Confiné (neuf)

26 mars 2020


Ce mercredi matin, j’écris « huit heures trente-cinq » comme il est désormais obligatoire sur mon autorisation de sortie, un exemplaire fait à la main et simplifié par mes soins (pourquoi recopier toutes les occurrences ?) qui me vaudra peut être des ennuis avec la maréchaussée le jour où je serai contrôlé, puis je me rends chez U Express.
Une jeune femme masquée y entre devant moi. Je remplis mon panier en évitant de la croiser puis paie à un caissier masqué de plus en plus isolé par du film plastique translucide. En rentrant je constate qu’il y a davantage de piétons que lors de mes dernières sorties rue de la République. Je suppose qu’ils doivent, comme moi, avoir une bonne raison d’être là.
Tout le monde semble encore dormir dans la copropriété. Globalement, mes codétenus sont calmes, sauf l’exception (les étudiants sont absents, rentrés chez papamaman avant le bouclage). Je fais le compte des présents : sept célibataires de tous les âges, un couple de trentenaires et l’exception. Côte ruelle dans le bâtiment d’en face, les étudiants sont également partis, ne sont là que deux jeunes célibataires. Cela donne une idée du nombre de personnes vivant seules.
Il est des endroits où, chaque soir, ont lieu des sortes de fêtes des voisins avec sono sur les balcons et trinquages à distance. Heureusement que j’échappe à ça. Ce soir, exceptionnellement, un quart d’heure de carillon de la Cathédrale, à l’occasion de l’Annonciation, fête religieuse avec messe télédiffusée.
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Un léger gratouillis dans les bronches et une petite toux de temps en temps me conduisent à demander son numéro de téléphone à une jeune femme de ma connaissance qui pourrait me ravitailler si j’étais malade à la maison, une ancienne élève qui ne resta qu’une semaine dans ma classe de grande section de maternelle car elle savait presque lire d’où son envoi immédiat en cours préparatoire.
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Suite et fin de l’étape Arno dans ma réécoute alphabétique de cédés : Jus de box, Covers Cocktail, Live un Brussels. Retrouvé un Dominique A, mal rangé. Tant pis, pas question de revenir en arrière.
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Extrait de mon texte du vingt-sept janvier, la scène se passe au Tout Va Bien à Dieppe : Trois femmes sexagénaires profitent de l’absence des maris « Y a la Foire aux Livres à la Paul Eluard, y sont là-bas ». Elles sont toutes gaies mais, remarque l’une, « Vous allez voir, on va moins rigoler avec le virus qui s’amène ».