C’est bientôt la fin de ma tournée d’adieu à l’Alsace, pendant laquelle je serai passé une dernière fois dans la plupart des lieux que je voulais revoir. Ceux laissés de côté, pas de premier ordre, l’ont été pour cause de transport public inadapté.
Le moment est venu de redécouvrir Colmar. Aussi attends-je ce mardi matin le premier bus F, celui de sept heures trois (le suivant dans quarante-quatre minutes). J’en descends à Champ-de-Mars et traverse celui-ci pour rejoindre le Marché Couvert et la Petite Venise (assurément petite).
Impossible d’être totalement seul à cette heure matutinale. Quelques touristes asiatiques sont déjà là. Les hommes mettent un temps fou pour faire une photo de leur femme ou de leur fille. Eux ne se font pas photographier.
Assez vite, je m’assois sur un banc à l’ombre. « Vous écrivez vos pensées du matin ? » me demande un homme bien français qui marche les mains croisées derrière le dos. « Ça doit être ça », lui réponds-je peu désireux d’engager la conversation.
Je rejoins ensuite la place Unterlinden où est une des rares pharmacies de la ville, toujours des médicaments à renouveler, puis je m’assois à nouveau sur un banc à l’ombre, face à la Pâtisserie du Musée, qui elle-même ressemble à un gâteau crémeux. Il est neuf heures, le moment où apparaissent les premiers groupes cornaqués (scolaires et retraités), les quatuors composés de deux vieux couples, les jeunes couples sans enfant et quelques-un(e)s qui vont travailler. Petit Train Blanc et Petit Train Vert s’apprêtent à se disputer la même clientèle. Ils ne s’aiment pas, ne se disent pas bonjour. Petit Train Vert gagne la première manche, démarrant à moitié plein, alors que Petit Train Blanc reste vide.
A dix heures moins le quart, par la rue des Têtes, je rejoins le Café Rapp que j’espère ouvert. Il l’est à peine. Je choisis une place à l’ombre un peu ventée pour un expresso verre d’eau Balzac. Ce sera en 1849, à l’âge de 50 ans, au beau milieu de ma vie. écrit-il le lundi trente et un mai mil huit cent quarante-sept. Il mourra en mil huit cent cinquante, trois ans plus tard.
Dix heures sonnent à la Collégiale que je suis encore le seul client de l’immense terrasse, avantage de l’excentricité de ce lieu. Passe un vieux avec un ticheurte « Je vois la vie en Vosges ».
A onze heures démarrent les jets d’eau et la journée du Café Rapp. A la table d’à côté des Belges, dont l’un dit aux autres : « Sinon, si tu veux voir un beau truc, c’est à une heure de route d’ici, c’est le lac de Gérardmer. »
A midi, une table m’attend chez Meistermann, que j’ai réservée à l’intérieur climatisé. Au menu du jour : croque-monsieur, cuisse de poulet basquaise, verrine orange chocolat. Félix n’est pas là. Un couple occupe sa table. Je m’inquiète. Trois groupes d’Asiatiques, dont un qui mange à l’étage, et un trio d’Asiatiques avec un bébé, composent plus de la moitié de la clientèle du restaurant ce mardi midi. Ce dernier repas est excellent, comme les précédents.
A l’issue, je rejoins l’arrêt du Champ-de-Mars et n’ai que dix minutes à attendre pour voir arriver un bus F qui me ramène à Saint-Joseph dans un appartement aussi chaud que les jours précédents.
*
Revoir ou non Strasbourg ? J’ai hésité, mais la chaleur m’a fait renoncer. Je resterai sur les souvenirs de mes passages là-bas avec celles qui m’ont tenu la main et sur mon séjour d’une semaine seul dans un petit hôtel près de la Cathédrale au temps du Tégévé Rouen Strasbourg, un hiver, quand son Marché de Noël n’était pas aussi couru (l’invitée d’honneur était la Russie).
Celui de Colmar est également victime de surfréquentation, m’a raconté l’homme qui m’a offert un café à Rouffach. Impossible de se croiser à pied dans les rues qui y mènent. La municipalité envisage de le rendre payant pour diminuer l’affluence, m’a-t-il dit.
*
Entre le Café Rapp et le Restaurant Meistermann, une cabine bleue sert de boîtes à livres. Dedans ce mardi matin : Femmes de Nizar Kabbani, en édition bilingue arabe français chez Arfuyen avec une préface de Vénus Khoury-Ghata. Je le mets dans ma poche.
*
Balzac à Madame Hanska : Il faut absolument me médiquer. (Sauvons les mots en voie de disparition)
« Le verbe « médiquer » est à éviter parce qu'il constitue un calque morphosémantique de l'anglais « to medicate » qui entre inutilement en concurrence avec le verbe français « médicamenter ». », s’insurge l’Office Québécois de la Langue Française.
