Comment je fais du bien à la planète sur fond de racisme ambiant

11 septembre 2015


Passant par le marché aux livres et à la brocante du vendredi au Clos Saint-Marc, j’y entends ce qu’on entend partout dans les milieux populaires, des choses du genre : « On aura des réfugiés avec des Daesh dedans » ou « C’est plus facile d’arrêter un Français qui travaille qu’un immigré qui fout rien » et n’y trouve aucun livre à mon goût.
Je vais changer d’air à la Halle aux Toiles où la ressourcerie Resistes organise une nouvelle vente d’objets récupérés parmi lesquels des livres. J’en achète pour deux kilos huit, me dit la balance installée près de la caisse. Elle est censée mesurer l’économie d’empreinte carbone que je fais faire à la planète qui n’en peut mais.
Je ne comprends rien à ce calcul. Aucun des livres que j’emporte ne m’aurait intéressé suffisamment pour que je l’achète neuf (et certains sont épuisés). De plus, ils sont arrivés ici en camionnette. Je me garde bien de discuter du sujet avec la responsable.
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Ne disons pas du mal de notre époque, elle n’est pas plus malheureuse que les précédentes. (Silence) N’en disons pas de bien non plus. (Silence) N’en parlons pas. (Silence) Il est vrai que la population a augmenté. Samuel Beckett (En attendant Godot)