A Paris un mercredi doux et ensoleillé de décembre

10 décembre 2015


Fuir, ne serait-ce qu’une journée, ce fâcheux centre commercial ouvert sept jours sur sept qu’est la ville de Rouen à l’approche de Noël est indispensable à ma santé mentale, aussi est-ce avec empressement que je rejoins la gare de Rouen ce mercredi matin. Le jour se lève tandis que le train file (si l’on peut dire) vers Paris, découvrant un ciel sans nuages et une brume épaisse qui suit le cours de la Seine.
C’est par le bus Vingt que je rejoins le Book-Off du Faubourg-Saint-Antoine d’où je ressors avec peu. Le temps doux et ensoleillé spécial Cop Vingt et Un m’incite à passer par le marché d’Aligre puis à poursuivre pédestrement par le Jardin des Plantes afin de me rapprocher du Quartier Latin.
A hauteur de Jussieu un menu du jour proposant une saucisse au couteau me fait entrer au Valmozzola dont l’aimable serveuse accepte de remplacer l’œuf mayonnaise par une tranche de pâté. Installé en vitrine, je déguste cette bonne saucisse accompagnée de purée rustique et de beaujolais, songeant aux bons moments passés en Auvergne tout en observant la hardiesse avec laquelle les bicyclistes et scouteuristes traversent le carrefour de Cardinal Lemoine. Un enjoliveur perdu par une voiture met peu de temps à être transformé en menus débris.
La rue des Ecoles m’emmène chez Gibert Bleu où je monte à l’étage « littérature » après avoir été scanné par mesure de sécurité. J’y investis neuf euros quarante dans une occasion : Lectures pour Jean Vilar de Georges Perros (Le temps qu’il fait), un bon placement.
Par le bus Vingt-Neuf je rejoins le jardin du Palais Royal. Le soleil bas est suffisamment chaud pour y lire un bon moment sur l’une des chaises vertes près du bassin.
Après avoir trouvé peu dans l’autre Book Off, je longe l’Opéra Garnier direction Saint-Lazare. Sur un îlot, entre les deux sens de circulation automobile, une vingtaine d’individus sont cernés par le même nombre de fonctionnaires (comme on dit dans ce milieu). Les passants passent, ainsi qu’il convient.
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Malheureux habitants du bâtiment de la rue de la République à Saint-Denis détruit par l’intervention des forces de l’ordre contre l’appartement des islamo-fascistes, non seulement ils n’ont plus de logement ni même accès à leurs affaires, mais certains (dont l’un blessé par balle) ont dû subir une garde à vue et d’autres, sans papiers, ont fait un passage en Centre de Rétention (heureusement sortis de là par la justice administrative), entends-je, raconté par eux-mêmes, dans Les Pieds sur Terre sur France Culture mardi.
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« Passe-moi la salade, je t’envoie la rhubarbe », que ce fat sot de Sarko connaisse la salade (la vraie, pas celles qu’il raconte) ne m’étonne pas mais qu’il connaisse la rhubarbe m’interloque, lui qui reprochait à Hollande d’aimer les frites.