Au désherbage des petites bibliothèques rouennaises

13 octobre 2015


Vers neuf heures, ce samedi matin, je rejoins le bord de Seine, rive droite, et longe le fleuve en direction du centre commercial des Docks. Le réseau des petites bibliothèques rouennaises organise là-bas son désherbage annuel. Sous un doux soleil, je croise qui court et qui promène son chien, découvrant au passage que la jolie terrasse aux sièges colorés du Marégraphe, que je fréquentais assidûment il y a quelques années, a été remplacée par une autre, triste, fermée, chauffée, semblable à celles de la concurrence qui s’est multipliée dans les hangars proches du pont Flaubert. Là, des blocs de béton ont été posés, sans doute destinés à empêcher le passage de forains de la Saint Romain à la recherche d’un troisième lieu.
Au rez-de-chaussée des Docks, les bibliothécaires, dont l’un à chapeau tyrolien mauve et grosses bretelles, s’affairent avec efficacité. Pas question cette année de se faufiler avant l’heure jusqu’aux livres vendus un ou deux euros. Un cordon les entoure. Je vois arriver en nombre la concurrence.
Le feu vert donné, je vis une expérience de promiscuité assez semblable à celle du métro parisien à l’heure dite de pointe. Le stock proposé est moins intéressant que celui de Sotteville il y a quelques semaines. Lorsque je n’en peux plus de ce bain de foule j’ai peu de livres dans mon sac. Il pèse néanmoins, car j’ai attrapé le plus gros, le plus lourd : Hommes du XXe siècle d’August Sander (Edition du Chêne) imprimé en République Fédérale d’Allemagne en mil neuf cent quatre-vingt-un.
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M’énervent au plus haut point les piétons qui remercient d’un signe de la main ou de la tête l’automobiliste qui consent à s’arrêter pour les laisser traverser sur le passage protégé (non respect du passage des piétons : quatre points de permis en moins et cent trente-cinq euros d’amende).
Sont encore moins disposés à s’arrêter : les motards, les scouteuristes, les bicyclistes, adeptes du contournement.
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Jargonnage contemporain :
« T’es-tu fait amender ? » 
Question d’une patronne de café rouennais à l’un de ses clients dont la voiture était mal garée.
« Merci d’avoir interprété les propos de notre invité. »
Formule de Caroline Broué suite à une traduction simultanée dans son émission La Grande Table sur France Culture.