Au vernissage de l’exposition R.A.S. des diplômé(e)s de l’Esadhar

17 octobre 2015


Jeudi soir, c’est le vernissage de l’exposition des diplômé(e)s (après cinq ans d’études) de la partie rouennaise de l’Esadhar (autrefois l’Ecole des Beaux-Arts). Cela se passe dans les Grandes Galeries de l’aître Saint-Maclou et, contrairement à certaines années précédentes quand je trouvais les œuvres montrées interchangeables, marquées par  l’uniformité, ce que je vois cette année me plaît.
Chacun(e) y est allé(e) de son individualité, tant dans la forme que pour le fond, démentant le titre de l’exposition : R.A.S. De plus, le dispositif retenu pour présenter le travail de chacun(e), un espace carré de deux mètres de côté délimité au sol par un adhésif noir, met en valeur les univers personnels et en fait dialoguer certains. Ainsi se côtoient l’ostentatoire érection de Maxime Verdier, lit couvert où l’on devine un bel engin, et le très discret #Sans titre de Chloé Cavelier, minuscule inscription murale « Just a new one #selfie ».
Me plaît particulièrement la cruauté assumée de sans titre de Victoria Salva, cœur de porc fiché dans le mur par un couteau effilé, et de Danpastsushiki de Mayuko Yamamoto, performance filmée d’une coupe de cheveux radicale (devant l’écran figurent les ciseaux et les longues mèches sacrifiées).
Je repasse par chaque territoire et croise Mieszko Bavencoffe devant le sien. C’est le seul diplômé avec qui j’aie déjà parlé, suite à l’inauguration de l’Ubi. Il me dit qu’il voit dans cette présentation de travaux de fin d’étude une sorte de vide grenier et qu’il a joué ce jeu à fond avec son « mixed media à prix variable » intitulé c’est pas ma faute.
-Et maintenant ? lui demandé-je.
Il me répond qu’exposer n’est pas sa première préoccupation, qu’il a surtout envie de poursuivre, de créer, de s’exprimer. « Bonne continuation, comme on dit », lui dis-je avant de sortir boire un verre.
S’il est une chose constante lors des vernissages beauzarteux, c’est la piètre qualité du vin. Je bois néanmoins mon verre de blanc jusqu’au bout, l’accompagnant des sempiternelles chips, tandis qu’à l’intérieur l’un des diplômés nommé Mathieu Andreï se livre au sein du duo noise Britney à une unique représentation dont il ne restera que la trace incomplète de l’image filmée sans le son.
                                                            *
La presse sur papier n’arrive plus à suivre. « La foire Saint-Romain déménage rive droite », claironnent sur les trottoirs ce vendredi matin les affichettes de Paris Normandie. C’est de l’information d’hier midi, quand un accord signé entre les représentants des forains et les autorités locales et préfectorales faisait penser le conflit terminé. C’était compter sans les forains de base dont un vote a rejeté l’accord. Ils refusent d’installer les manèges sur la presqu’île de Waddington contre la promesse de revenir sur les quais rive gauche face à l’île Lacroix en deux mille vingt-trois. Marcel Campion, « roi des forains » et Président de L’Institut du Monde Festif, devenu soudain légaliste, leur a envoyé un message d’engueulade : «Attention, si vous voulez que vos enfants fassent votre métier reprenez-vous! Si vous ne montez pas la foire 2015, les accords d’avenir sont foutus et la foire avec».