De la difficulté que j’ai à jeter

21 novembre 2017


Le désordre atteignant une hauteur de nature à cacher l’écran de mon ordinateur sur le petit bureau blanc de ma chambre principale et ne pouvant ce lundi sortir afin de lire en buvant un café car j’attends un plombier, je me mets au rangement en début d’après-midi. Ce rangement consiste surtout à déplacer le désordre. Il faudrait pourtant que je diminue le poids de mes possessions.
Dans le lot du bureau est une horrible carte postale montrant un coucher de soleil sur la Tour Eiffel. Je l’ai trouvée dans un livre il y a fort longtemps. Si je l’ai gardée, c’est pour le texte manuscrit au dos dont l’encre est presque effacée.
On y lit ceci :
« Ma kakale chérie. J’ai retrouvé ces cartes sous le siège de ma voiture, ainsi que des cheveux clairs sur ma « brosse arabe ». Tous ces « souvenirs » de toi me causent une impression bizarre, la même que celle que j’éprouve quand je vois mes chemises bien pliées dans ma valise. Certains appellent ça « le cafard ». Moi, je crois que c’est tout simplement une des formes du grand amour que j’ai pour toi et toi seule. Je t’embrasse très affectueusement. Ton J.P. »
Ce message d’amour recopié, je peux enfin jeter cette carte. C’est un petit début. Il faudrait que je me sépare de beaucoup de choses. Le temps passe et le mien est compté. J’ai grande envie de m’alléger, mais le moyen d’y arriver ?
                                                        *
Comment interpréter ce « et toi seule » ? Les chemises bien pliées dans la valise témoignent-elles d’un J.P. machiste ? Pourquoi le livre contenant la carte envoyée à sa kakale chérie s’est-il trouvé bradé je ne sais plus où ? Ces questions nuisent à l’efficacité du rangement.