Le moment est venu de redécouvrir Colmar. Aussi attends-je ce mardi matin le premier bus F, celui de sept heures trois (le suivant dans quarante-quatre minutes). J’en descends à Champ-de-Mars et traverse celui-ci pour rejoindre le Marché Couvert et la Petite Venise (assurément petite).
Impossible d’être totalement seul à cette heure matutinale. Quelques touristes asiatiques sont déjà là. Les hommes mettent un temps fou pour faire une photo de leur femme ou de leur fille. Eux ne se font pas photographier.
Assez vite, je m’assois sur un banc à l’ombre. « Vous écrivez vos pensées du matin ? » me demande un homme bien français qui marche les mains croisées derrière le dos. « Ça doit être ça », lui réponds-je peu désireux d’engager la conversation.
Je rejoins ensuite la place Unterlinden où est une des rares pharmacies de la ville, toujours des médicaments à renouveler, puis je m’assois à nouveau sur un banc à l’ombre, face à la Pâtisserie du Musée, qui elle-même ressemble à un gâteau crémeux. Il est neuf heures, le moment où apparaissent les premiers groupes cornaqués (scolaires et retraités), les quatuors composés de deux vieux couples, les jeunes couples sans enfant et quelques-un(e)s qui vont travailler. Petit Train Blanc et Petit Train Vert s’apprêtent à se disputer la même clientèle. Ils ne s’aiment pas, ne se disent pas bonjour. Petit Train Vert gagne la première manche, démarrant à moitié plein, alors que Petit Train Blanc reste vide.
A dix heures moins le quart, par la rue des Têtes, je rejoins le Café Rapp que j’espère ouvert. Il l’est à peine. Je choisis une place à l’ombre un peu ventée pour un expresso verre d’eau Balzac. Ce sera en 1849, à l’âge de 50 ans, au beau milieu de ma vie. écrit-il le lundi trente et un mai mil huit cent quarante-sept. Il mourra en mil huit cent cinquante, trois ans plus tard.
Dix heures sonnent à la Collégiale que je suis encore le seul client de l’immense terrasse, avantage de l’excentricité de ce lieu. Passe un vieux avec un ticheurte « Je vois la vie en Vosges ».
A onze heures démarrent les jets d’eau et la journée du Café Rapp. A la table d’à côté des Belges, dont l’un dit aux autres : « Sinon, si tu veux voir un beau truc, c’est à une heure de route d’ici, c’est le lac de Gérardmer. »
A midi, une table m’attend chez Meistermann, que j’ai réservée à l’intérieur climatisé. Au menu du jour : croque-monsieur, cuisse de poulet basquaise, verrine orange chocolat. Félix n’est pas là. Un couple occupe sa table. Je m’inquiète. Trois groupes d’Asiatiques, dont un qui mange à l’étage, et un trio d’Asiatiques avec un bébé, composent plus de la moitié de la clientèle du restaurant ce mardi midi. Ce dernier repas est excellent, comme les précédents.
A l’issue, je rejoins l’arrêt du Champ-de-Mars et n’ai que dix minutes à attendre pour voir arriver un bus F qui me ramène à Saint-Joseph dans un appartement aussi chaud que les jours précédents.
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Revoir ou non Strasbourg ? J’ai hésité, mais la chaleur m’a fait renoncer. Je resterai sur les souvenirs de mes passages là-bas avec celles qui m’ont tenu la main et sur mon séjour d’une semaine seul dans un petit hôtel près de la Cathédrale au temps du Tégévé Rouen Strasbourg, un hiver, quand son Marché de Noël n’était pas aussi couru (l’invitée d’honneur était la Russie).
Celui de Colmar est également victime de surfréquentation, m’a raconté l’homme qui m’a offert un café à Rouffach. Impossible de se croiser à pied dans les rues qui y mènent. La municipalité envisage de le rendre payant pour diminuer l’affluence, m’a-t-il dit.
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Entre le Café Rapp et le Restaurant Meistermann, une cabine bleue sert de boîtes à livres. Dedans ce mardi matin : Femmes de Nizar Kabbani, en édition bilingue arabe français chez Arfuyen avec une préface de Vénus Khoury-Ghata. Je le mets dans ma poche.
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Balzac à Madame Hanska : Il faut absolument me médiquer. (Sauvons les mots en voie de disparition)
« Le verbe « médiquer » est à éviter parce qu'il constitue un calque morphosémantique de l'anglais « to medicate » qui entre inutilement en concurrence avec le verbe français « médicamenter ». », s’insurge l’Office Québécois de la Langue Française.