Concert Marinissen Pécou Andriessen par l’Ensemble Variances à l’Opéra de Rouen

23 novembre 2017


Musique contemporaine ce mardi soir à l’Opéra de Rouen, il reste donc de la place et cela me permet de n’avoir pas de voisin à ma gauche, ni à ma droite, au rang de corbeille où j’ai siège confortable. Mieux, les quatre fauteuils situés à ma droite sont libres. Hélas, celui qui occupe le cinquième est du genre à tousser sans retenue. Ce qu’il fait durant Mestre Claudinei pour violoncelle et guitare d’Arnold  Marinissen, la courte composition de deux mille quinze servant d’apéritif.
Thierry Pécou prend le micro pour donner des éclaircissements sur le déroulement de ce concert titré L’autre minimalisme. Point de chemise exotique pour lui ce soir, il est vêtu de noir comme tou(te)s les musicien(ne)s de l’Ensemble Variances. Seul son nœud papillon témoigne de la fantaisie vestimentaire qui lui est coutumière (peut-être signé Sylvain Wavrant, je suis trop loin pour le bien voir).
Il se met au piano pour son Nanook, trio pour clarinette, saxophone et piano inspiré du vrai faux documentaire de Robert Flaherty. Cette musique a pour effet d’endormir le tousseur. Ses ronflements sont discrètement interrompus par sa femme.
Retour au néerlandais Arnold Marinissen, celui-ci parle français. Une inconnue de l’Opéra en profite pour lui poser quelques questions sur Métisse, pour flûte, clarinette, saxophone, percussions, guitare électrique, piano, violoncelle et contrebasse dont c’est ce soir la création mondiale. Nous apprenons ainsi que son inspiration fut la musique chilienne mais qu’à terme il n’en reste rien. Qu’importe, il suffit de se laisser porter pour apprécier cette œuvre dans laquelle à part le trio piano, guitare électrique, percussions, tous les autres instruments sont interchangeables, ce qui garantit une interprétation nouvelle à chaque fois.
A l’entracte, un duo bien informé m’explique que la suppression des abonnements décidée par Loïc Lachenal, nouveau Directeur de la maison, est la conséquence d’une réflexion et de projets qui la justifient. Dommage que la lettre circulaire annonçant la mauvaise nouvelle ne les ait pas évoqués.
A la reprise, c’est l’ardent Sextuor pour flûte, saxophone, clarinette, cor, basson et piano de Thierry Pécou puis, en création française, du paisible Life (avec projection d’un film de Marijke van Warmerdam) pour saxophone (et clarinette), percussions, piano, guitare, violoncelle et contrebasse de l’autre néerlandais de la soirée, Louis Andriessen, une musique qui sonne parfois japonais. Le film fait partie de l’œuvre, a expliqué Pécou, il ne s’agit pas de l’illustration de l’une par l’autre ni de la réciproque. On y voit notamment des feuilles mortes poussées par le vent dans un quartier d’entrepôts désert et un couple âgé assis sur un banc au bord d’un lac dans lequel je les imagine aller se jeter lorsque l’hiver aura succédé à l’automne.
Tout m’a plu ce soir. D’autres sont pressés de partir. Ils manquent le bonus. Alors que Thierry Pécou annonce qu’il s’agira d’une composition de l’autre minimalisme, précisément de Philip Glass, le tousseur ronfleur, sa femme en remorque, choisit de sortir. Je me lève en jurant (comme on dit poliment) afin qu’ils puissent passer. La musique de Philip Glass, outre le plaisir qu’elle me donne, a pour vertu de m’apaiser.
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Un type qui tousse, qui ronfle, qui oblige d’autres spectateurs à se lever avant la fin d’un concert, devrait être définitivement interdit d’entrée à l’Opéra de Rouen.
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Y entendre la musique de Philip Glass me ramène à l’heureuse époque où il était lui-même sur la scène. On verra si l’ambitieux Loïc Lachenal sera capable de proposer des évènements de même ampleur.