Au Sud (neuf) : Tamaris

10 septembre 2022


Ce vendredi, je suis à la proue du vaporetto toulonnais parti à huit heures. Après vingt minutes de navigation, il fait un premier arrêt aux Sablettes (commune de la Seyne-sur-Mer), où le quittent la plupart des voyageurs pour aller travailler ou étudier, et un quart d’heure plus tard, je descends au ponton Tamaris, autre quartier de La Seyne. Il eut son heure de gloire au temps de Michel Pacha.
J’en admire les quelques villas cossues, véritables turqueries, puis marche sur la corniche Michel-Pacha jusqu’au Fort Balaguier devenu Musée. La vue est belle sur la baie du Lazaret où se croisent un bateau de guerre et un ferry. De retour sur mes pas, je remarque un bateau à demi coulé dans le port du Manteau et un autre dans le même état près de l’embarcadère. Au large sont visibles des parcs à moules et des fermes aquacoles où l’on cultive le loup et la daurade.
Ce n’est qu’à neuf heures et demie qu’ouvre le café restaurant Les Tamaris. Sous l’un des arbres de sa terrasse, après avoir bu un café à deux euros, je lis longuement Léautaud puis rentre par le bateau d’onze heures cinq.
Il est onze heures et demie quand j’arrive à l’Unic Bar. Pour être sûr d’avoir droit à l’aïoli maison du vendredi, je m’installe sans attendre à l’une des tables encore libres et y bois  un kir.
Cette fois je suis servi le premier à midi pile. J’accompagne ce plat d’un quart de vin blanc. Une part de cabillaud, des crevettes, des moules, un œuf dur et divers légumes se partagent mon assiette mais ce que j’aime avant tout, c’est cette mayonnaise aillée dont je finis par manquer. Je demande au serveur s’il est possible d’avoir une coupelle supplémentaire. « Oh la la », me dit-il en allant plaider ma cause en cuisine. Il revient avec la coupelle bien remplie. Je me damnerais pour un aïoli. Je remercie quand je paie mes vingt et un euros puis descends le cours Lafayette jusqu’au port.
Installé en hauteur à La Gitane, mon café bu, je lis Léautaud tout en m’intéressant à la vie du port. L’incident du jour a lieu à bord d’un des bateaux qui font le tour de la rade. Avant son départ, une femme a fait un malaise. Elle est examinée par les pompiers. Une cinquantaine de vieilles et de vieux attendent en râlant de pouvoir monter. Ils fuient le soleil cuisant du quai en squattant les parasols et les auvents du bar. Le serveur les chasse comme il le fait pour les pigeons. D’ailleurs n’en sont-ils pas, me dis-je.
Quand je rentre à mon logis temporaire, je trouve des agents de sécurité en uniforme et des policiers municipaux armés à la porte de l’immeuble. Une scène a été installée devant les Halles Municipales qui fêtent le premier anniversaire de leur réouverture. « Il va y avoir un concert, me disent ces autorités, mais on sait pas quoi. »
Je me renseigne via Internet. Ce sera Bande à Part, un groupe d’Ajaccio qui fait des reprises pour tout public. Ma fenêtre ne donne pas côté Halles mais côté Cathédrale. Ça ne suffira pas à me protéger..
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Blaise Jean Marius Michel, directeur des phares de l’Empire ottoman, fut anoblit par le Sultan et devint Michel Pacha. Rentré au pays, il fut Maire de Sanary et, dit le Guide du Routard, « arrosa la région avec prodigalité ». Ainsi créa-t-il la station balnéaire des Tamaris.