A Paris un mercredi comme il aurait pas dû

10 janvier 2020


Dans le confortable Corail qui m’emmène à Paris ce mercredi, ma jolie voisine à trottinette lit Le charme discret de l’intestin, ce qui nuit à l’atmosphère poétique générée par ma lecture de Promenades et souvenirs, l’un des derniers textes écrits par Gérard de Nerval avant qu’il ne se suicide. Quand elle descend à Val-de-Reuil, je n’ose lui souhaiter une bonne digestion.
Ce jour n’est pas comme prévu. Celle qui me tenait la main et travaille à Bastille, avec qui je devais déjeuner pour fêter le début de la nouvelle année, a préféré reporter à une date ultérieure pour cause de trop de travail et de grève du métro qui complique ses rendez-vous professionnels. Je sais combien elle en bave depuis un mois. Comme beaucoup d’autres. En passant à Asnières, j’ai une pensée pour celle qui me tenait la main avant elle et qui souffre des mêmes difficultés de transport.
A l’arrivée dans la capitale, en allant pédibus jusqu’à Quatre Septembre, je vois pour la première fois, maintenant que les vacances de Noël sont terminées, l’ampleur du problème. Du monde du monde du monde plein les rues. Que de piéton(ne)s, que de bicyclistes, que de trottineuses et trottineurs, que de dangers encourus.
Au Bistrot d’Edmond, j’évite le sujet qui fâche, me contentant de bonnaner celle qui me sert un café. On ne solde pas chez Book-Off et rien ne semble avoir été mis en rayon pour moi. Après avoir dépensé un euro, je rejoins à pied l‘église Saint-Eustache puis la rue Saint-Martin avec l’intention d’explorer la librairie Le Gai Rossignol. Las, je la trouve fermée, sans explication. Le sandouichier d’en face ne sait me dire si c’était ouvert les jours passés.
Pour traverser la Seine, je passe devant un Théâtre de la Ville en grands travaux. C’est là que se trouvait la rue de la Vieille Lanterne où Gérard de Nerval fut découvert pendu à l’aube du vingt-six janvier mil huit cent cinquante-cinq. Place Saint-Michel, j’entre à l’annexe de Gibert Jaune où sont regroupés les livres bradés. C’est pour apprendre sa prochaine fermeture. Les ouvrages pour la jeunesse seront donnés à des associations, les autres bennés, se désole la vendeuse qui juge que les livres, ça n’intéresse plus personne.
Fermé, un restaurant au bout de la rue de la Harpe l’est déjà, devant lequel des employés désolés discutent avec le comptable.
-Il va déposer le bilan, commente le cuisinier de La Cochonnaille où j’entre pour déjeuner, et eux ils ne seront pas payés avant trois ans.
-Toujours en trottinette, dis-je à la charmante patronne quand elle arrive.
-Oui, pour l’instant, je garde ça.
Nous nous bonnannons puis dans le menu à douze euros, je choisis les œufs mayonnaise maison, le filet mignon de porc (spécialité) et la mousse au chocolat.
Sorti de là, j’entre successivement chez Gibert Bleu et Gibert Jaune à la recherche des volumes qui me manquent du journal honni. Tout a disparu, vendu ou mis au rebut.
Dépité, je rentre sous les arcades de la rue de Rivoli encombrée de toutes les cochonneries que le petit commerce propose aux touristes. Deuxième fois que je rejoins, depuis le Quarter Latin, Saint-Lazare pédestrement. Il n’y aura pas de troisième.
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Il est véritablement difficile de trouver à se loger dans Paris. (…)
J’ai parcouru les quartiers de Paris qui correspondent à mes relations, et n’ai rien trouvé qu’à des prix impossibles, augmentés par les conditions que formulent les concierges. écrivait Gérard de Nerval au milieu du dix-neuvième siècle.
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Verrons-nous maintenant les médiathèques et les bibliothèques se débarrasser des volumes du journal de Gabriel Matzneff par elles achetés? Les bibliothèques de Rouen n’en possèdent que deux. Celles de Paris davantage, dont certains marqués indisponibles.