A Paris, un mercredi entre brouillard et pic de pollution

25 septembre 2014


C’est dans le brouillard que me mène le train à Paris ce mercredi. Je m’y emploie à mon inoffensive marotte, trouver des livres que je ne cherchais pas, quelques-uns chez Gibert Joseph, la plupart chez Book-Off, deux au marché d’Aligre. L’un de ces deux est Histoires de monsieur Keuner de Bertold Brecht (L’Arche) dont j’ignorais jusqu’à l’existence.
A midi, c’est à la Main d’Or, restaurant corse de la rue du Faubourg-Saint-Antoine, que je déjeune d’un menu du jour n’ayant rien de corse, seul client à avoir choisi l’extérieur. Il fait plutôt beau, un pic de pollution est annoncé  De mon trottoir, tout en dégustant salade de pois chiches au cumin, sauté de porc au curry, charlotte aux fruits rouges, j’observe l’agitation de la capitale, toutes ces personnes à pied, à vélo, à scouteur, risquant d’autant plus leur vie parmi les voitures, camions et bus, que le carrefour est à priorité à droite et le passage pour piétons non protégé par un feu tricolore. Le menu est à treize euros. Avec le vin, cela fait vingt.
En fin d’après-midi, je lis Brecht au café Chez Léon, rue de l'Isly. Il y règne un calme inhabituel, jusqu’à ce que de l’arrière-salle monte le cri du patron :
-Les salauds, ils lui ont coupé la tête.
Il parle du touriste français enlevé par les jihadistes en Algérie, dont on vient d’apprendre la mort.
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Au bout du passage Choiseul, un camion de livraison Vit-courses.com. Le temps est fini où les écrivains plutôt que d’évoquer une bite parlaient d’un vit.
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Une femme noire qui se plaint de son travail au téléphone, concluant : « On l’a bien cherché aussi, on n’avait qu’à rester dans nos pays avec nos Ebola. »
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De Françoise Sagan, dont c’est ce mercredi le dixième anniversaire de la mort :
La mémoire est aussi menteuse que l’imagination, et bien plus dangereuse avec ses petits airs studieux.