Alors que la Cathédrale file le bourdon un jour de pluie

9 janvier 2015


Sont donc morts assassinés au nom d’une religion dévoyée (disent beaucoup, pour ma part je me passe de l’adjectif) une femme et onze hommes. C’est pour elle et eux que sonne le glas de la Cathédrale de Rouen, ce jeudi à midi, tandis que tombe la pluie, et ça en aurait fait marrer plusieurs dont les deux que je connaissais le mieux, Wolinski et Cabu, ils dessinaient déjà quand j’étais à peine adolescent.
Le premier s’était un peu rangé au fil des ans, pour cause d’âge avançant peut-être et de recadrage féministe menant au correctement politique. Le second au contraire y allait toujours aussi fort, notamment contre la religion, contre toutes les religions, qui ne valent pas mieux l’une que l’autre. Je le lisais déjà dans Pilote au temps du Grand Duduche (et c’est peut-être de lui que je tiens mon goût inaltérable pour la fille du proviseur) avant de le côtoyer pendant une décennie dans Hara-Kiri Hebdo puis Charlie Hebdo où il m’emmenait en voyage dans ses reportages dessinés in situ. Je me souviens particulièrement de celui sur la secte du Mandarom à Castellane, un lieu approché plus tard à risques et périls avec mes deux amoureuses.
Voici donc Cabu (soixante-seize ans) et Wolinski (quatre-vingts ans), deux grands frères, des vieux, courageux, assassinés.
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Il faudrait faire maintenant la distinction entre musulmans intégristes et musulmans présentables. J’ai du mal, sachant que dans l’islam présentable est contenue sa dérive intégriste, de même que dans le christianisme d’aujourd’hui, affaibli et domestiqué, se maintient celui qui a assassiné Giordano Bruno, Etienne Dolet, le chevalier de La Barre et bien d’autres.
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 Je n’ai aucun respect pour les religions, je mets des minuscules à islam, christianisme, dieu et son prophète et je n’accepte pas les concepts foireux d’islamophobie ou de christianophobie.
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Les hommes ne se séparent pas entre croyants et non croyants (comme le disent les bigots) mais entre crédules et non crédules.
Non crédule, je me gausse intérieurement quand je vois les crédules prier un dieu inexistant les genoux à terre ou le cul en l’air.
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Depuis combien d’années n’ai-je pas vu quelqu’un(e) lire Charlie Hebdo dans le métro parisien ? Ce n’est pas seulement la diminution du nombre d’exemplaires vendus, c’est surtout la peur, insidieuse, même pas consciente, qui mène à l’autocensure et à la soumission.