Au vide grenier de Grainville (Eure)

27 octobre 2015


Tardif et bienvenu (je dois faire rouler ma voiture), le vide grenier de Grainville, village dont j’ignorais jusqu’au nom, situé dans l’Eure près de Fleury-sur-Andelle, me permet de passer une partie du premier dimanche à horaire d’hiver à la campagne avec vue sur les arbres mordorés.
Après une série de virages dangereux, je me gare sur le bas-côté de la route qui continue vers Ecouis puis Cergy-Pontoise. A l’entrée de Grainville, une pancarte indique « Mairie Eglise Ecole ». Au centre, une mare noire attend le passant distrait ou désespéré. Pas un commerce n’est établi ici. Aujourd’hui, trois cents exposant(e)s sont annoncé(e)s. Il y en a moins mais suffisamment, dont quelques brocanteurs de Rouen. J’en croise un autre parmi les éventuel(le)s client(e)s, dont la majorité vient d’ailleurs.
Des gars du village sont de sortie, certains en treillis militaire :
-Autant être là plutôt que dans le canapé à regarder leur télé de merde.
-Et puis on voit du monde.
Quarante-cinq pour cent des gens d’ici ont voté pour la fille Le Pen aux dernières Européennes (il y avait cinquante-quatre pour cent d’abstention).
Je ne trouve de livres en nombre que chez deux vendeurs. Le premier propose surtout des ouvrages un peu louches sur la Deuxième Guerre Mondiale. Au second, d’origine arabe, j’achète le coffret de trois romans érotiques de la dynastie Ming Du rouge au gynécée, Belle de candeur et Nuages et pluie au palais des Han (Éditions Philippe Picquier) et Le Kama-Sutra Arabe, deux mille ans de littérature érotique en Orient de Malek Chebel (Département Pauvert de la Librairie Arthème Fayard).
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Au Son du Cor, deux jeunes femmes envoient paître un type de leur connaissance, traînant trois chiens derrière lui, qui veut s’asseoir avec elles. Elles ont des choses personnelles à se dire. Lui parti, elles claironnent leurs problèmes de santé mentale, les médicaments qu’elles prennent, les hôpitaux psychiatriques par où elles sont passées. C’est dans l’un d’eux qu’elles ont dû croiser le traîneur de chiens.
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Une disparition inexpliquée, celle de Pissus le chat. Le seuil de ma porte n’est plus souillé. Abrutus le chien n’y était donc pour rien.
Aboyus, l’autre chien, une saucisse de couleur noire, mérite de mieux en mieux son nom, gueulant comme un putois dès qu’entre quelqu’un dans le jardin de la copropriété. L’une de ses propriétaires tente de le faire taire, soit par le raisonnement, soit en lui montrant le martinet. L’autre se contente de lui courir après et de le ramener sous son bras. Disparaîtra-t-il inexplicablement ?