrouck (Actes Sud), Les anges de Sodome d’Albert Bensoussan (Maurice Nadeau) et Sur la scène intérieure de Marcel Cohen (Folio).
Quand je vais boire un café verre d’eau à la terrasse du Bistrot d’Edmond, je constate que la maison a encore changé de patron et de personnel. Cela se traduit par de la musique trop forte et une serveuse qui au bout d’une demi-heure vient me demander si je ne veux pas autre chose.
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Où est le bec ? Vers la fin de Sérotonine.
L’écrivain y évoque le patron d’un bar de Falaise qui passe son temps à lire Paris Normandie.
Pas de Paris Normandie dans le Calvados, Michel, on y lit Ouest France.