Au Quai des Livres rouennais de l’année deux mille dix-sept

19 septembre 2017


Ce dimanche à sept heures, alors que je m’apprête à sortir pour rejoindre les quais bas de la rive droite de la Seine où est organisé l’annuel événement nommé le Quai des Livres une drache m’en dissuade. Je ne suis pas surpris. Choisir pour date de cette grande vente de livres d’occasion celle de la Fête de l’Humanité sur laquelle il pleut quatre fois sur cinq était risqué.
En attendant l’accalmie, je me livre à des travaux ménagers. C’est ainsi qu’en sortant la poubelle, je découvre qu’on a tenté de forcer ma porte côté jardin. Le bois a été attaqué avec un tournevis ou un couteau. Je me souviens avoir entendu du bruit dans la nuit, mais lorsque mon voisin le plus proche rentre chez lui, c’est comme s’il rentrait chez moi, aussi je n’y ai pas pris garde, pensant qu’il avait des difficultés avec sa porte. Sans doute l’un des habitants de la copropriété est-il sorti en laissant la porte d’entrée ouverte permettant l’intrusion du mal intentionné.
Je mets une affichette sur la porte cochère pour demander à mes chers voisins de veiller à bien fermer derrière eux puis, armé d’un parapluie que j’espère garder fermé, je rejoins le quai où les vendeuses et vendeurs se sont installés malgré la météo alarmante. Cette vente de livres d’occasion est doublée d’un salon, sous tente, d’auteur(e)s ayant à vendre leurs propres livres tout neufs. Juste à côté de ces écrivain(e)s se trouve une antenne de la Croix Rouge au cas où l’un(e) ferait un malaise en constatant que personne ne s’intéresse à ses écritures.
Malheureusement, du côté de l’occasion, pour la deuxième année consécutive, je ne vois pas de livres qui m’attirent vraiment. Désormais les particuliers sont rares, les associations vendent du second ou troisième choix et les professionnels profitent d’un lieu très fréquenté pour tenter de se débarrasser de la drouille qu’ils n’arrivent pas à vendre en d’autres circonstances.
Le seul à avoir des livres qui sortent du lot est un universitaire connu pour ses travaux sur Flaubert. Je lui achète Et parlez-moi de la terre…, le recueil de chroniques de Xavier Grall dans l’édition qu’en a fait Calligrammes avec photo noir et blanc de l’auteur et un dessin couleur de celui-ci, et rentre plus tôt que je l’avais prévu.
Passant par le parvis de la Cathédrale à l’heure de la sortie de la messe, j’y aperçois l’Archevêque Lebrun en tenue d’apparat, mitre et crosse. Porte-t-il le ruban de la Légion d’Honneur sur sa tenue sacerdotale, je suis trop loin pour le savoir.
                                                                     *
Il n’y a pas que le membres du clergé pour céder à la vanité d’une décoration, une mienne connaissance enseignante saute de joie parce qu’elle est nommée Chevalier des Palmes Académiques. Une Insoumise pourtant.
                                                                     *
On ne m’a proposé que la malheureuse médaille de la Ville de Rouen, offerte à tous les enseignants de la ville quand ils partent à la retraite. Je l’ai refusée (pas parce que je la jugeais indigne de moi).