Confiné (cinq)

22 mars 2020


« Merci à tout le personnel hospitalier » est-il maintenant affiché sur la fenêtre d’un appartement qui donne sur la ruelle mais dont l’entrée est rue Saint-Nicolas (un voisin que je ne connais pas). Je le découvre ce samedi un peu après huit heures trente quand je vais me ravitailler chez U Express où les employé(e)s portent désormais des masques. Deux autres clients s’y trouvent. Nous nous tenons éloignés. Comme j’achète toujours la même chose, j’ai vite rempli mon panier. A la caisse nous nous tenons à la distance réglementaire.
Rentré, je prends connaissance du dernier épisode de Vie de Carabin, une bande dessinée faite par un étudiant en médecine qui travaille vingt heures par jour en hôpital. Ce qu’il raconte est hallucinant. J’y apprends un nouveau terme du jargon médical : limitation. J’en trouve l’explication dans un commentaire : « On ne procédera pas à une réanimation. On prend la décision avant un épisode nécessitant une réanimation pour ne pas se poser la question en urgence. Parfois contre toute attente, la personne n'aura pas besoin de réanimation et s'en sort. Parole de médecin en équipe mobile de soins palliatifs. C'est différent d'un arrêt de traitement de réanimation. »
Heureusement, il est encore un concert qui peut se donner à Rouen, celui de onze trente au carillon de la Cathédrale dont j’ai la chance de pouvoir être auditeur en ouvrant ma fenêtre.
Place ensuite à la musique enregistrée, je continue d’écouter mes cédés dans l’ordre alphabétique, m’en tenant au domaine francophone, trois Dominique A (sans cheveux) : Auguri, Tout sera comme avant et La musique puis celui d’Isabelle Adjani et Emmène-moi de Graeme Allwright (lequel aura éviter le confinement de peu).
Le silence de la ruelle est impressionnant. Il doit y passer une personne par heure. Alors qu’en cette fin de mars, les premiers troupeaux de touristes grisonnants cornaqués par des guides vociférants devraient s’y succéder.
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Pénurie de masques dans les hôpitaux, manque de matériel, de lits de réanimation et de personnel qualifié : un coproduction Sarkozy Hollande Macron. Surtout des deux premiers qui devraient avoir des comptes à rendre à la Justice.
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En attendant plus tard occupe toi des prochaines secondes. (Dominique A, La Fin d’un monde)