Un court orage à trois heures du matin ne change rien à la forte chaleur. Je la ressens sur le banc de la Halte Ferroviaire de Saint-Joseph où j’attends le petit train Fluo de sept heures cinquante-sept pour Colmar ce lundi. J’attends ensuite le car Fluo terminus Rouffach de sept heures trente tandis que passe une manifestation de six taxis, feux de détresse, drapeau tricolore. Ils vont sans doute en rejoindre d’autres.
Je suis seul avec le chauffeur après Eguisheim. La route est à flanc de vignoble et si étroite qu’à un point donné le car s’arrête pendant plusieurs minutes. Il attend que celui qui fait le trajet dans l’autre sens arrive. Plus loin, impossible de le croiser. Je (re)vois les trois châteaux en ruine d’Husseren-les-Châteaux et bientôt c’est Gueberschwihr. L’arrêt est en bas du village à la Chapelle (en fait un calvaire). Il y a là le restaurant Belle-Vue qui pourrait faire mon affaire s’il était ouvert à midi.
Sans avoir la réponse, je monte visiter le village qui se trouve sur la partie haute du vignoble. Au-dessus, c’est la falaise et la forêt. J’ai très chaud quand j’arrive sur la place de la Mairie où l’on trouve deux fontaines et trop de voitures. Un peu plus haut, c’’est la remarquable église de Saint-Pantaléon qui a le plus beau clocher roman de la région (il date du douzième siècle) « coiffé par un toit en bâtière, il mesure 36 m de haut avec 3 étages des fenêtres géminées », dit Le Routard. Et partout de belles maisons et des caveaux de dégustation de vins où je n’entre pas.
J’entre dans la minuscule Epicerie du Vignoble. Je me procure un croissant et un café pour seulement deux euros cinquante. Je les consomme sur des marches à l’ombre. Il est neuf heures. Que faire maintenant alors qu’il fait si chaud et que mes pieds me font déjà souffrir ?
Je choisis de redescendre jusqu’au calvaire, l’ennui étant qu’il n’y a pas de car de retour avant douze heures quarante-neuf. Je trouve heureusement un banc à l’ombre sous un pin au boulodrome. Inattendu boulodrome où souffle un vent qui pourrait annoncer un nouvel orage. Balzac est dans mon sac. C’est le moment de l’en sortir et d’en lire un bon morceau. A ma gauche au loin, j’ai le cadran bleu de Saint-Pantaléon qui me donne l’heure. Pour compagnie, des corneilles qui tournent sur ma tête.
Je lis là longtemps tandis que derrière mon dos un vigneron taille ses vignes à la main. A midi, force est de constater (comme disent les journalistes) que le Belle-Vue n’ouvre pas ses paupières. Je vois ses volets clos d’où je suis assis. Il me reste donc quarante-neuf minutes à attendre, alors que de plus en plus le vent tourbillonne. Devant le calvaire, avec au fond les montagnes allemandes, je vois arriver le car Fluo qui va me ramener à Colmar.
Il me laisse à la Gare où il n’y a rien pour déjeuner. Comme tous les lundis, le Café Rapp et le Restaurant Meistermann sont fermés. D’un coup de navette gratuite, je me propulse chez Dussourd où il est encore possible de manger un plat du jour à treize heures quarante-cinq : une côte de porc grillée, jus brun tomaté, pommes grenailles rôties aux herbes, salade de chou-fleur (treize euros quatre-vingt-dix), à une table bien à l’ombre dans le courant d’air et avec une carafe d’eau bien fraîche. C’est meilleur que ce à quoi je m’attendais mais avec la foule du centre de Colmar, il faut attendre pour avoir du pain, il faut attendre pour avoir une carafe d’eau, il faut attendre pour régler l’addition.
Toutes ces attentes font que quand j’arrive à l’arrêt du bus F je n’ai que deux minutes à l’attendre. Je rentre dans mon logis provisoire tout aussi fatigué qu’hier. A quoi servent les orages si après leur passage rien ne change côté température ?
*
Dans le genre village accroché au coteau, j’envisageais d’aller mardi à Husseren-les-Châteaux, mais même car Fluo aux horaires tordus, pas de restaurant sans doute. J’y renonce, me contentant de l’avoir revu au passage.
*
Le boulodrome de Gueberschwihr m’aura été bien utile. Je ne pense pas qu’on y joue souvent à la pétanque. Il est doté d’un tableau à trous dans lesquels se fichent deux bâtonnets attachés à une ficelle pour compter les points.
