Concert King Biscuit à l’aître Saint-Maclou

29 août 2017


Tu aurais dû venir hier pour notre concert, c’était bien, me dit l’un des musiciens des Ramines qui me trouve auprès de mon arbre dans l’aître Saint-Maclou ce samedi soir. Je sais bien que c’était bien, lui dis-je, mais je suis non grata au Centre André Malraux. Sa directrice m’a radié de la liste de ses amis Effe Bé quand j’ai écrit que c’était une mauvaise idée de transférer l'Ecole Supérieure d'Art et Design Le Havre-Rouen ex Beaux-Arts (que connaît bien celui avec qui je parle) du lieu où nous sommes présentement au quartier de banlieue dit des Hauts de Rouen.
J’ai toujours manqué les concerts des Ramines pour des raisons diverses et je regrette d’autant plus de n’avoir pu être là hier que c’était la dernière opportunité avant longtemps, un autre des musiciens ayant décidé de faire des concerts en solo.
Je ne connais pas King Biscuit qui se produit ici ce soir. J’aurais même ignoré l’existence de cet évènement organisé sur deux jours par la Métropole si l’une de mes connaissances n’était allée hier au premier concert et n'en avait publié une photo sur le réseau social. Je sais seulement qu’il s’agit de blouze nerveux et ai appris que « le spectacle qui devait être initialement proposé dans une forme « concert ciné-dessiné » sera présenté uniquement dans sa forme musicale ».
C’est un plaisir en soi qu’un spectacle se déroule cet été deux mille dix-sept dans cet ancien cimetière de pestiférés où les autres étés se tenait le festival « Un soir à l’aître ». Rebaptisé « Un soir au jardin », ce festival a lieu désormais dans l’Orangerie du Jardin des Plantes. C’en est fini du plein air et c’est loin. Mon désir ne m’y a pas encore conduit.
A vingt et une heures quinze, deux garçons s’installent sur la scène située devant l’ancienne bibliothèque des Beaux-Arts. L’un a une guitare sèche amplifiée et tape du pied sur une plateforme. L’autre s’occupe à la fois d’une grosse caisse et d’un minuscule instrument à cordes tout en supervisant divers appareils à bidouiller le son. C’est peu de dire que ces deux gars assurent. La rythmique est calée, la guitare un poil distordue et le chant éraillé. « On lorgne du côté du blues crado du Mississippi », précise le chanteur et guitariste évoquant les trouvailles de l’ethno-musicologue Alan Lomax qui leur ont été source d’inspiration. Il nous apprend que le garçon qui devait s’occuper de la partie ciné-dessinée a eu des soucis de santé et se trouve dans une chambre du Céhachu d’où il entend peut-être.
Le public pas trop nombreux est particulièrement attentif. Chacun est conquis par cette musique de terroir autant que je le suis.
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« King Biscuit est loin d’être un groupe de bas du front. » (Les Inrocks, vingt janvier deux mille dix-sept)