A l’Ouest (vingt-quatre) : Lampaul-Plouarzel

23 juin 2022


Mon objectif du jour n’étant pas atteignable en car BreizhGo le matin, je retarde mon petit-déjeuner pour le prendre au Vauban. Je suis toujours le seul client dans la salle de café, peut-être parce que ça a l’air d’un endroit cher, alors que l’allongé est à un euro cinquante. Dans la salle voisine, celle du restaurant, déjeunent les clients de l’hôtel. L’un d’eux ayant sa chambre au premier se plaint de n’avoir pu dormir à cause du concert donné ici pour la Fête de la Musique. « Vous vous souviendrez du solstice d’été », lui répond la serveuse.
Ce mercredi, le ciel se dégage vers midi, au moment de mon départ pour Lampaul-Plouarzel. L’arrivée est prévue à treize heures cinq mais avant Saint-Renan le premier car est dérouté à cause d’un accident puis après Saint-Renan le second car doit suivre longtemps une voiturette, ce qui donne un quart d’heure de retard à l’arrivée place du Bourg, près de l’église.
Je ne traîne pas pour descendre pédestrement vers Porspaul. Il y a un kilomètre et demi à faire pour atteindre la mer et j’aimerais bien pouvoir manger. Je passe devant une boulangerie rose, fermée, puis arrivé sur la côte trouve un premier restaurant, fermé. Un second, au bout du bout, est heureusement ouvert mais il est deux heures moins le quart. Voudra-t-on de moi ?
Oui, parce que je suis seul. J’ai en plus la chance que ce restaurant, L’Auberge du Môle, figure sur le dépliant pour un apéritif gratuit que m’a remis  le patron du restaurant Les Chardons Bleus à Porspoder. Je choisis le « cocktail de l’aubergiste ». L’endroit propose un menu à treize euros cinquante : salade feta tomates, bœuf mijoté avec du riz et verrine aux fruits rouges. Le quart de vin rouge est à trois euros cinquante. La vue est fort belle : plage, flots bleus, port d’échouage, dunes et rochers tourmentés.
Je vais voir ça de près, marchant jusqu’au bout de la presqu’île de Beg Ar Vir sur laquelle se dresse un bâtiment isolé, ancien four à goémon ou ancien ermitage, je ne sais pas. Revenu au-dessus de la plage et du port, je m’installe sur un muret pour observer tout cela un moment puis retourne à L’Auberge du Môle pour un café verre d’eau à un euro quarante.
Sur cette terrasse, je côtoie deux jeunes femmes qui semblent vivre dans une série. « Fous-le dans un moment de gênance, par exemple : « Mais tu me trouves grosse ? », dit l’une à l’autre. Il y a aussi une femme accompagnée de son fils adulte handicapé dont les gémissements se mêlent aux cris des goélands.
Quand je remonte vers l’arrêt de car le ciel commence à se couvrir et il l’est de plus en plus au cours du trajet de retour. A l’arrivée à Brest, j’ai juste le temps de rejoindre mon logement Air Bibi avant que ne choient les premières gouttes.
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Dans le second car de l’aller, des branlotin(e)s sortant du collège, c’est mercredi on a cours jusqu’à midi. Filles comme garçons se tapent dessus en s’envoyant des « Ta gueule ».  Ce joli monde descend à Plouarzel dans une cité pavillonnaire.
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Un moment de gênance, c’est malaisant.