Confiné (deux) trente et un

30 novembre 2020


J’avance avec plaisir dans la lecture de la Correspondance de Ferdinando Galiani (abbé) et de Louise d’Epinay (marquise) publiée chez Desjonquières et arrive ce dimanche à la fin du quatrième tome, n’en retenant que peu à noter cependant.
D’abord cet échange sur l’immortalité :
On a beau faire le revêche, contre notre destinée, et la loi commune des êtres, nous mourons tous, et nos physionomies, et nos saillies, et nos portraits, et notre souvenir, et tout doit s’en aller. Quel délire, que celui des Romains, et des Grecs, que de faire tout pour l’immortalité. Cette prétendue immortalité n’est qu’un terrain disputé à l’oubli, mais bien faiblement disputé. Galiani à Mme d’Epinay, Naples, le dix-neuf juin mil sept cent soixante-treize
Ah que ce que vous dîtes sur l’immortalité est profond et vrai ! La seule chose qui puisse adoucir cette vérité sombre c’est que tous ceux qui nous aimons n’existeront pas plus que nous, et pourvu que nous vivions dans leur mémoire, cela suffit, au moins quant à moi. Mme d’Epinay à Galiani, le douze juillet mil sept cent soixante-treize
Puis cette explication imagée par l’abbé de l'illusoire libre arbitre de l’humanité :
Arrêtez-vous de grâce devant un rôtisseur, regardez un tournebroche. Voyez-vous ce magot en haut qui paraît avec une force, et une application étonnante s’employer à faire tourner la roue. Eh bien. C’est là l‘homme. Le contrepoids caché est le destin, et ce monde est un tournebroche. Nous croyons le faire aller, et c’est lui qui nous fait aller. Galiani à Mme d’Epinay, Naples, le huit juillet mil sept cent soixante-quatorze
Enfin, du même, cette délectable remarque :
Je viens de marier deux de mes trois nièces. La troisième étant bossue sera bien plus difficile à vendre. Galiani à Mme d’Epinay, Naples, le trois septembre mil sept cent soixante-quatorze