D’un coup de vent passant du Haut-Rhin au Rhône le jour de la mort de Graeme Allwright

17 février 2020


Une tempête pour cet anniversaire qui fait encore de moi durant un an un sexagénaire. Je m’en serais bien passé. C’est déjà assez rude de prendre un an quand on en a déjà trop et que cela arrive un dimanche, jour le plus sinistre de la vie rouennaise ; si en plus le vent et la pluie vous obligent à rester chez soi.
Je pourrais en profiter pour me livrer à des tâches domestiques indispensables et que je néglige, mais comme toujours je procrastine, vivant, selon la formule de Valère Novarina dans Vous qui habitez le temps, à l’inactif présent.
Seize temps sont quand il est encore temps, écrit Novarina. Parmi ceux-là, outre celui déjà cité, me concernent particulièrement le pire-que-passé, le jamais possible, le futur achevé, le plus-que-perdu et l’achevatif.
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L’achevatif, c’est ce qui guettait Graeme Allwright ce seize février. Mourir à quatre-vingt-treize ans n’est pas étonnant, mais c’est quand même Dommage (pour reprendre l’un de ses titres).
Celle qui me tenait la main et qui travaille à Paris, à qui j’ai fait découvrir ses chansons, va être triste elle aussi. Comme moi, elle aime particulièrement ses toutes premières adaptations de folk américain, celles d’avant ses succès : Le trimardeur, La femme du mineur, La mouche bleue, Billy Boy, Le clochard américain, La chauve-souris, Henrik ou La petite souris.
Je l’ai vu deux fois en concert lorsque j’étais jeune (Le temps est loin de nos vingt ans), à la Salle des Fêtes de Louviers (ville natale) où il était trop saoul pour chanter et sur le plateau du Larzac en mil neuf cent soixante-treize.
A cette époque un de mes copains de l’Ecole Normale d’Evreux, suite à une plainte de parents, eut de gros ennuis avec la hiérarchie pour avoir, lors d’un stage en classe, appris aux enfants Qu’as-tu appris à l’école ?