Au Nord (deux) : Boulogne-sur-Mer

6 avril 2023


Pas de bruits nocturnes pour perturber mon sommeil dans le studio Air Bibi en cette première nuit. Au matin, descendant vers le port de pêche, je m’arrête à la boulangerie L’Amirauté où le pain au chocolat coûte un euro vingt. Je le mange juste à côté, au Persan, avec un café allongé à un euro cinquante, un endroit à la clientèle typique, meublé années soixante soixante-dix, mentalités années quatre-vingt, avec une télé musicale diffusant de la chanson anglophone à gros seins.
Le port atteint, je bifurque vers l’Office du Tourisme que m’ont indiqué deux gars de la ville. En attendant qu’il ouvre, à neuf heures et demie, je vadrouille dans les allées du marché sur la place Dalton (tagada tagada) puis avec l’aide d’un sympathique autochtone trouve le Crédit à Bricoles près du cinéma Les Stars.
« Je suis déçu par Boulogne-sur-Mer, dis-je à la jeune femme de l’Office du Tourisme, pas de Café du Port, pas de Restaurant de la Plage ». Elle sait bien mais ne veut pas s’avancer sur ce terrain. Je lui pose des questions sur alentour puis, suivant son conseil, j’entre dans un centre commercial pour pauvres où se cache la boutique des bus Marinéo. Là, j’achète une carte dix voyages rechargeable à huit euros cinquante.
De retour au bord du port, je m’installe sur un banc métallique au soleil pour commencer la lecture du Journal de Stendhal, fort Folio de mille deux cent quatre-vingts pages. Très vite, je comprends pourquoi c’était une des lectures favorites de Léautaud. Devant moi passe un bateau promène-touristes dont le guide rappelle que Boulogne est le premier port de pêche de France. « L’histoire de Boulogne remonte au Moyen-Age », ose-t-il. Derrière moi passe un couple dont l’homme déclare à propos de ce port : « C’est joli oui, mais au bout de trois jours… » Je n’en suis qu’à mon deuxième.
Vers onze heures et demie, je retourne place Dalton, laquelle est dotée de plusieurs restaurants de type brasserie. J’opte pour le Bistrot des Vingt qui propose une formule entrée plat verre de vin à seize euros cinquante. L’endroit est agréable, le patron cordial et la nourriture aussi copieuse que contraire aux conseils de mon médecin : poulet sauté aux épices italiennes bien gras servi avec en plus un petit pot de mayonnaise maison pour les frites, tiramisu aux spéculoos. La carte de cet endroit a de quoi faire frémir mon foie. Le problème, c’est que j’aime ça et que je suis faible.
A la recherche d’une terrasse au soleil, je trouve celle du Français, rue Faidherbe. J’y suis seul durant le long moment où je lis le Journal de Stendhal après avoir bu un café à un euro trente.