A l’Omnia et à l’Ubi pour la Jabran Party numéro deux

5 octobre 2015


Jabran Productions, association sise à l’Ubi, aide des jeunes gens à faire leurs débuts dans le cinéma. Trois courts-métrages issus de cette pépinière sont présentés gratuitement ce samedi en fin d’après-midi à l’Omnia et j’y suis assis au milieu du dernier rang de la salle numéro trois (treize rangées de treize fauteuils déglingués et couinants). Il y a pas mal de monde.
Jonathan Slimak présente sobrement la réalisatrice et les deux réalisateurs avec qui il sera loisible de parler après la séance lors d’un coquetèle à l’Ubi « juste à côté ».
Une vieille dont la maison est meublée avec les rebuts d’Emmaüs est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Sa fille et son gendre s’inquiètent. La situation est convenue et les personnages caricaturaux, mais le plus grave, c’est l’absence d’écriture cinématographique. Les cadrages sont basiques, les plans se suivent sans invention, cela en absence de rythme. On se croirait dans un téléfilm des années quatre-vingt. Ce film assis servira à introduire un débat sur le sujet à la Maison des Aînés, j’en ai peur.
Un vieux vit solitaire et triste. Sa fille passe rapidement et à contrecœur chaque semaine lui remplir le réfrigérateur. La situation est on ne peut plus conventionnelle. Les propos que tient la fille à son père en témoignent. Le jeu des acteurs est épais, sans la moindre nuance. Celui qui fait le vieux, fringant et vif quand il fait le faux grand-père du voisin à la demande de ce dernier, joue forcément voûté avec l’air déprimé quand il redevient l’homme seul vivant avec son chat. Là aussi le décor est gratiné. Au moins il y a une histoire, peu plausible certes. Elle aurait pu être traitée d’une façon moins inoffensive, avec du nerf, de meilleurs enchaînements, et un peu de style.
Quelques étudiant(e)s peu crédibles font face à un prof de psycho étrange dans un vieil amphithéâtre, lequel prof s’avère être un malade mental testé par on ne sait quelle institution. Là aussi, c’est filmé à l’ancienne. Les effets sont appuyés, les mimiques des étudiant(e)s grossières. L’intérêt de l’histoire m’échappe.
Je n’applaudis pas ce jeune cinéma besogneux, qui ne remet rien en cause, ni dans le fond, ni dans la forme. Comment peut-on débuter cinquante ans après Jules et Jim, Pierrot le Fou et Ma nuit chez Maud en faisant des films si poussiéreux, c’est la question que je me pose en me levant. Qu’en pensent les autres, qui la plupart ont applaudi, je ne sais, nul ne s’exprime dans mon voisinage.
Je me rends à l’Ubi comme une partie des spectatrices et spectateurs.
-On va les faire boire, me dit Jonathan, comme ça ils vont dire du bien des films.
-Il va falloir me faire boire beaucoup, lui dis-je.
Je lui dis que j’ai détesté le premier et pas aimé les deux autres, ce qui ne lui fait pas plaisir même s’il ne le montre pas. Je n’aime pas cette situation, j’aurais dû ne pas y aller, mais j’étais loin de m’attendre à ça. Mon verre de vin blanc bu et ma verrine thon avocat dégustée, je ne reste pas davantage.
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Pas envie qu’en tapant chez Gougueule le nom de la réalisatrice et des réalisateurs, on tombe sur ce que je pense de leur premier court-métrage, pas envie de leur nuire, ce pourquoi je ne les nomme pas, ni les titres des films.
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Le Boléro de Maurice Ravel serait répétitif parce que le compositeur aurait été atteint de la maladie d’Alzheimer. Première fois que j’entends ça. C’est dans le premier film. Le gendre faisant tourner ce vinyle pour tester la belle-mère.
Recherche faite, un obscur psychiatre anglais aurait émis cette théorie fumeuse en mil neuf cent quatre-vingt-dix-sept. Il ne semble pas s’être penché sur les cas de Philip Glass et de Steve Reich.