*
Dans le centre de Gueberschwihr, un restaurant nommé Utopie. Menu unique à sept plats pour quatre-vingts euros, deux verres de vin pour vingt euros. Une certaine idée de l’utopie.
Je suis seul avec le chauffeur après Eguisheim. La route est à flanc de vignoble et si étroite qu’à un point donné le car s’arrête pendant plusieurs minutes. Il attend que celui qui fait le trajet dans l’autre sens arrive. Plus loin, impossible de le croiser. Je (re)vois les trois châteaux en ruine d’Husseren-les-Châteaux et bientôt c’est Gueberschwihr. L’arrêt est en bas du village à la Chapelle (en fait un calvaire). Il y a là le restaurant Belle-Vue qui pourrait faire mon affaire s’il était ouvert à midi.
Sans avoir la réponse, je monte visiter le village qui se trouve sur la partie haute du vignoble. Au-dessus, c’est la falaise et la forêt. J’ai très chaud quand j’arrive sur la place de la Mairie où l’on trouve deux fontaines et trop de voitures. Un peu plus haut, c’’est la remarquable église de Saint-Pantaléon qui a le plus beau clocher roman de la région (il date du douzième siècle) « coiffé par un toit en bâtière, il mesure 36 m de haut avec 3 étages des fenêtres géminées », dit Le Routard. Et partout de belles maisons et des caveaux de dégustation de vins où je n’entre pas.
J’entre dans la minuscule Epicerie du Vignoble. Je me procure un croissant et un café pour seulement deux euros cinquante. Je les consomme sur des marches à l’ombre. Il est neuf heures. Que faire maintenant alors qu’il fait si chaud et que mes pieds me font déjà souffrir ?
Je choisis de redescendre jusqu’au calvaire, l’ennui étant qu’il n’y a pas de car de retour avant douze heures quarante-neuf. Je trouve heureusement un banc à l’ombre sous un pin au boulodrome. Inattendu boulodrome où souffle un vent qui pourrait annoncer un nouvel orage. Balzac est dans mon sac. C’est le moment de l’en sortir et d’en lire un bon morceau. A ma gauche au loin, j’ai le cadran bleu de Saint-Pantaléon qui me donne l’heure. Pour compagnie, des corneilles qui tournent sur ma tête.
Je lis là longtemps tandis que derrière mon dos un vigneron taille ses vignes à la main. A midi, force est de constater (comme disent les journalistes) que le Belle-Vue n’ouvre pas ses paupières. Je vois ses volets clos d’où je suis assis. Il me reste donc quarante-neuf minutes à attendre, alors que de plus en plus le vent tourbillonne. Devant le calvaire, avec au fond les montagnes allemandes, je vois arriver le car Fluo qui va me ramener à Colmar.
Il me laisse à la Gare où il n’y a rien pour déjeuner. Comme tous les lundis, le Café Rapp et le Restaurant Meistermann sont fermés. D’un coup de navette gratuite, je me propulse chez Dussourd où il est encore possible de manger un plat du jour à treize heures quarante-cinq : une côte de porc grillée, jus brun tomaté, pommes grenailles rôties aux herbes, salade de chou-fleur (treize euros quatre-vingt-dix), à une table bien à l’ombre dans le courant d’air et avec une carafe d’eau bien fraîche. C’est meilleur que ce à quoi je m’attendais mais avec la foule du centre de Colmar, il faut attendre pour avoir du pain, il faut attendre pour avoir une carafe d’eau, il faut attendre pour régler l’addition.
Toutes ces attentes font que quand j’arrive à l’arrêt du bus F je n’ai que deux minutes à l’attendre. Je rentre dans mon logis provisoire tout aussi fatigué qu’hier. A quoi servent les orages si après leur passage rien ne change côté température ?
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Dans le genre village accroché au coteau, j’envisageais d’aller mardi à Husseren-les-Châteaux, mais même car Fluo aux horaires tordus, pas de restaurant sans doute. J’y renonce, me contentant de l’avoir revu au passage.
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Le boulodrome de Gueberschwihr m’aura été bien utile. Je ne pense pas qu’on y joue souvent à la pétanque. Il est doté d’un tableau à trous dans lesquels se fichent deux bâtonnets attachés à une ficelle pour compter les points.
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Dans le centre de Gueberschwihr, un restaurant nommé Utopie. Menu unique à sept plats pour quatre-vingts euros, deux verres de vin pour vingt euros. Une certaine idée de l’utopie.