Colmar (quatorze) : Turckheim

3 juin 2025


Un orage dans la nuit, suivi d’averses, d’autres sont annoncées pour ce lundi. Je maintiens mon envie de (re)visiter Turckheim (tout aussi intéressante que Riquewihr et nettement moins touristique, dit Le Routard qui a toujours raison).
Pour ce faire, je prends, en bas de mon logis temporaire, le bus F jusqu’à l’arrêt Théâtre, puis le bus A, dont je descends à République. Deux bus emplis de scolaires de différents âges, dont quelques jolies lycéennes. Ce trajet en bus jusqu’à Turckheim est peu agréable, qui passe par la périphérie moche de Colmar, et bien plus long qu’avec le petit train Fluo de Metzeral.
L’arrêt République est en face de la Porte de France au grand sourire. Celle-ci franchie, je trouve la boulangerie Husser où je me procure auprès de l’aimable boulangère un pain au chocolat et un grand café (trois euros soixante-cinq). Je les consomme sur un banc face à l’ancien Corps de Garde que se partagent l’Office de Tourisme et la Police Municipale. De ce bâtiment sort toujours le veilleur de nuit, devenu attraction touristique.
Je vais voir l’Hôtel-de-Ville et l’église Sainte-Anne puis entreprends le tour de Turckheim par l’ancien chemin de ronde qui passe par la Porte du Brand et par la Porte de Munster. Alors que je m’apprête à photographier cette dernière surgit quelqu’un. C’est souvent ce qui arrive. « Là, il va falloir attendre », me dit celle qui s’approche. « A moins que vous me vouliez sur la photo », ajoute-t-elle. « Je ne le souhaite pas », lui dis-je. « Une vigneronne pourtant ! », réplique-t-elle.
Je reviens par la Grand’Rue qui est dotée de plusieurs maisons à oriel. Elle aboutit au Corps de Garde et à sa fontaine. J’entre à l’Office du Tourisme. Une gentille dame me donne un plan des balades à faire autour du bourg puis je m’assois sur le banc en pierre pour écrire le début de ma journée. Il est bientôt dix heures. Deux classes maternelles sont en sortie. Elles me rappellent mon passé.
Le Restaurant de la Tour est maintenant ouvert. Je m’installe en terrasse et commande un café verre d’eau (deux euros vingt). C’est le moment de sortir Balzac de mon sac Ma chère petite fille, tu n’auras pas grand-chose du Noré aujourd’hui, il est deux heures, j’ai corrigé 2 chapitres et fais 11 feuillets, je suis bien fatigué.
A onze heures, c’est l’averse, que m’évite l’auvent. Une drache phénoménale qui fait rappliquer tous les alentours. Je reste donc lire à l’abri, ayant réservé une table à l’intérieur pour le déjeuner. Passe une autre classe maternelle, des enfants encordés et trempés. « Le Syndicat d’Initiative, il est où ? » demande une touriste.  « Aucune idée », répond la jeune serveuse. J’étais enfant quand les Offices de Tourisme s’appelaient des Syndicats d’Initiative (je me souviens de celui de Louviers).  « Ades et Fils depuis 1936, choucroute navets salés », est-il écrit sur une camionnette venue de Krautergersheim livrer les restaurateurs.
Un peu avant midi se produit une éclaircie. Le vaste établissement est tout en bois à l’intérieur. Je m’assois à la table qui m’est impartie. Pour quatorze euros, la formule du jour impose une tranche de pâté avec carottes râpées et un stèque avec des pommes dauphine et une salade. C’est minimal mais j’aime cet endroit où le personnel fourmille, s’occupant de la même façon des touristes, des ouvriers et des vieux habitués. J’améliore mon repas avec un quart d’edelzwicker à six euros. A la table voisine sont deux frères avec leur mère, à moins que ce soit un couple d’homos avec la mère de l’un d’eux, car j’entends l’un la vouvoyer. L’autre me jette des regards haineux, je dois lui rappeler son père.
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Turckheim n’a pas changé. C’est un plaisir d’être pratiquement le seul à en parcourir les rues à neuf heures du matin. Elle serait parfaite si on y interdisait les voitures.
Pour la visiter, j’ai un joli plan « en relief » dû à Eugène Noack où est dessinée chacune de ses constructions (maisons ou autres).