Au Nord (dix-sept) : Alprech

21 avril 2023


Ciel bleu en début de matinée, grisaille et froid pour le reste de la journée de ce jeudi, ainsi parle Météo France. Je n’ai donc pas à modifier mon projet du jour : découvrir le Fort et le Phare d’Alprech. Un bus C m’emmène au Portel.
Laissant les éoliennes immobiles derrière moi, je mets le cap sur le Cap d’Alprech par le sentier des douaniers. La vue est belle sur la mer à ma droite, désastreuse sur un énorme campigne de mobil homes à ma gauche. Ce lotissement occupe toute la pente de la falaise. Comment peut-on choisir ça comme hébergement de vacances, c’est de plus cher. Une fois cette nuisance visuelle dépassée, j’aperçois assez vite les deux éléments qui signalent que j’approche du Cap d’Alprech : le Phare et le Fort qui portent son nom.
Ce Phare d’Alprech a pour particularité d’être doté d’un escalier métallique hélicoïdal extérieur. Deux employés montent à son sommet en lui tournant autour. Le Fort d’Alprech est demi enterré et demi ruiné.
J’entre dans ce dernier par la grande porte. Sur la gauche, je trouve la grille d’un des bâtiments entrouverte. J’y pénètre. Une dame est là avec trois messieurs. Elle m’explique que ce n’est visitable que par des groupes sur réservation, qu’elle et eux sont là pour voir si des hirondelles ont fait leur nid à l’intérieur afin de les laisser en paix. Finalement, elle me propose de l’accompagner dans sa recherche, tandis que les hommes restent dans l’entrée. Nous parcourons les deux seules salles visitables. Voûtées, elles servaient de dortoirs et de réfectoires aux soldats. Cette aimable personne m’explique que ce Fort d’Alprech a été construit après la défaite de mil huit cent soixante-dix et a été partiellement détruit par les bombardements de mil neuf cent quarante-quatre. Point de nichées d’hirondelles, je la remercie et prend congé.
Le ciel est encore bleu mais des nuages sont en embuscade. Je retourne au Portel par le même sentier qui aurait besoin d’être entretenu. Les marches en bois installées pour faciliter la randonnée sont rendues dangereuses par les creux qui se sont formés à leur base. Je prends donc mon temps et arrive au Chant de l’Heurt un peu avant dix heures. Il vient d’ouvrir. Je m’installe en terrasse à une table haute ensoleillée pour mon café lecture. A l’horizon, dans la brume, un porte-conteneurs va vers l’Europe du Nord. En une heure, il semble avoir peu avancé. Effet d’optique due à la distance, je pense. Quand les nuages me mettent à l’ombre, je ne peux résister longtemps au froid.
Avant qu’il soit midi, j’entre dans le cimetière et y trouve un monument aux péris en mer (dont des mousses de treize ou quinze ans) et un mur où sont inscrits les noms de civils victimes des bombardements (parfois des familles entières de dix à douze personnes de tous les âges).
A la Brasserie Michel, je suis le seul à déjeuner en début de service : roulé au jambon, Parmentier salade, mousse au chocolat, avec quart de vin rouge. Lorsque j’ai presque terminé se présentent deux tablées d’ouvriers qui tous commandent une Bête. Je suis également, durant les trois quarts du trajet, le seul passager du bus H qui va vers Boulogne.