Confiné (quinze)

1er avril 2020


J’attaque cette troisième semaine de confinement par une journée sans sortie et ayant appris que certains ont eu une amende pour avoir noté jour et heure au crayon à papier sur leur attestation, je fais quelques nouveaux exemplaires des miennes. Evidemment, c’est d’une stupidité sans nom. Que craint-on ? Qu’un quidam se balade avec une gomme dans la poche et change l’heure pour rester plus longtemps dehors ? On peut faire la même chose en ayant dans la poche trois attestations, l’une où est écrit au stylo sept heures, la deuxième huit heures, la dernière neuf heures, et présenter celle qui correspond au moment du contrôle policier.
Je ne me hasarderai pas à demander à un membre des Forces de l’Ordre le pourquoi d’une obligation aussi idiote. Je ne suis pas sûr d’avoir toujours affaire à quelqu’un d’aussi aimable et souriant que dimanche dernier. Une accusation d’outrage est vite arrivée.
                                                          *
Tous ces zélateurs de l’ultralibéralisme, ne jurant que par le privé et un Etat réduit à ses compétences régaliennes, les voici aujourd’hui comptant sur les subsides délivrés par le gouvernement pour maintenir leurs entreprises en vie. S’ils avaient le sens de l’honneur, ils refuseraient ces aides qui font d’eux des assistés, mais c’est beaucoup leur demander.
                                                          *
Appris par Etienne Klein que chauve-souris est l’anagramme de souche à virus.
                                                          *
« Je crains moins le virus que notre normalité », écrit dans une tribune Nicolas Mathieu, un romancier qui a eu le prix Goncourt pour un livre de peu d’intérêt (je le sais pour l’avoir parcouru devant une boîte à livres). Quand on a quarante et un ans comme lui, et qu’on ne pense qu’à soi, c'est sûr on peut écrire ça. Ses parents et ses grands-parents, s’ils sont encore vivants, doivent avoir un autre point de vue.
                                                          *
L’hypothèse que nul ne fait : qu’on ne trouve aucun traitement et aucun vaccin efficaces contre ce coronavirus.
                                                          *
Je me tue à te dire qu’on ne va pas mourir, chante Alain Bashung dont je poursuis la réécoute. Aujourd’hui : Chatterton, Fantaisie militaire et L’imprudence.