Colmar (neuf) : Musée Unterlinden

29 mai 2025


Bien content de trouver Dussourd ouvert à sept heures et quart ce mercredi, n’ayant pas traîné en chemin pour arriver en ville avant la pluie. Le mauvais temps étant promis pour la journée, elle devient idéale pour la visite du Musée Unterlinden, lequel ouvre à neuf heures, ce qui me laisse un moment pour lire Balzac : Cet homme est pis que Normand. Parmi les premiers clients, la patronne qui, installée à une table, lit les Dernières Nouvelles d’Alsace.
Je suis évidemment devant la porte du Musée Unterlinden à neuf heures moins cinq, précédé d’une poignée d’Allemands. Je montre l’intérieur de mon sac, paie quatorze euros, trouve un casier libre pour ledit sac.
Le Musée Unterlinden réunit trois bâtiments, un couvent du treizième siècle, les anciens bains municipaux et l’Ackerhof, du nom de l’ancien corps de ferme du couvent, nouveau bâtiment réalisé par les architectes Herzog et de Meuron relié au couvent par une galerie souterraine qui passe sous la place Unterlinden et le canal. Je débute la visite en tournant autour du cloître par les salles d’art religieux, où sont de très belles pièces, sculptures et peintures, et un retable, celui du maître-autel de la Collégiale Saint-Martin de Colmar de Caspar Issermann, moins connu que l’autre qui est fléché de partout.
Pratiquement personne dans l’ancienne église du couvent devant ce fameux retable d’Issenheim dû à Matthias Grünewald, et à Nicolas de Haguenau pour la partie sculptée, que je vis autrefois bien accompagné et que je revois seul. Entretemps, il a été restauré et semble donc presque neuf.
Quand j’ai bien observé tous ses panneaux, je poursuis ma tournée dans les salles de l’étage et du sous-sol, m’intéressant peu au mobilier local et aucunement à l’archéologie. J’avance ensuite de siècle en siècle. Je note un Cranach l’Ancien. La salle « Art Moderne 1930 1960 » est fermée ce jour « Nous vous remercions de votre compréhension ». La suite est heureusement visible, où j’apprécie, entre autres, deux Picasso, un Soulages et un lot de Dubuffet. J’arrive enfin à La Piscine, fort belle salle munie d’un parquet pour danser. Là est le seul gardien croisé, occupé à régler des problèmes personnels de téléphonie mobile. Il m’offre une minute pour m’expliquer que cette salle, La Piscine, sert pour l’évènementiel. On peut la louer pour son mariage.
Je refais le circuit, à rebrousse-poil. Devant le retable d’Issenheim, c’est maintenant la foule des groupes cornaqués par des guides heureusement munis d’un micro auxquels s’ajoutent des individuels. Une bicycliste a gardé son casque pour la visite.
Il pleut à peine quand je retrouve l’air libre et rejoins le Café Rapp pour un café à l’intérieur près d’une famille emballée dans le plastique translucide d’imperméables de fortune.
A midi, je déjeune au Restaurant Meistermann, « le restaurant des Colmariens depuis 1880, véritable institution tenue par Monsieur Di Foggio et sa fille Selina » : melon au jambon, pot-au-feu et tarte aux pommes pour vingt et un euros. Je n’ai pas moins de sept couverts sur ma table : deux pour l’entrée, trois pour le plat, deux pour le dessert que j’attends longtemps mais cette part de tarte en valait la peine, après un pot-au-feu à la viande tendre. Une moitié de la salle aux beaux lustres est occupée par des Japonais en famille, calmes et discrets, l’autre moitié par des habitués de tous les jours, anciens notaires ou anciens juges peut-être, qui se saluent les uns les autres.
De là, je remonte la rue jusqu’à la Gare afin d’acheter des billets pour demain, jour de l’Ascension, que je préfère passer hors de Colmar qui sera envahie. Pour revenir, je chope la navette gratuite dans laquelle on peut monter quand on veut, il suffit de faire signe au conducteur, mais, je le découvre, qu’on ne peut quitter quand on veut, seulement à des arrêts programmés.
Me voici donc descendant devant le Théâtre et rebroussant jusqu’au Café Rapp. Il fait suffisamment doux pour que je m’installe en terrasse, abrité d’une éventuelle pluie. « Un expresso, monsieur ? » me dit ma serveuse préférée. Je reprends Lettres à Madame Hanska jusqu’à quinze heures trente.
Je rentre sans être mouillé, passant par le souterrain de la voie ferrée près du bâtiment rose en ruine. Un de ma connaissance, plus adroit que moi pour enquêter, ayant le temps de le faire, puisqu’il travaille, m’a appris que c’était autrefois la Brasserie Mutzig.
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Une chose que ne m’avait pas dite la guichetière de la Gare de Colmar quand elle m’a vendu une carte Fluo donnant droit à un an de trains régionaux à demi-tarif, c’est que cette carte est valable aussi pour les cars régionaux du Grand Est. Et voilà donc le billet de car Fluo passant de quatre à deux euros, d’un prix exagéré à un prix raisonnable, et moi certain de la rentabiliser.