Concert hommage à Scriabine par l’Ensemble Variances à l’Opéra de Rouen

19 novembre 2015


« Ce n’est pas rien d’être ici ce soir à jouer et à écouter de la musique », déclare Thierry Pécou, chef de l’Ensemble Variances, de noir vêtu, sur la scène de l’Opéra de Rouen. « La musique contre l’obscurantisme et la barbarie », conclut-il. Il s’agit de faire hommage à Alexandre Scriabine dont c’est le centenaire de la mort.  Ça commence par la Méditation sur deux thèmes de la Journée de l’existence pour violoncelle et piano d’Ivan Wyschnegradsky.
Suivent Nout pour clarinette-contrebasse de Gérard Grisey, joué devant une bougie, qui m’est une épreuve terriblement longue, puis deux compositions de Scriabine : Cinq Préludes et Vers la Flamme (brillamment jouées par Alexander Melnikov) qui me permettent de savoir que Scriabine, compositeur mystico-pantoufle dont je connais peu la musique, eh bien je n’aime pas tellement.
Après, c’est Soleil-Feu pour violon et piano de Thierry Pécou (Alexander Melnikov au piano) et le Duo basso pour flûte-basse et clarinette-basse de Bruce Mather,  un duo que je ne saurais qualifier que par un mot vulgaire : chiant. 
Deux couples s’esquivent, profitant de la proximité d’une porte latérale. Pourtant le meilleur est pour la suite : SILVER pour flûte, clarinette, violon, violoncelle et piano de Marc Patch. J’aurais apprécié que ça se termine ainsi mais vient encore la Sonate numéro neuf « Messe Noire » de Scriabine, jouée dans le noir (une messe noire jouée dans le noir, ouah la bonne idée).
Rentrant, je me dis qu’on ne doit pas s’amuser tous les jours dans l’Ensemble Variances et que s’il y avait eu un entracte pendant ce concert une hémorragie de public aurait sans doute été constatée.
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Thierry Pécou, à propos de Scriabine, dans le livret programme : « Une des obsessions du compositeur était l’élévation de l’individu : Vers la Flamme est ainsi accompagné d’un poème où des flammes envahissent la Terre et font renaître les Hommes en une meilleure race ». 
Scriabine est mort depuis cent ans mais ces âneries ont plus que jamais cours.
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Ce mardi matin, passant à la bouquinerie Le Rêve de l’Escalier vendre les romans policiers de bas de gamme qu’habituellement on m’y achète, j’ai la mauvaise surprise de les voir refuser, on en a trop. « Ça ne m’arrange pas », dis-je au bouquiniste, « j’ai acheté ces livres pour vous les revendre comme d’habitude, afin d’en acheter d’autres, et tout à coup vous n’en voulez plus » (acheter ailleurs de bons livres que je ne trouve pas chez vous en finançant par des faciles que vous proposez en nombre, ne lui dis-je pas). Il tombe des nues (comme on dit), il croyait que ce que je lui apportais était ce que je lisais.
Que ce bouquiniste pense que les livres que je lui vends étaient des livres que j’avais lus, c’est carrément insultant.