Au Nord (quatre) : Wimereux

8 avril 2023


Pas d’autre bar ouvert en descendant vers le port de Boulogne ce vendredi à huit heures que Le Persan. J’y mange mon pain au chocolat du Fournil d’Isa avec un allongé qui a le mérite d’être bon, mais quelle clientèle dès son ouverture, des vieux des deux genres, pressés de gratter et d’encore une fois constater qu’ils ont perdu.
Je rejoins Liane, l’arrêt principal des bus Marinéo gérés par la Régie Autonome des Transports Parisiens, et n’ai que deux minutes à attendre avant que se pointe un A dont le terminus est Mairie de Wimereux. C’est là que je vais. Las, il est plein d’une jeunesse en chemin vers le savoir. Un peu plus loin l’un descend et je peux m’asseoir. Ça grimpe. On passe par Wimille, village de peu d’attrait, puis on descend sur Wimereux. En face de la Mairie est une église sans charme et en travaux. Sur la gauche, je vais vers la mer.
Wimereux est une station balnéaire avec large promenade piétonnière longeant la plage. Je la parcours en faisant quelques photos de villas remarquables. Les restaurants et cafés sont fermés. Nous sommes encore, pour une journée, hors saison. Arrivé au bout, je rebrousse et remonte vers la Mairie. Un bus A se présente. J’y monte et rentre à Boulogne.
Sitôt arrivé, je réserve une table pour midi au restaurant Chez Jules car aujourd’hui, c’est welsh. Où aller lire Stendhal en attendant ? J’aimerais bien que ce soit au Café Michel mais une télé musicale à gros seins m’en dissuade. Dans une rue annexe, j’aperçois le café Pourquoi Pas. Pas de télé, une radio diffuse de la chanson française d’autrefois pour une clientèle typiquement locale. Tout le monde parle ch’ti et je ne comprends guère. Même quand il est question de paris sur les matchs de foute, dont est spécialiste mon voisin qui joue pour les autres et vend par ailleurs des « œufs d’oille ». Tout le monde parle avec tout le monde dans ce mastroquet, et avec la patronne aussi. Ceux qui arrivent serrent les mains, y compris la mienne (il n’y a qu’au Havre, quartier Saint-François, que j’ai déjà eu droit à ça). A un moment, tous chantent Made in Normandie avec Stone et Charden. Heureusement que personne ne m’a demandé d’où je sors. Puis il est question des matchs à l’étranger, des équipes de Nioucacheule et de Lapechiche. Ma lecture a peu avancé quand je dis au revoir à ce beau monde.
J’ai une table au rez-de-chaussée de Chez Jules, avec vue sur l’église Saint-Nicolas. J’opte évidemment pour la formule du jour à dix-huit euros : welsh campagnard, cup cake framboise violette, verre de vin rouge, café. Pas un touriste ici à part moi, que des habitués, et un service efficace pour une bonne nourriture.
Un peu de marche au long du port me fait du bien puis je vais lire pour de bon à ma table habituelle au soleil du Français.
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Boulogne-sur-Mer : Zara bientôt remplacé par Aktion (mauvais signe).
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Au Pourquoi Pas : « Demain, oublie pas, c’est le huit, c’est la paye à la Poste » (fine allusion au Airessa).
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Des « œufs d’oille », peut-être faudrait-il écrire des « œufs d’oye », comme dans les Contes de ma mère l’Oye.