Confiné (deux) quarante-quatre

13 décembre 2020


Pourvu du masque dont on ne peut plus se passer, quand on porte comme moi des lunettes, l’alternative, par ces jours d’humidité, est la suivante : ne rien voir à cause de la buée si on les garde ou ne rien voir à cause de la myopie si on les enlève. Je pratique les deux, risquant l’accident à chaque sortie dérogatoire.
Heureusement j’apprends par France Trois Normandie l’existence de Misty, un pince-nez antibuée qui s’adapte à tout type de masque.
Ce petit objet est produit par des imprimantes trois dimensions dans l’atelier de Normandy EcoSpace, un lieu d'expérimentation technologique et collaborative sis dans l'ancienne usine chimique Regma d'Arques-la-Bataille près de Dieppe, avec un plastique « biosourcé » fabriqué à partir d’amidon de maïs produit par l’entreprise Francofil de Saint-Etienne-du-Rouvray.
Huit euros quatre-vingt-dix les cinq, pas de frais de port pour les particuliers, commandés dimanche dernier mes cinq Misty blancs arrivent vendredi midi par la voie postale.
Ce samedi, à sept heures et demie, allant acheter mon pain, j’expérimente le petit pince-nez antibuée. Alors que les jours précédents, après avoir parcouru cent mètres, j’arrivais au Fournil du Carré d’Or complètement embué, cette fois pas une gouttelette sur mes lunettes. Je ne sais par quel mystère.
                                                                    *
Il en est de même quand je ressors en fin de matinée, ayant un livre vendu à remettre en mains propres à son acheteur sur le parvis de l’Opéra. Au retour, je croise un mini cortège qui dénonce le peu d’effet des accords de Paris sur le climat dont c’est les cinq ans. « Et un et deux et trois degrés / C’est un crime contre l’humanité », scandent les manifestants. S’ils ne sont pas nombreux, comme ils marchent sur une seule voie, ils bloquent depuis un certain temps la sortie du tunnel Saint-Herbland. Les conducteurs énervés utilisent leur claque-son. « Arrêtez les moteurs », leur crie celle qui tient le mégaphone.