Avant de tenter une nouvelle fois d’aller au Havre

1er mars 2021


Ne m’avouant pas vaincu par la décrépitude de la ligne Paris Rouen Le Havre, je reprends ce samedi matin un billet daté de mardi pour la Porte Océane. Guère de monde à la Gare, j’y croise cependant le Playboy Communiste, semblable à lui-même, porteur de sa sempiternelle couverture, désormais orange. Il traverse la pandémie sans même la percevoir.
J’espère que cette escapade havraise (si elle se concrétise) ne sera pas ma dernière sortie avant un reconfinement. Les variants attaquent. L’anglais est partout (c’était bien la peine de priver de Noël les chauffeurs des camions revenant du Royaume-Uni en les bloquant à la frontière). Le sud-africain effraie ici ou là, passé par on ne sait où.
Pendant ce temps, la vaccination continue à rater mieux. Après deux mois, seulement un quart des plus de soixante-quinze ans ont eu la piqûre. Ne parlons pas des autres vieux, qui sont abandonnés. La pénurie est telle qu’on en est à retirer des vaccins de certaines régions pour les envoyer là où les réanimations débordent. Parmi ces lieux en tension (comme ils disent), Dunkerque où en août deux mille dix-huit j’ai passé de bons moments et Nice où je devais aller au printemps deux mille vingt, un séjour annulé à cause de la déclaration de guerre. Aujourd’hui, dans cette ville, les touristes ne sont pas les bienvenus. Le Maire les accuse d’être responsables de l’augmentation du « taux d’incidence » bien que ce soit dans le quartier de l’Ariane où nul vacancier n’aurait idée de mettre le pied que ça flambe (comme ils disent).
La Senecefe, qui n’en manque pas une, choisit précisément ce moment pour ressusciter son train de nuit pour Nice, premier départ le seize avril. Voyager par temps de Covid, certes à quatre au lieu de six et en position tête-bêche, mais pendant des heures, dans une cellule de wagon-lit, il faut avoir le goût du risque.
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Donc soixante-quinze pour cent des vieux de plus de soixante-quinze ans ne sont pas encore vaccinés. Ceux de la résidence Arcadie de Bordeaux ont manifesté avec leurs déambulateurs en barrant la rue Turenne. Leur slogan : « On est vieux mais on ne veut pas mourir ».
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Une bonne nouvelle quand même, le premier confinement n’aura pas été favorable à la reproduction de l’espèce : treize pour cent de baisse de natalité entre janvier deux mille vingt et janvier deux mille vingt et un. On appelle cela le baby crash.