A la vente de livres d’occasion rouennaise d’Amnesty International

19 octobre 2014


On est matinal chez Amnesty International, l’ouverture des portes de la Halle aux Toiles pour la vente de livres d’occasion annuelle est à neuf heures ce vendredi matin, je suis le troisième dans la file d’attente près d’un bouquiniste à qui je ne parle plus depuis longtemps. Derrière, cela doit s’accumuler mais je ne me retourne pas.
Une dame de l’association, en chasuble jaune, entrouvre la porte et nous indique que ce sera bon dans une minute.
-On n’est pas à une minute près, lui répond ce bouquiniste prêt à piétiner tout le monde.
Au feu vert, il court vers les livres d’art et fait rapidement une tête de déçu. Il n’est pas le seul. L’essentiel des ouvrages proposés cette année proviennent d’une Bibliothèque pour Tous ayant sans doute mis la clé sous la porte (comme on dit). Beaucoup d’autres livres sont là depuis plusieurs années. Je chope quand même le numéro Un de la revue Archives & Documents Situationnistes (Denoël), Une histoire des haines d’écrivains d’Anne Boquel & Etienne Kern (Flammarion) et Quelques historiettes ou petit éloge de l’anecdote en littérature de Jacques Bonnet (Denoël).
C’est souvent là où l’on ne l’attend pas que l’on trouve ce que l’on ne cherche pas, je mets en œuvre cette maxime personnelle en explorant les tables Loisirs et Religions. Certains, qui ne sont là que pour faire de l’argent, ont une autre technique : se connecter sur un site marchand avec leur téléphone, scanner le code barre de n’importe quel livre à l’aspect neuf, le reposer quand le bénéfice s’annonce trop modeste.
Dans mon butin, une pièce de choix : Lire pour Nuire (Littérature enfantine et Subversion) écrit par Marie-Claude Monchaux (auteure-illustratrice pour la jeunesse) en mil neuf cent quatre-vingt-cinq pour le compte du syndicat d’extrême droite Uni (Union Nationale Inter-Universtaire) avec une couverture dont l’esthétique rappelle le bon temps du Maréchal : « La gangrène de la Subversion n’a pas seulement atteint l’économie, la presse, la radio, la télévision, voire la théologie, elle s’est attaquée à l’Enfant. ».
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Histoire rouennaise. La Mairie socialo-écolo-communiste crée à grand frais une pelouse arborée sur le quai rive gauche, là où prospéraient autrefois une partie des forains de la Saint-Romain. Conséquence : cette année plus assez de place pour tout le monde. Deux d’entre eux envahissent cette « prairie Saint-Sever » avec leurs camions et y installent leurs imposantes attractions. Robert, Maire socialiste, capitule. Bérégovoy, Adjoint écolo, s’insurge. Il n’a pas encore compris qu’il n’est sur la liste du deuxième tour que pour permettre l’élection du premier.