Cinquième édition du Temps des Collections au Musée des Beaux-Arts de Rouen

27 décembre 2016


Quoi faire ce lundi suivant Noël alors que la ville de Rouen est dans un état proche du coma ? Je me décide à entrer au Musée des Beaux-Arts où c’est la cinquième édition du Temps des Collections, cette opération qui vise à mettre en lumière des œuvres délaissées. Lors des quatre premières, une célébrité plus ou moins célèbre en était chargée. Cette fois, pour une part, c’est le public qui a fait le boulot, en choisissant sa peinture préférée dans une présélection faite par l’institution qui parle d’« expérience de commissariat participatif ». Une idée piquée ailleurs, à Brooklyn précisément, et déjà reprise par d’autres avant Rouen, où comme toujours quand une nouveauté arrive, c’est qu’elle ne l’est plus.
Ces œuvres sont montrées dans une salle baptisée La Chambre des Visiteurs. Celle ayant obtenu le plus de voix est Etretat 1980-1981 d’André Raffray, une relecture narquoise et hyperréaliste faite à partir d’une photographie du lieu choisi par Monet pour son Etretat soleil couchant. La toile de Raffray ressemble à une carte postale de mauvais goût. Je crains que son succès soit dû à cela, que nombre des votants, éblouis par le soleil couchant, n’aient pas vu le second degré. Les autres œuvres élues m’intéressent peu. Celle ayant obtenu le moins de votes, une vraie croûte, est surmontée du panneau « le flop », ce que dans le livre d’or un visiteur qualifie de méchanceté inutile.
Des visiteurs, ce lundi midi, il y en a très peu, quelques couples assez âgés parfois accompagnés d’un grand enfant.  Ils me sont plus gênants que s’il y avait du monde. Certaines salles sont fermées faute de gardien(ne)s en nombre suffisant, toute une aile et celle du Jubé, pas question ce jour de revoir Les Enervés de Jumièges. L’entrée étant gratuite, on ne peut se plaindre de ne pas en avoir pour son argent.
Des autres présentations du Temps des Collections, seule m’intéresse vraiment Trompeuses apparences où l’on peut voir différents types de trompe-l’œil. Un peu me retiennent Jean-Francis Auburtin : un rêve d’Arcadie, des toiles symbolistes peuplées de jeunes filles nues et d’animaux mythologiques et, parce que je déteste ça, Histoire de cadres où sont exposées ces bordures, débarrassées des peintures (le contraire m’eut peut-être plu).